jeudi 17 novembre 2011

L’USAID/ProJustice a lancé un atelier sur l’implication des femmes dans la magistrature


Mercredi 16 novembre
L’USAID/ProJustice a lancé un atelier sur l’implication des femmes dans la magistrature
En partenariat avec l’Association des femmes magistrats de la RDC (Afemac), l’Usaid/ProJustice vient de lancer un atelier sur l’implication des femmes dans la magistrature. Les organisateurs de l’atelier sont partis d’un constat : les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans la magistrature, leur avancée en grade n’est pas très visible et elles n’occupent pas de postes de responsabilité, en dépit des traités, résolutions, conventions internationales en faveur de la femme, des dispositions constitutionnelles et statutaires. L’atelier vise ainsi à aider à établir l’équilibre du genre dans la magistrature.
Au cours de la cérémonie d’ouverture de l’atelier au Cercle Elaïs, les différents intervenants ont souligné l’importance de ce séminaire qui aura entre autres objectifs d’encourager la présence des femmes au sein de la magistrature, du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), promouvoir l’accès des femmes au poste de responsabilité et encourager la promotion en grade des magistrates.
Le chef de Pro Justice, Daniel Dobrovoljec, a corroboré la pertinence du sujet « qui mérite une attention particulière, tant sont grandes les inégalités de représentation des femmes dans les professions judiciaires, qu’il s’agisse des magistrats, des avocats ou des personnels et auxiliaires de justice ». Les femmes sous représentées dans la magistrature sont « seulement 860 femmes magistrates sur un total de 3 750 magistrats », a-t-il fait remarquer.
Cette sous-représentation appelle la mise en œuvre des stratégies « pour développer l’équilibre du genre lors du recrutement et de la promotion des magistrates », a plaidé Daniel Dobrovoljec. Qui a annoncé l’ambition de son projet DPK-ProJustice d’aider à « une plus grande participation des femmes magistrats ». Cela passe par « le renforcement des capacités, des compétences et confiance en soi des magistrates en particulier, et des femmes juristes en général, afin de les encourager à jouer un rôle actif dans les efforts de consolidation du secteur de la justice.»
ProJustice se préoccupant prioritairement de rapprocher la justice du citoyen congolais, il estime « qu’une grande diversité dans le personnel judiciaire magistrat et non magistrat, et une présence accrue des femmes dans le système judiciaire » aura le mérite de « contribuer à accroître l’efficacité de ce système, à le rendre plus humain et plus ouvert aux justiciables ».
Le représentant de la Mission de l’Usaid en RDC, particulièrement de l’Office de Gouvernance démocratique, Theodore Glenn, a souligné l’ancienneté et l’importance de l’engagement de son institution en faveur de la femme particulièrement et de la justice congolaise.
Il a estimé que le gouvernement et autres institutions du pays devraient placer au centre de leurs préoccupations « la place de la femme dans le système judiciaire congolais, et partant dans la société congolaise ».Car, a-t-il conclu « l’équilibre des genres est source d’une meilleure harmonie sociale et sociétale, et favorise le développement économique et social ».
En défenseur des droits des femmes, Theodore Glenn a plaidé pour l’augmentation immédiate du nombre des femmes magistrats face à « la situation préoccupante des droits des femmes en RDC, et les atteintes graves à leurs droits ». Il a argué que c’est la femme qui dispose de « qualités d’écoute, d’empathie et de réconfort à l’égard d’une autre femme victimes de violences ou d’bus graves. Une présence accrue des femmes dans le système judiciaire permettant sans doute d’améliorer l’accès à la justice des femmes en général ».
Voilà un des moyens par lequel le gouvernement américain appuie « le gouvernement congolais ainsi la Société civile congolaise dans leurs efforts à combatte la corruption dans toutes les sphères de la société. » Pour réduire l’impunité et renforcer la confiance des justiciables dans la système judiciaire de la RDC, le gouvernement américain a promis de continuer à entretenir son partenariat avec le ministère congolais de la Justice et avec le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) afin d’améliorer les structures de la bonne gouvernance judiciaire.
Le ministre de la Justice, Luzolo Bambi Lessa a montré les efforts de son gouvernement dans la promotion de la femme à la magistrature. Car, ayant été de 3% le taux de participation des femmes à la magistrature de 1960 à 2008, il est monté à ce jour à 20% grâce aux efforts que gouvernement a fournis en procédant au recrutement des magistrats, dont des femmes. Cependant, sans porter des gants, il a interpellé le Conseil supérieur de la magistrature qui ne s’est pas beaucoup soucié de la promotion de la femme dans le secteur judiciaire.
En plus, si les femmes magistrats ou femmes avocats doivent se plaindre des violences et autres abus dont elles sont victimes, c’est que la justice congolaise est morte, car elles se seraient plaintes auprès des femmes magistrates ou avocates. Au passage, il a évoqué le fait que sa mère a été insultée dans son intimité une chaîne de télévision. Choqué, il aurait démissionné en tant ministre de la Justice s’il n’était pas très attaché au chef de l’Etat.
Luzolo Bambi a en outre invité les participantes à cet atelier à prendre des résolutions, et non des recommandations, souvent sans effet, de l’Assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature en faveur de la promotion de la femme dans la magistrature, car, a-t-il souligné, ce problème relève du CSM et non du gouvernement, ni du chef de l’Etat. Il a également souligné que de toutes les victimes des guerres qui ont endeuillé les populations congolaises, les femmes et les enfants représentent 70%.
« Les femmes magistrats doivent cesser de continuer à se considérer comme des victimes, mais elles doivent prendre conscience de leur rôle moteur », a-t-il encouragé les participantes.
Le représentant du secrétaire permanent au CSM a quant à lui montré la faiblesse du taux de femmes dans la magistrature, estimant que, bien que faible, c’est un pas décisif réalisé. Il a présenté les causes de cette situation, notamment l’état-civil des femmes magistrats mariées à des époux travaillant dans des centres urbains, la situation des magistrates qui se trouvent régulièrement en grossesse.
Aussi a-t-il demandé aux participants de chercher des solutions aux problèmes posés par les femmes : faible représentation des femmes dans des parquets, le problème des femmes magistrats célibataires qui préfèrent rester dans des grands centres urbains pour espérer trouver un mari.
La directrice de cabinet du ministre du Genre, Famille et Enfant, a estimé nécessaire de rétablir l’équilibre du genre dans la magistrature en augmentant le nombre des magistrates, arguant que la sous représentation ou l’absence des femmes sont une discrimination ou des violences basées sur le genre qui ont des conséquences sur la vie nationale.
Quant à la représentante du Premier président de la Cour suprême de justice et président du CSM, qui a ouvert l’atelier, a déclaré que la lutte pour le rétablissement de l’égalité entre l’homme et la femme est très longue et qu’un droit ne se donne pas, mais s’arrache ou se mérite. Elle a invité les magistrates à lever le ton pour réclamer leurs droits.
Ouvert mercredi 16 novembre, l’atelier sur l’implication des femmes dans la magistrature, se clôture le vendredi 18 novembre.
Kléber Kungu

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