mardi 4 juin 2013

Les déplacés de Mulamba: « Nous voulons vivre comme les autres peuples du monde »

Les déplacés de Mulamba à Kyung–wha Kang : « Nous voulons vivre comme les autres peuples du monde » (Kléber Kungu, de retour du Nord-Kivu et Sud-Kivu) « Nous voulons vivre comme les autres peuples du monde ». Cet appel résume les aspirations des milliers des déplacés internes et des familles d’accueil en détresse de Mulamba, un village du Sud-Kivu, situé à environ 30 km de Walungu, chef-lieu du territoire du même nom territoire, au Sud-Kivu, victimes d’incessants affrontements des miliciens Raia Mutomboki et des FARDC, qu’ils ont exprimées à la sous-secrétaire générale des Nations unies chargée des affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Kyung-wha Kang en viste dans cette région, alors qu’elle bouclait le jeudi 30 mai une visite de quatre jours en République démocratique du Congo (RDC) à Mulamba,. Les déplacés internes de Mulamba et les familles d’accueil des villages Nzibira, Luhago, Lutukulu, Nzulwe, Mbula Mbula, Maziba, Mahege, Shishadu, Nyamarege ont remis un mémo lu par le coordinateur du Comité humanitaire de base (CHB), Tshikala Ladislas et contenant plusieurs doléances, dans lequel elles lui ont dit qu’ils voulaient « la paix au-delà de toutes choses » et la chargaient de dire « aux grands de ce monde qu’ils veulent vivre comme d’autres peuples du monde. » Face à la situation d’insécurité qu’ils vivent depuis des années et de toutes les exactions sont ils sont victimes : des centaines de villages incendiés, des populations exterminées, des femmes violées et massacrées, assassinés en présence de leurs enfants, des enfants enrôlés de force, une jeunesse désœuvrée et déscolarisée…, ils ne savent plus à quel saint se vouer pour que leurs misères cessent. « Dites aux grands de ce monde que nous voulons vivre comme d’autres peuples du monde, nous voulons voir nos enfants aller à l’école, cultiver nos champs, avoir accès aux services sociaux de base comme d’autres peuples du monde. C’est vrai que la paix est une priorité, mais la précarité dans la quelle vivent ces populations avec des maisons incendiées, nous voulons que ce plaidoyer soit fait en notre faveur… », précise le mémo. « Que les violences sexuelles cessent » Ces populations ainsi abandonnées appellent à des projets générateurs des revenus, à la réhabilitation des routes de desserte agricole, des écoles, d’alléger les souffrances des femmes qui doivent parcourir plus de 50 km à pied pour se rendre à la maternité. Elles demandent que les droits de leurs enfants soient respectés, que les violences sexuelles cessent, que chaque ménage accède à l’eau potable. Considérant Mme Kang comme l’une des personnes devant contribuer à leur apporter cette paix à laquelle ils ne cessent d’aspirer depuis des décennies, mais qui semble de plus en plus lointaine, les déplacés et familles d’accueil de Mulamba ont souhaité que son voyage soit porte-bonheur à toutes ces populations congolaises en détresse continuelle. « Que votre voyage puisse apporter soulagement à des milliers de nécessiteux qui souffrent à travers la République démocratique du Congo », plaide le document renforcé par les déclarations de 3 femmes déplacées internes et d’un homme représentant les familles d’accueil. Une des banderoles qui surplombaient ce camp en ces termes soulignait les aspirations des déplacés internes de Mulamba en ces termes : « Plaider à notre faveur pour que cesse la guerre, les violences faites à nos filles, femmes, les assassinats et la traumatisation de nos enfants ». Quant au gouvernement congolais, elles demandent son implication pour que la paix dont elles ont grandement besoin soit rétablie. « Viol est quelque chose de terrible même en période de paix » Emue par les doléances de cette population en détresse, Mme Kang leur a rassuré que les ONG humanitaires et les Nations unies allaient continuer à leur apporter l’assistance, tout en remerciant les familles d’accueil pour leur générosité envers les déplacés internes en acceptant de partager le peu dont elles ont avec eux. « Le viol est quelque chose de terrible, même en période de paix » a reconnu Kyung–wha Kang, rappelant que les auteurs de ces crimes odieux, qu’ils soient des groupes armés ou des FARDC sont tenus responsables et, par conséquent, doivent être poursuivis par la justice. « Le gouvernement congolais a une très grande responsabilité pour que ses forces de sécurité protègent les populations au lieu de les piller ou violer. Elle a reconnu qu’il y a beaucoup de travail à faire avec le soutien de la Monusco, des acteurs humanitaires pour pousser le gouvernement congolais à faire de son armée une armée professionnelle. « Ne perdez pas espoir » En compassion avec les victimes de ces actes ignobles, Mme Kang a déclaré que les victimes de viols soient soutenues par leurs maris, leurs familles et leur communauté. Comme pour dire leur discrimination ou leur stigmatisation est de nature d’aggraver leur situation déjà malheureuse. Et pour clore son message abondamment applaudi, Kyung-wha Kang a invité ses interlocuteurs à ne pas perdre espoir et patience. «S’il vous plaît, ne perdez pas espoir, patientez, car nous sommes là pour vous appuyer, vous aider à avoir la paix », a encouragé la sous-secrétaire générale des Nations unies chargée des affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d’urgence, sous des applaudissements des déplacés et familles d’accueil. La visite au site de distribution de la ration a permis à la coordinatrice adjointe des secours d’urgence de se rendre compte de la situation difficile à laquelle sont confrontés les déplacés internes de Mulamba qui, faute de ressources suffisantes, la ration alimentaire qui leur est distribuée est divisée par deux, avec risque de n’avoir une ration que pour 5 ou 6 mois. Chaque famille a reçu pour tout comme ration 30 kg de farine de maïs, 2,25 kg d’huile végétale et 0,375 kg de sel de cuisine. C’est ICCO-Kia en partenariat avec PAM qui en assure la distribution. En guise de cadeau symbolique, les déplacés internes de Mulamba lui ont remis un panier symbolisant pour les donateurs ce que les femmes ont l’habitude d’amener aux champs et qui retourne au village rempli de vivres pour la famille. Si madame Kang peut rentrer à New York avec leurs doléances qui peuvent trouver solution auprès des décideurs, voilà elle aura rempli son rôle et sa mission ou visite aura un sens. « Nous voulons vivre comme les autres peuples du monde ». En quittant Bukavu pour Kinshasa en passant par Kisangani vendredi 31 mai, cette phrase des déplacés internes de Mulamba ne cesse de résonner dans ma tête.

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