Processus de transformation des entreprises publiques
Jeannine Mabunda rappelle les mandataires publics à l’ordre
Le processus de transformation des entreprises publiques doit prendre fin au plus tard le 31 octobre et qu’il n’y aura pas de prolongation du Premier ministre, Adolphe Muzito. Le temps qui reste est un temps court et stratégique. En plus, face à la non-visibilité des actions des entreprises publiques, les mandataires publics sont désormais appelés à communiquer et vulgariser sur leurs actions aussi bien à Kinshasa qu’en provinces et à faire du partenariat secteur privé-public leur préoccupation majeure. C’est le rappel d’ordre fait par la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda aux mandataires des entreprises publiques devant être transformées en sociétés commerciales. C’était lundi 25 octobre dans la salle de réunions pimpant neuf de ce ministère.
Avec un ton ferme, clair et sans évoque, la ministre Jeannine Mabunda a rappelé aux mandataires des entreprises publiques devant se transformer en sociétés commerciales qu’ils n’ont plus que quelques jours pour finaliser les dossiers de leurs entreprises, avant de les déposer au Gouvernement.
Jeannine Mabunda a rappelé le sens de la promulgation par le chef de l’Etat Joseph Kabila des quatre lois sur la réforme du Portefeuille de l’Etat. Il ambitionnait ainsi « de restructurer, de moderniser et de rendre désormais nos entreprises performantes et capables de fournir des services et biens publics de qualité à la population ». En décidant de faire de ses entreprises publiques des sociétés commerciales, le propriétaire entendait s’offrir des moyens de sa politique. Considérées comme « le socle du portefeuille, elles ont été appelées à être compétitives et rentables » pour « contribuer significativement tant à la croissance économique qu’à l’amélioration du budget de l’Etat. »
Les mandataires doivent faire la course à la montre : d’ici le 31 décembre 2010, ils n’ont plus que deux mois, mais en réalité, 35 jours seulement leur restent pour que le dossier soit finalisé. Ce qui fait dire à la patronne du Portefeuille que « le temps qui nous reste est un temps court et stratégique » D’autant que cela a été souligné avec clarté, lors de l’adresse du Premier ministre au Parlement à la session plénière de présentation du projet du budget 2011, lundi 18 octobre, que « le processus de transformation des entreprises publiques sera bouclé avant la fin de » 2010.
Les entreprises publiques appelées à communiquer
Jeannine Mabunda a également attiré l’attention des mandataires publics sur le fait que l’opinion nationale déplore que leurs entreprises ne communiquent pas, c’est-à-dire qu’elle « ne perçoit plus les réalisations en terme de progrès » de leurs entreprises. La ministre du Portefeuille a déploré le fait qu’en dépit du rappel fait à ce sujet, lorsqu’il a été instruit aux mandataires publics « de communiquer et vulgariser sur leurs réalisations tant à Kinshasa qu’en provinces » les choses n’ont pas évolué positivement, excepté « quelques cas notables ». Voici pourquoi il a demandé à l’Anep d’organiser, d’ici au 30 novembre, une collecte d’information par entreprise et par provinces avec photos à l’appui.
Cette démarche, selon Jeannine Mabunda, vise à traduire par les faits visibles, l’exécution par les mandataires de la politique de 5 chantiers et de réforme avec résultats, qui est la politique du gouvernement. Il s’agit de démontrer au Gouvernement les réalisations à impact visible des entreprises publiques dans le secteur. Aussi les mandataires publics ont été invités à « poursuivre la réalisation de quelques projets à impact visible… » Il est attendu d’eux « des projets qui changent l’image de marque des entreprises, ceux qui répondent aux besoins réels de la population ou de la clientèle ».
