jeudi 2 décembre 2010

AfriMap et Oisa évaluent les premières années de la IIIe République

AfriMap et Oisa évaluent les premières années de la IIIe République
« Premiers pas encourageants, mais encore chancelants »
« Les premiers pas sont encourageants, mais encore chancelants », telle est la substance de la conclusion à laquelle a abouti une récente étude réalisée par les ONG Open Society Initiative for Southern Africa (Oisa) et Africa Governance and Advocy Projet (AfriMap). Intitulée « RDC : démocratie et participation à la vie politique : une évaluation des premiers pas dans la IIIe République », l’étude relève les progrès réalisés par les acteurs politiques issus des élections de 2006, en soulignant les grains de sable qui font gripper cette machine qu’est le processus de démocratisation enclenché depuis ces premières élections démocratiques organisées en RDC.
Au cours d’une conférence de presse tenue au siège de Oisa, les responsables de ces deux ONG ont parlé des progrès réalisés durant les premières années de la IIIe République, ainsi que des défis qui restent à relever sur cette voie de démocratisation.
« Quatre ans seulement après son entrée en vigueur, relève la copie d’un document résumant l’étude obtenue par L’Observateur, la Constitution de février 2006 de la RDC fait l’objet d’attaques politiques visant à en modifier les dispositions mises à l’abri de toute révision, les institutions de contre poids sont de plus en plus inféodées à l’exécutif et les mécanismes de participation politique sont progressivement pervertis.» L’étude note également entre autres défis, la discrimination à l’égard de la femme, le contrôle tatillon des médias et de la Société civile, la prolifération cancéreuse des partis politiques, l’inefficacité des contrôles parlementaires, la velléité de politisation de la Ceni, la faible représentation des autorités traditionnelles dans des institutions politiques.
Sur les tentatives de révision de la Constitution, le document précise que « la légitimité de la Constitution est sérieusement menacée par les tentatives de révision visant à en rétrécir les garanties de séparation des pouvoirs et anéantir les mécanismes de contre poids qu’elle prévoit ». Et citant le professeur Ngoma Binda de l’Unikin, l’un des auteurs du Rapport, la source ajoute que « le fait que le gouvernement a récemment tenté de toucher aux dispositions expressément interdites à la révision expose la vulnérabilité de la Constitution aux attaques politiques. Non seulement les autorités doivent s’abstenir d’engager des révisions constitutionnelles qui violeraient les dispositions intangibles de la Constitution, mais toute modification constitutionnelle doit viser à assurer une plus large participation des citoyens, et non l’inverse. »

Inféodation progressive des institutions à la démocratie
En plus, il est souligné le fait que les institutions à la démocratie ont des difficultés à jouer leur rôle de garde-fou, de veille démocratique et leur inféodation progressive à l’exécutif met leur crédibilité à mal. Ainsi, souligne-t-on, la CEI a perdu la crédibilité dont elle a joui en 2006 lors des élections. Aujourd’hui, la Céni, qui doit la remplacer, est menacée de politisation. Le Rapport souligne qu’il y a risque de politisation de la gestion électorale. Ce qui constitue une menace sérieuse à l’intégrité des élections de 2011.
Pascal Kambale, directeur adjoint d’AfriMap, co-producteur du Rapport, tire la sonnette d’alarme. « Il est temps, prévient-il, de reconnaître que les élections constituent un processus éminemment politique et que leur réussite ne saurait se réduire à l’accomplissement satisfaisant de leur organisation technique. » C’est pourquoi, « la Céni doit cultiver un dialogue permanent avec et entre les principaux acteurs politiques en vue de bâtir un consensus national solide, seul capable de mitiger la trop grande dépendance financière et politique à l’égard du gouvernement et des bailleurs de fonds ».
Le Rapport souligne également les progrès réalisés durant les premières années de la IIIe République. Il est noté entre autres la légitimité des institutions et de leurs animateurs, la mise en place des cadres juridique et institutionnel, libéralisation des espaces publics, notamment les médias, l’effectivité du pluralisme politique, la reconnaissance des autorités traditionnelles, la mobilisation par la RDC de l’aide de la communauté internationale, la production parlementaire avec plusieurs textes et lois votés…
Il a échu au président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, représenté par son dircaba, de lancer officiellement le rapport « RDC, démocratie et participation à la vie politique : une évaluation des premiers pas dans la IIIe République » à l’hôtel Sultani. Les détails dans notre prochaine édition.
Kléber Kungu

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