jeudi 17 novembre 2011

Mambwini Joseph en quête de l’autorisation de ses ancêtres (1)


Candidat à la députation nationale à Mbanza-Ngungu
Mambwini Joseph en quête de l’autorisation de ses ancêtres (1)
(Par Kléber Kungu, envoyé spécial de retour de Mbanza-Ngungu)
Le candidat à la députation nationale dans la circonscription électorale de Mbanza-Ngungu, Mambwini Kivuila Joseph, numéro 3 sous le label de l’Abako (Alliance des bâtisseurs du Kongo), a lancé sa campagne électorale à la cité de Zongo, à 56 km de la cité d’Inkisi. Auparavant, il s’est rendu dans son fief électoral natal pour solliciter l’aval ou l’autorisation de ses ancêtres à Mfwatu (paternel), Kilau (maternel). Vivez les trois jours d’une campagne de proximité à l’américaine.
Samedi 5 novembre, 12 h 07. Mambwini Joseph quitte la station de GKV Network Television, devenue son QG, cap : Mfwatu. Tenue de combat : une grosse culotte jeans noire, un polo carrelé noir & blanc, une paire de ketchs noirs à la semelle rouge, une paire de lunettes aux verres teintés. Equipe : une dizaine de membres de sa campagne électorale, dont la moitié est constituée de sa propre famille biologique. Equipement : un mégaphone. Viatique : une grosse bouteille d’eau minérale, Swissta, et quelques vitamines de Pharmaton, un produit capable d’ « améliorer les capacités physiques et intellectuelles »… Dans une compétition très éprouvante comme la campagne électorale, il en a grandement besoin, aussi bien que des morceaux de chikuangue et de poissons salés dont il raffole.
Kisantu, 12h59. La route entre la cité de Kisantu et Mbanza-Nsanda est dans un très bon état : les Chinois sont en train de la réhabiliter pour permettre l’acheminement facile du matériel destiné à la réhabilitation du barrage de Zongo. Le voyage est entrecoupé de petites escales : Mambwini Kivuila en profite pour faire passer son message aux populations et son équipe se met à placarder ses effigies. « Je mène une politique de proximité », me souffle-t-il de temps à autre, entre deux gorgées d’eau.
« Tozo lia te » (Nous ne mangeons pas, NDLR), « Nzala » (la faim, NDLR), « Polo ». La population adresse ces demandes au candidat Mambwini en guise de réplique à son message ou son appel à voter pour lui. Oui, c’est la conséquence d’une pratique entretenue par les candidats aux différents postes électifs qui ont eu à battre campagne dans ce pays.
« Mon fief électoral c’est ici. Nous devons y marquer les esprits », me prévient le candidat numéro 3, alors que nous entrons dans le secteur de Lunzadi. Mbanza-Nsanda, 14h30. Nous bifurquons à gauche. Le candidat de l’Abako, Mambwini Kivuila est mis devant les défis qui l’attendent. Adieu, bonne route et vive le calvaire ! Mambwini Kivuila indique déjà au chauffeur les endroits les plus mauvais. Qui ne tardent pas à se manifester : le bus de marque Ford qui nous conduit, s’embourbe. Il est 15 heures. Il faut l’intervention d’un gros véhicule et de quelques jeunes de Mfwatu qui voyagent à son bord.
Mbemba, 18h24. Le village est en effervescence, alerté par les chansons à l’honneur de M. Mambwini exécutées par les membres de son équipe de campagne, et la sirène hurlante du mégaphone. Enfants, jeunes et vieux sortent des maisons pour voir leur père, frère et fils qui, tradition oblige, a osé retourner au bercail pour se ressourcer et s’approvisionner en énergie de ses ancêtres.
Un autre défi de taille. « Pa José, bana kabeta tanga ko » (Papa José, les enfants n’étudient pas, NDLR), informe une femme. Dix minutes plus tard, nous baignons dans une autre ambiance festive : celle de Mfwatu, le village natal du candidat. Introduit par M. Kimbangu, coordonnateur de la campagne, secteurs de Lunzadi et de Ngombe-Matadi, Mambwini Joseph expose les raisons de son déplacement. « Je ne suis pas venu battre campagne dans mon propre village et je ne le ferai pas, mais je suis venu solliciter votre autorisation pour que je puisse commencer à battre ma campagne électorale », annonce-t-il. Lorsqu’il annonce sa détermination de réhabiliter l’école dans laquelle il avait étudié, aujourd’hui en ruines complètes, des vivats et des applaudissements de joie brisent le calme nocturne.

