lundi 18 octobre 2010

Révision du procès du prophète Simon Kimbangu

Révision du procès du prophète Simon Kimbangu
La Haute cour militaire rejette la délocalisation des audiences
Au cours d’une une audience publique à la Haute cour militaire (HCM) de la Gombe à Kinshasa tenue vendredi 15 octobre, l’Eglise kimbanguiste, représentée par 5 avocats, a demandé la délocalisation du procès de son fondateur, le prophète Simon Kimbangu, à Mbanza-Ngungu (ex-Thysville) où il avait été condamné à mort, ainsi que 14 de ses co-détenus à des peines diverses. Après avoir jugé recevable la demande révision dudit procès, la Haute cour militaire de la Gombe a rejeté la demande de sa délocalisation. En obtenant la révision de son procès, du reste jugé inique, l’Eglise kimbanguiste tient, par cette occasion, à réhabiliter celui que le Conseil de guerre avait condamné injustement.
Pour la partie requérante, représentée par 5 avocats (Me Ngundu, Me Nsakala, Me Mpuku, Me Kumbi et Me Jolie), la demande de délocaliser le procès à Mbanza-Ngungu est justifiée par le fait que Mbanza-Ngungu (ex-Thysville) est à la fois le lieu de la commission des faits infractionnels par leurs clients, de leur arrestation et de leur détention. Les avocats de la partie requérante ont justifié la demande de délocalisation par le fait que cela permettra aux millions de fidèles de l’Eglise de fêter avec faste la réhabilitation du fondateur de leur Eglise et de faciliter l’identification des membres de famille des 14 co-détenus de Simon Kimbangu. Les avocats de la partie requérante ont tenu à rappeler à la Haute cour militaire l’une des maximes qui lui est chère :’’ Témoin de l’infraction, témoin de la répression’’, en la complétant avec une 3ème partie, ‘’témoin de la réhabilitation’’. Pour eux, la population, qui avait vécu ces trois étapes, puissent vivre cette réhabilitation. Voilà pourquoi, ont-ils conclu, la HCM doit permettre la délocalisation du procès à Mbanza-Ngungu. ‘’Il faudra que les descendants des co-détenus puissent voir la décharge sur ceux’’, a renchéri l’un des avocats.

Une réhabilitation non gagnée d’avance
Comme pour répondre à la partie requérante que la réhabilitation de Simon Kimbangu est loin d’être d’office gagnée, l’officier du ministère public, a rétorqué en ces termes : ‘’Le déplacement de Mbanza-Ngungu risque de violer l’article 250. Est-il acquis d’office que l’arrêt sur le banc réhabilitera Simon Kimbangu en se déplaçant à Mbanza-Ngungu ?’’ Avant de juger recevable la demande de délocaliser le procès, mais en la rejetant.
La partie requérante va revenir à la charge en prévalant la nécessité pour la HCM de se déplacer au lieu ou dans ses environs où il lui sera possible d’identifier les membres de famille des co-détenus du prophète Simon Kimbangu, estimant que la Cour ne va pas violer la réglementation en faisant le déplacement de Mbanza-Ngungu, car il permettra l’identification des détenus à travers les membres de leurs familles encore en vie ; ce qui est impossible à Kinshasa, en faisant valoir l’article 313 alinéa 1er du Code judiciaire militaire. Et la HCM de rétorquer en demandant si elle peut se déplacer seulement pour identifier les co-détenus. Ensuite, une fois sa réhabilitation obtenue, procès Il a été question de l’examen de la requête de l’auditeur général sur la révision du jugement du 3 octobre 1921 du Conseil de guerre de Thysville (aujourd’hui Mbanza-Ngungu). Celui-ci avait condamné le prophète Simon Kimbangu et consorts.
Dans le débat qui s’est ensuivi après la reprise de l’audience, la partie requérante a présenté des moyens de défense costauds pour faire infléchir la HCM, qui venait de rejeter sa demande de délocaliser le procès à Mbanza-Ngungu. Comme pour rafraîchir sa mémoire, les avocats ont rappelé l’histoire de l’arrestation, de l’incarcération et de la condamnation de Simon Kimbangu, sa mission évangélique caractérisée par des prophéties, des guérisons, qui n’avait rien avoir avec la subversion ou l’insurrection dont le Conseil de guerre l’avait accusé. Avant de montrer, plus loin, la contradiction qui avait existé dans la condamnation de Simon Kimbangu accusé d’organiser un mouvement insurrectionnel avant d’être blanchi par les mêmes accusateurs qui avaient estimé plus tard son mouvement n’était pas insurrectionnel et n’avait, par conséquent, aucune intention d’atteindre à la sûreté de l’Etat lorsque le 1er décembre 1960, ils vont reconnaître l’Eglise kimbanguiste. A cette reconnaissance devait s’ajouter, tout récemment, son élévation par le président Joseph Kabila, à titre posthume, au rang de héros national, au même titre que Patrice Eméry Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila. ‘’Est-ce qu’un criminel peut être élevé au rang de héros national ?’’S’est interrogé l’un des avocats de la partie requérante.
Voilà pourquoi pour toutes ces raisons et d’autres, notamment sa lutte et ses prophéties en faveur des indépendances africaines, lui qui n’avait pour seul message que la paix en se proclamant envoyé spécial de Jésus Christ, l’Eglise kimbanguiste demande que sa mémoire soit réhabilitée. Pour la HCM, la partie requérante doit lui fournir, à défaut des originaux, des copies certifiées conformes à l’original des documents suivants : les arrêtés n° 427 du 16 novembre 1927, n° 211 de 1959 et n° 529 du 12 septembre 1945, le rapport du Procureur général, l’acte de reconnaissance de l’Eglise kimbanguiste par les colonisateurs le 1er décembre 1960, étant donné qu’ils constituent le fondement de sa requête.
L’Eglise kimbanguiste a introduit une demande de révision du procès du prophète Simon Kimbangu, fondateur de cette Eglise. Saisi de cette requête, le ministre de la Justice, Luzolo Bambi – qui a assisté à la première audience - par sa lettre du 18 septembre 2010, a enjoint à l’Auditeur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) de procéder à la révision d’un procès jugé inique. En effet, par le jugement RP 7351 du 3 octobre 1921, le Conseil de guerre de Thysville (aujourd’hui Mbanza-Ngungu, NDLR), avait condamné le prophète Simon Kimbangu à 30 ans de prison et 14 de co-détenus à des peines diverses.
En attendant la prochaine audience prévue le 19 novembre courant, il est prévu la descente du conseiller rapporteur de la HCM à Mbanza-Ngungu pour des investigations sur l’identité des co-détenus.
Kléber Kungu

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