mardi 4 juin 2013

Kyung-wha Kang face aux réalités des déplacés du site de Sotraki/Goma

Sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires Kyung-wha Kang face aux réalités des déplacés du site de Sotraki/Goma (De Kléber Kungu, envoyé spécial à Goma) La sous-secrétaire générale des Nations unies chargée des affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Kyung-wha Kang, est à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, depuis mardi 28 mai où elle a visité les déplacés du site de transit de Sotraki, à l’ouest de Goma, au quartier Kecero. Plus de 5 000 déplacés internes sont hébergés provisoirement dans ce site en pleine construction. Les humanitaires s’y attèlent : Unicef, Handicap International, Médecins Sans Frontières (MSF), Croix-Rouge de la RDC…, accompagnés des déplacés eux-mêmes, sont en train d’installer le nécessaire. C’est à 11h06 ( heure de Goma) que la délégation de Kyung-wha Kang atterrit à l’aéroport de Goma avant de se rendre au site des déplacés internes de Sotraki. Une marée humaine, composée de femmes, d’hommes (de tous âges), d’enfants nous y accueillent. On s’y croirait dans un terrain de football non clôture d’un village où, après un match de football, les supporters envahissent l’aire de jeu… D’un coin à l’autre du site, sous la conduite de Ocha/Goma, la sous-secrétaire générale des Nations unies chargée des affaires humanitaires et sa délégation se mettent à visiter le site, se faisant expliquer, par chaque responsable, le travail en train de se faire. Au passage, d’un signe maternel, mais aussi humanitaire, Kyung-wha Kang ne manque pas, entre deux explications, de caresser un enfant. Question de redonner l’espoir de vivre à une population qui en a perdu. Quoi que de plus sécurisant, de plus humain que ce geste, quoique d’apparence anodine, plein de chaleur, d’humanité, de réconfort moral pour des déplacés qui n’ont d’humain que le physique : le moral étant ébranlé par d’incessants déplacements et errances forcés à travers la province, pardon, à travers leur propre territoire ! Ici, ce sont des enfants, des jeunes filles et jeunes garçons qui puisent de l’eau : les humanitaires ont installé deux sortes de pompe munie de six robinets, là c’est un vieux, la barbe blanche, la soixantaine, qui peine à soulever une pioche pour creuser… Ils se relaient, au gré des forces de chacun. Près d’un hangar, trois hommes, dont l’un la soixantaine, se reposent, fatigués, sans doute affamés, le regard ailleurs ! Le commerce y est également florissant : plus loin, quelques jeunes filles vendent des braises mises dans des sachets noirs – qui n’ont de braise que le nom et la couleur, sinon c’est de la poussière, pour la cuisson de la nourriture, alors qu’à deux mètres, une maman, assise sur quelques branchettes d’arbres de la grandeur du doigt d’un enfant, s’affaire à souffler sur un feu d’où sort plus de la fumée que de la flamme, son bébé dans ses bras, en train de téter goulument. Lui du moins à quoi se mettre sous la dent. Ses parents n’en ont pas, depuis plusieurs jours. Il y en a qui n’ont pas mangé depuis…10 jours. Comme ce déplacé, Baseme Horinuse, 35 ans, marié et père de 2 enfants, venant de Kibati. La vue de ces Blancs signifie l’argent, nourriture. C’est cette chanson que ne cesse de nous fredonner quelques déplacés. Pardon, il faut avoir les yeux fermés pour ne pas voir cela. Il ne suffit pas que les affamés vous les disent. Pour ces déplacés qui, selon, Buanabuchero Désiré, 26 ans, ont fui, comme lui vers 3 heures du matin, ce lundi là, de leur village Mutaho, alors que la voix lugubre de Sultani Makenga commençait à tonner par des armes, abandonnant tout. Ils n’ont malheureusement pas l’occasion de raconter leur calvaire à la coordinatrice adjointe des secours d’urgence. Les humanitaires les font à leur place : plus de 5 000 déplacés, hommes, femmes, enfants, sans nourriture, dormant à belle étoile, aux côtés de quelques bêtes qu’ils ont pu amenées dans leur fuite. Mais Kyung-wha Kang a les yeux pour voir ce calvaire, la misère d’une population aux abois, un cœur pour sentir ce déchirement, ce désespoir moral… C’est avec beaucoup de peine que je fais quelques photos : un clic rapide et je détourne vite mon regard de cette misère : des enfants affamés en train de souffler dans un foyer pour activer la cuisson d’un repas de misère; des femmes, la main au menton, l’air très triste me regardent avec envie…Un échantillon de toute cette mer de misère qui baigne le site de Sotraki… La coordinatrice adjointe des secours d’urgence et sa forte délégation quitte les déplacés qui se réjouissent du moins de faire encore l’objet de l’attention de la communauté internationale dont ils attendent beaucoup pour mettre fin à ce cycle interminable des guerres, des violences...

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