Feu vert des ancêtres
Le chef du village, Ndangi Pierre, lui rétorque qu’il a le feu vert de ses ancêtres pour lancer sa campagne. Nous passons la nuit à Mfwatu, une nuit très pluvieuse que les plus spirituels considèrent comme un signe de bénédiction pour le candidat Mambwini Kivuila Joseph.
A Mbemba-Mfwatu, nous sommes accueillis par le chef du village, Mme Nlasa Ndongala, maîtresse de son état, dont le mot appelle ses administrés à cultiver l’amour, l’unité, à bannir des problèmes fonciers qui découragent toute personne désireuse de les aider. « Pensez à notre école », implore la maîtresse, qui enseigne plus de 120 élèves en 1ère année primaire. Ces mots sont précédés de la prière et de la chanson d’un groupe des catholiques qui implorent Dieu pour qu’Il aide Mambwini Joseph à arracher un des quatre sièges de la députation nationale destinés à sa circonscription électorale.
« Ma télévision est un défi lancé aux originaires de Madimba qui se sont moqués de ceux de Mbanza-Ngungu qui n’avaient pas de télévision », déclare le candidat Mambwini qui demande à ses frères de ne pas vendre leurs voix contre des dons de toutes sortes. « Je suis attristé par l’état actuel de mon école. Votez pour moi et je vous promets de la réhabiliter. Je ne peux pas accepter que l’école qui m’a donné le brevet continue à mourir », ajoute-t-il.
Par conséquent, il demande aux jeunes de se préparer au façonnage des briques qu’il achètera le moment venu. Ces briques, annonce-t-il, serviront à la réhabilitation de l’EP Mfwatu. L’annonce est couronnée par une salve d’applaudissements de joie d’un public dont l’extrême précarité des conditions de vie se lit sans se servir d’un microscope électronique.
Les enfants ont également eu leur mot d’encouragement de la part de celui qui a fait de l’enseignement – profession oblige ! - le cheval de bataille de sa campagne. « J’ai été comme vous avec des chiques aux pieds et j’ai étudié dans votre école. Mais si je suis devenu ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce aux études. C’est pourquoi, je vous exhorte à étudier. Je rentre avec vos doléances, mais je ne vous promets pas des choses irréalisables », déclare Mambwini Joseph devant des enfants dont la vue arrache aux âmes très sensibles des larmes de compassion.
« Je suis professeur en Europe, mais j’ai décidé de mettre fin à ma carrière là-bas pour me consacrer au développement de mon pays, de mon coin », ajoute le candidat Mambwini à l’endroit de la population toute attentive.

« Même vos cheveux vont vous voter »
A Kilau, village maternel, le soutien est inconditionnel et la bénédiction totale. Ses oncles maternels reconnaissent qu’il n’y aura personne pour développer ce coin, excepté un fils du terroir. Un d’eux lance : « Nous n’avons pas besoin d’argent, mais plutôt de la lumière » (du développement, NDLR).
En effet, partout où l’équipe de Mambwini Kivuila Joseph passe, le message est quasi identique : « Tozalia te », « Nzala », « Polo », « Mbongo ». Il sort de la bouche aussi bien des jeunes, des enfants que des vieux. La misère, la précarité des conditions de vie sont lisibles et visibles. « Faites attention au contrat que vous signez avec les candidats qui vous remettent des biens ou de l’argent contre vos voix. Une fois le contrat conclu, ils partent sans revenir ni s’occuper de vous, car ils estiment n’avoir aucun compte à rendre avec vous, ayant acheté vos voix », rétorque le candidat.
Très sage, il ajoute : « Moi, je ne peux pas acheter vos voix. Je viens plutôt les solliciter ».
Après avoir imploré la bénédiction de ses ancêtres, le chef de la famille du candidat déclare que « même les cheveux du candidat –dont la tête est volontairement chauve – vont voter pour lui.
C’est ragaillardi par toutes les bénédictions des uns et des autres que Mambwini Kivuila Joseph va se lancer dans la bataille électorale sur le sol de Zongo pour lequel il a fait beaucoup de choses.
(A suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire