A l’occasion de la visite de Valerie Amos en RDC
Oxfam exhorte l’Onu à secourir des milliers de personnes sans assistance
«L'ONU doit agir en faveur de milliers de personnes laissées sans assistance », tel est l’appel solennel et pathétique que l’ONG Oxfam a adressé à la communauté internationale par le biais de l’Organisation des Nations unies (Onu) à l’issue de la visite de 3 jours (8-10 mars) en RDC de Valerie Amos, secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires des Nations unies et coordonnatrice des secours d’urgence.
Oxfam a profité de la visite de Valerie Amos pour adresser un appel pathétique aux Nations unies, les exhortant « à ne pas manquer à leurs responsabilités envers des communautés privées d’une aide dont elles ont le plus grand besoin », peut-on lire dans un communiqué publié le vendredi 11 mars, dont L’Observateur a obtenu copie.
Oxfam souligne que les Nations unies doivent prévoir un budget devant prendre en compte les besoins réels sur le terrain et mieux protéger les communautés contre les attaques, souligne l’organisation internationale. L’organisation internationale estime qu’il existe des dizaines de milliers de personnes se retrouvant isolées, sans aide, à l’est du pays, soit en raison de l’insécurité, soit à cause du manque de financements internationaux.
Pour Marcel Stoessel, responsable d’Oxfam en RDC, "il est de plus en plus difficile et dangereux de fournir une aide de première nécessité à ces personnes qui ont quitté leur maison ou ont été victimes de violences ». Il a ajouté que « sans les financements nécessaires et un minimum de sécurité, il est très difficile pour nous d’atteindre celles et ceux qui en ont le plus besoin."
Le nord-est de la RDC demeure la partie où le plus violent et le plus ancien groupe rebelle d’Afrique, l’Armée de résistance du Seigneur (pour Lord’s Resistance of Army, LRA), continue de terroriser les communautés. Par conséquent, l’insécurité qui y sévit entrave l’acheminement de l’aide humanitaire dont les populations ont pourtant tant besoin. Par ailleurs, certaines ONG opérant dans les provinces touchées par cette crise s’inquiètent que d’autres zones orientales de la RDC ressentent aujourd’hui les effets du déficit de financements de l’année dernière. Elles estiment qu’une diminution de demandes de financements de l’Onu cette année pourrait donc signifier qu’un nombre encore plus important de personnes ne recevra aucune aide en 2011.
Recrudescence de violence et de déplacements
Les deux premiers mois de 2011 ont connu une recrudescence de violence et de déplacements de population en RDC. Le LRA continue de s’attaquer quotidiennement aux communautés pauvres et isolées. On dénombre environ 50 attaques perpétrées au cours des 60 derniers jours. En janvier, le groupe rebelle de l’Ougandais Joseph Kony a lancé plus d’attaques, enlevé plus d’enfants et tué plus de civils innocents, qu’au cours des trois mois précédents.
A Dakwa, dans le Bas-Uélé, Province Orientale, pendant toute une année plus de 13 000 personnes qui avaient fui les attaques de la LRA n’ont pas pu accéder à l’aide des organisations humanitaires en raison du climat d'insécurité qui règne actuellement. Elles ont officiellement demandé le déploiement de Casques bleus afin de sécuriser l’accès à ces zones, il y a plus de six mois. Mais, à ce jour, ces populations vivent toujours sans aucune protection, ni aide. Les coupes budgétaires prévues ainsi que la réduction du nombre d’hélicoptères affrétés au transport au sein de la mission des Nations unies ne feront qu’aggraver ces problèmes.
La situation humanitaire et sécuritaire est loin d’être reluisante au sud, dans la province du Sud-Kivu. Ici, plus de 200 personnes ont eu besoin de soins après les violences sexuelles qu’elles ont subies, en l’espace de quelques semaines, en janvier et février. Mais l’insécurité dans la province a perturbé les opérations humanitaires : les attaques contre le personnel humanitaire y ont en effet connu une augmentation de plus de 100 % depuis 2009.
Budget 2011 réduit de 13% par rapport à 2010
Dans l’est du pays, l’instabilité continue de causer beaucoup de souffrances : plus d’1,7 million de personnes ne peuvent toujours pas retourner chez elles, généralement à cause des dangers encourus. Le budget du Plan d’action humanitaire de 2011, qui correspond aux demandes de financements de l’Onu auprès des bailleurs de fonds, a été réduit de 13% par rapport à 2010 et de 24% par rapport à 2009 alors que les déplacements, les violences à l’égard des civils et les besoins humanitaires restent en grande partie les mêmes.
Toutes ces contraintes et réalités empêchent les humanitaires de réaliser les objectifs de leur mission auprès d’une population ayant de plus en plus besoin d’aide humanitaire. Le numéro un d’Oxfam en RDC est revenu sur les conséquences d’insécurité et de manque de financements.
"Les opérations humanitaires et de maintien de la paix ne sont tout simplement pas suffisantes pour couvrir les immenses besoins sur le terrain. Nous manquons à nos obligations envers les femmes, les enfants et les hommes de l'est de la RDC. Il est inacceptable de ne pas distribuer de l’aide à ces personnes à cause du manque de sécurité et de financements", a déclaré Marcel Stoessel.
Valerie Amos, secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires des Nations unies et coordonnatrice des secours d’urgence, a effectué une visite de 3 jours en RDC (du 8 au 10 mars) à Goma (Nord-Kivu) et à Dungu et à Bangadi, district du Haut-Uélé (Province Orientale), deux provinces parmi les plus affectées par les violences armées.
A l’issue de cette visite, au cours de laquelle elle a rencontré des autorités politiques nationales et provinciales, ainsi que d’autres personnalités de la Société civile, elle a fait une déclaration à la presse. « La situation humanitaire en RDC est non seulement une des plus sérieuses dans le monde, mais aussi une des plus persistantes. » Cette situation pourra être des plus inquiétantes.
Lorsque Valerie Amos déclare que « Nous pouvons sauver des vies en RDC, mais le conflit doit cesser », elle entend demander tout simplement que les uns et les autres doivent remplir chacun leur rôle : alors que les humanitaires sont appelés à secourir les populations en détresse en leur apportant de l’aide, le gouvernement doit, de sa part, faire de son mieux pour sécuriser et les humanitaires et les populations en s’attaquant aux groupes armés qui sèment l’insécurité et distribuent la mort sans état d’âme.
Kléber Kungu
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