Pour la ministre du Portefeuille, ce n’est pas des échanges de lettres entre les directions générales et les syndicats des entreprises publiques, les administrations qui va changer le Congo. « ce qui va faire avancer le Congo, a-t-elle annoncé, c’est notre capacité ensemble à continuer sur le chemin des projets à impact visible ». Les efforts réalisés à ce sujet sont tels qu’il faut « renforcer, consolider la démarche, puisqu’il faut tenir compte des délais qui nous sont assignés par le Gouvernement. Dans le secteur de transport notamment, parce qu’il a fait l’objet de longs débats, de longs échanges entre le vice-Premier ministre en charge des questions économiques et les membres du Gouvernement, le secteur de transport est attendu fermement au titre de projet à impact visible. »
Insistance sur le partenariat privé-public
Jeannine Mabunda a insisté sur l’importance du partenariat secteur privé-public. Elle a rappelé que « par une note, le gouvernement a donné une instruction pour que nous puissions aller vers un partenariat secteur privé-public. Cela concerne l’Onatra, la RVA, la SNCC (mais celle-ci a trouvé un financement de la Banque mondiale). « Il fait que vos entreprises s’impliquent », a-t-elle insisté, les invitant à devenir des créateurs des projets à impact visible, d’autant que l’appréciation des équipes de gestion dépendra largement de leur capacité à réaliser la mutation en sociétés commerciales au 30 novembre.
Elle a relevé le fait que depuis quelques décennies, la RDC enregistre un faible taux d’absorption de crédits disponibles auprès des bailleurs. Cela est dû au fait que ces projets à financer manquent presque des études de préfaisabilité. Ce qui fait que bien des projets exécutés sont tous conçus à l’extérieur des entreprises.
La patronne des entreprises publiques a invité ses interlocuteurs d’être comptables des affaires publiques pour une gestion rationnelle, prudente. « Cette responsabilité, vous devez l’apprendre dans un sens proactif en vous rendant dignes de la nouvelle liberté que le Gouvernement vous a donnée. La prudence implique aussi que les actes que vous posez soient des actes compatibles avec votre fonctionnement interne et vos règlements. »
Dans le débat qui s’est ensuivi, quelques mandataires publics ont exprimé les difficultés qu’ils éprouvent dans la gestion courante des affaires. Il s’agit des mandataires de l’Onatra, de la Compagnie maritime du Congo (CMDC), la RVA, la Cadeco, Lacs, Le responsable de l’Anep a déploré les saisies que les régies financières opèrent sur les comptes bancaires de certaines entreprises publiques, estimant que la manière dont ces saisies sont en train d’être faites donne l’impression qu’on souhaite la disparition des entreprises. Il a également déploré l’image qu’une certaine presse fait des entreprises, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.
A ce sujet, la ministre du Portefeuille a demandé aux mandataires d’être courageux si la presse se met à les vilipender. En effet, victime elle-même de cette campagne, elle a déclaré que si elle devait prendre en compte constamment tout ce que la presse rapporte, elle ne travaillerait plus.
L’ADG a.i. de l’Onatra, quant à lui, s’en est pris à la manière dont la justice congolaise est rendue. Il s’est appuyé sur le tristement célèbre dossier du site SOCOPAO où, après la démolition par l’Hôtel de ville des maisons construites anarchiques dans la concession de l’Onatra, un groupe de 20 personnes dont les maisons étaient démolies s’étaient liguées pour porter plainte contre l’entreprise. Aussi a-t-il demandé à la ministre du Portefeuille de s’impliquer pour aider l’Onatra à avoir gain de cause dans cette affaire.
Le Dircaba du Premier ministre, M. Mukoko a insisté sur le fait que le Premier ministre n’entend pas proroger le délai du processus de transformation des entreprises publiques en sociétés commerciales car, a-t-il annoncé, le pays veut basculer vers l’Ohada. Et pour la CMDC, il a souhaité plutôt un plan global qu’une restructuration de l’entreprise, au lieu de se limiter à l’acquisition de bateaux.
C’est par une note d’exhortation que Jeannine Mabunda a clos la partie du débat sur le dossier du partenariat secteur privé-public. Elle a invité ses interlocuteurs à s’y impliquer. « Il faut donc y aller car si vous ne le faites pas, on va le faire à votre place et contre vous. Il faut faire preuve d’audace et de volontarisme, car vous donnez l’impression de ne pas vouloir faire ce partenariat et pourtant vous voyagez pour prendre des contacts sur le partenariat, mais ça ne bouge pas. Le gouvernement veut voir que vous êtes capables de nouer des partenariats car vous êtes des Congolais ».
Kléber Kungu
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