mercredi 13 novembre 2013

Sheka présente de nouvelles revendications avant de déposer les armes



Général autoproclamé et chef de la milice Nduma Defense of Congo
Sheka présente de nouvelles revendications avant sa reddition
            Le chef milicien Sheka conditionne sa reddition à quelques revendications. Il dit être prêt à déposer les armes à condition que la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) déploie ses bases partout dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu et que le gouvernement renonce à toute attaque contre lui.
            Dans son cahier des charges adressé mercredi 6 novembre dernier au président de la République, le chef de la milice Nduma Defense of Congo (NDC) exigeait entre autres l’amnistie générale, un dialogue avec le gouvernement et l’intégration de ses combattants, qu’il estime à trois mille, avec reconnaissance de grades.
           Le général autoproclamé Ntabo Taberi Sheka a présenté ces nouvelles revendications mardi 12 novembre à Pinga devant la délégation mixte composée de la Monusco et du gouvernement provincial du Nord-Kivu.

Les revendications ou la peur de la justice
            Le ministre provincial de l’Intérieur, Valérien Mbalutwirandi, qui a représenté le gouvernement provincial, a affirmé que les nouvelles revendications de Sheka prouvent « qu’il n’a pas l’intention de quitter la brousse ».
            « Nous avons vu que ces collaborateurs sont prêts à donner de bonnes options, mais c’est lui qui a peur de la justice, il voudrait qu’on le prenne au même titre que les autres dans l’amnistie générale. Nous lui avons donné les trois options. Soit il dépose les armes, il y a la justice qui attend ceux qui ont commis des crimes parce qu’il y aura l’intégration au cas par cas. Il y en a en effet qui seront démobilisés pour rentrer à la vie civile », a déclaré Valérien Mbalutwirandi.
            Le ministre dit espérer tout de même que le peu de temps laissé à Sheka suffira pour qu’il adhère aux options du gouvernement « avant que les FARDC et la brigade d’intervention de la Monusco ne passent à la phase offensive ».
            La localité de Pinga-située à près de 200 km au Nord-Ouest de Goma (Nord-Kivu) est le fief de Sheka. Le chef de la Monusco, Martin Kobler, qui a visité cette localité le vendredi 8 novembre dernier, n’a pas caché ce qui atten tous ceux qui y sèment  l’insécurité. Il a envisagé des solutions urgentes à la situation sécuritaire dans cette partie du Nord-Kivu.
            Comme quoi, la Monusco et la Brigade d’intervention de l’Onu appuyant les FARDC, piaffent d’impatience à régler leur compte à tous ces groupes armés qui ne veulent entendre que la seule voix des armes.
            Les combattants de Nduma Defense of Congo (NDC), majoritairement de l’ethnie Nyanga, et ceux de l’Alliance pour un Congo libre et souverain (APCLS) de l’ethnie Hunde vivent à couteaux tirés dans cette contrée depuis 2010. Les notables de deux communautés tentent de réconcilier les deux groupes armés, sans succès.
            Les derniers affrontements entre les deux groupes remontent au 20 octobre dernier. Depuis, la situation sociale et économique de la population de cette contrée s’est détériorée. Par conséquent, des activités scolaires, des hôpitaux, des commerces et autres activités de cette partie du Nord-Kivu tournent au ralenti.
            La délégation qui a discuté avec Sheka était composée du ministre provincial chargé de l’intérieur, le Dr Valérien Mbalutwirandi et le chef de bureau de la Monusco, Ray Virgilio Tores.
        Les revendications du chef milicien Sheka viennent rallonger la liste déjà longue d’autres seigneurs de guerre. Les revendications de nombreux chefs miliciens et autres seigneurs de guerre qui ont opté pour la voie des armes pour obtenir ce qu’ils étaient censés obtenir par des voies plus démocratiques et légales relance la lancinante question de savoir si le gouvernement doit ou non négocier avec eux.
       Après avoir trempé jusqu’au cou dans les crimes les plus odieux, et dans des trafics et autres exploitations illicites des matières premières, des années durant, ces tueurs des Congolais, n’hésitent pas à prendre la liberté à plaçant haut, très haut, la barre de leurs revendications.
       C’est que, ayant une grande peur quant à la suite des événements sur le plan judiciaire, les chefs miliciens, les seigneurs de guerre et autres chefs des groupes armés, tentent de mettre le gouvernement au pas en lui imposant  des cahiers de revendications en leur faveur. Question de chercher à contourner l’épée de la justice tant nationale qu’internationale.
        Faudra-t-il prendre les armes en vue d’obtenir finalement ce que l’on peut obtenir par des voies plus légales et pacifiques ? Les exemples malheureux d’autres seigneurs (Thomas Lubanga, Bosco Ntaganda…) dont la tristement célèbre carrière s’est terminée entre les quatre murs de la Cour pénale internationale (CPI) ne sont pas suffisants pour décourager les chefs des groupes armés dont l’activisme va jusqu'à braver les feux des FARDC appuyées par les forces onusiennes (Monusco et Brigade d’intervention) ? L’épisode de la défaite exemplaire subie par les créatures du Rwanda est loin de leur servir d’exemple pour les amener à déposer sans condition les armes ?
Kléber Kungu

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