mercredi 2 novembre 2011

Jean-Claude Masangu : « Epargner est une affaire de volonté, de détermination…»

Lancement officiel de la Journée internationale de l’épargne
Jean-Claude Masangu : « Epargner est une affaire de volonté, de détermination…»
Lors de la cérémonie du lancement officiel de la Journée internationale de l’épargne sous le thème « Epargner en RDC pour mon avenir, oui c’est possible », le gouverneur de la Banque centrale congolaise (BCC), Jean-Claude Masangu, relayant le thème central, a affirmé qu’il était possible d’épargner en RDC, en dépit du faible niveau de revenu de la majorité de la population de ce pays, l’épargne étant « une affaire de volonté, de détermination et d’organisation ».
C’est soutenu par un état des lieux fort reluisant qu’il a brossé sur le secteur financier et de l’épargne en RDC que Jean-Claude Masangu a affirmé qu’il est possible d’épargner en RDC, malgré la modicité du revenu de la majorité de la population de ce pays. « Eu égard au niveau de revenu de la majorité de la population congolaise, est-il possible d’épargner en RDC ? Je réponds par l’affirmative, ‘’Oui, c’est possible’’, a affirmé le gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Celui-ci a préalablement présenté un état des lieux du secteur financier couvrant la période de 2001 à 2011. Cette période est marquée par entre autres l’accroissement du nombre des comptes qui est passé de 100 000, hier, à 1 400 000 à ce jour ; l’augmentation du volume des dépôts des banques qui a été multiplié par 23 pour atteindre un montant de 1,9 milliards de dollars américains, dont 45% provenant des ménages et 152 millions de dollars américains sont logés dans les institutions de microfinance ; l’augmentation du volume des crédits qui a été multiplié par 45 en atteignant 1 milliard de dollars américains, soit 53% des dépôts. Quant au taux d’épargne en pourcentage du Produit intérieur brut (PIB), il est passé de 1,2% à 13,5% en 2010, atteignant à ce jour 15 milliards de dollars américains.
Dans cet état des lieux, J-C. Masangu a indiqué que « dans le secteur de microfinance, ce sont les femmes qui détiennent le plus de comptes » et que l’analyse de la source de l’épargne a montré qu’il y a « une très forte prépondérance de l’épargne privée par rapport à l’épargne publique, avec un ration de 1à 10 ».

Avantages de l’épargne
Par ailleurs, il a présenté les avantages qu’offre l’épargne sur les plans micro et macrofinance, aussi bien pour l’épargnant que pour l’industrie financière et de l’économie de manière générale.
L’épargne assure à l’épargnant des « revenus qui peuvent devenir importants dans le futur et qui permettent d’envisager l’avenir avec confiance. » Elle permet également « de se prémunir contre les risques éventuels et les aléas de la vie tels que la scolarisation des enfants, les soins médicaux et le règlement des coûts afférant à des événements indispensables au plan social tels que la célébration de naissances, de mariages et d’obtention de diplômes. »
Quant « au niveau de l’industrie financière et de l’économie de manière générale, l’épargne constitue des ressources locales indispensables pour le développement des activités productives à même d’améliorer la croissance économique, induisant ainsi le bien-être social et la réduction de la pauvreté. »
En cette occasion de la célébration de la Journée internationale de l’épargne, on venait de lancer la campagne de sensibilisation sur l’épargne en milieux scolaires, visant ainsi les enfants des écoles primaires, secondaires et professionnelles. En le faisant, la Banque centrale du Congo entend mener cette action du bas vers le haut pour espérer des résultats plus concrets, plus durable quant à la culture de l’épargne qui est loin d’être l’apanage du peuple congolais. M. Masangu explique la démarche. « Si l’accent a été mis sur les enfants, c’est parce qu’une habitude inculquée dès le bas âge est difficile à déloger », a-t-il déclaré, ajoutant que « les enfants ou les jeunes en général constituent une tranche importante de la population. De plus, à travers eux, c’est toute la famille qui est visée ».
Après avoir invité les enfants, représentés par quelques écoles secondaires triées à la volée, « à cultiver l’esprit d’épargne », estimant qu’une épargne mise de côté dès maintenant leur permettra « d’accumuler et de constituer un maximum de fonds pour l’investissement ou pour résoudre un certain nombre de problèmes ou défis », l’Autorité monétaire de la RDC a annoncé de sponsoriser l’ouverture de quelques comptes à quelques uns d’entre les élèves présents. Un geste, a dit Jean-Claude Masangu susceptible d’inciter les amis et les membres de famille de ces enfants de faire de même.
Pour la BCC, a déclaré J-C. Masangu, cette campagne constitue « la préfiguration d’un grand projet d’éducation financière de la population sur le rôle, l’importance et les bienfaits de l’épargne ainsi que sur les services offerts par les institutions financières de notre pays .»
Auparavant, le gouverneur de la BCC a tracé le chemin parcouru par le gouvernement et l’Institut d’émission dans la stabilisation de l’environnement micro et macro économique. « Notre pays a connu des périodes troubles avant de se stabiliser politiquement et économiquement. Et par conséquent, jusqu’à la fin des années 90, le système bancaire congolais a souffert d’une crise aiguë causée principalement par la déstabilisation des institutions de la République, la dégradation de l’environnement économique et le recul de l’activité économique, la désintermédiation du système bancaire ». C’est à partir de 1998, que le gouvernement congolais et la BCC se sont lancés dans un programme non seulement de l’assainissement de l’espace économique, financier et monétaire, mais également la prévention à la survenance des risques de fragilisation ultérieure.
De ce programme, l’on peut retenir la liquidation des banques insolvables et l’exigence des plans de redressement crédibles aux banques jugées récupérables.
Auparavant, le 2ème secrétaire à l’ambassade d’Allemagne fédérale a parlé de l’importance du système bancaire et de l’épargne. Il a déclaré que 135 milliards de dollars sont logées comme épargne dans des banques, représentant 10% de la massa monétaire, tandis que 90 % de cette masse sont conservés sous des matelas. Comme quoi, il faut davantage d’efforts de sensibilisation sur l’importance de l’épargne auprès de la population.
Le président de l’Association congolaise des banques (ACB) a cimenté également l’importance de l’épargne qui renforce l’activité économique d’un pays. Il a ainsi invité les Congolais à épargner en les poussant à changer la culture de la thésaurisation en bancarisation. La campagne de sensibilisation doit commencer par les grandes villes jusqu’aux localités en passant par les centres urbains, les districts.
Il a rappelé l’esprit travailleur et épargnant de la fourmi de la fable de La Fontaine reprise comme mascotte dans un des dépliants publiés et distribués à cette occasion. Un esprit que tout Congolais est appelé à imiter, car la fourmi travaille, amasse et épargne pour un avenir radieux. Il a confié les Congolais à faire garder son argent dans une institution financière agréée plutôt que de le confier dans « Buakisa carte », un système qu’il a fustigé.
Pour le vice-ministre de l’EPSP, la cérémonie du lancement officiel de la Journée internationale de l’épargne « marque le début d’un grand projet d’éducation financière de la population sur les services offerts par les institutions financières » de la RDC.
Deux saynètes ont également égayé les nombreux invités à la Halle de la Gombe le lundi 31 octobre composés des ministres, dont le vice-ministre de l’EPSP, les administrateurs délégués et dirigeants des institutions financières, les parents d’élèves et les élèves de quelques écoles de Kinshasa. Les comédiens ont montré l’importance de l’épargne et les risques de la thésaurisation.
Kléber Kungu

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