dimanche 4 décembre 2011

Ce mardi, c’est la fin du monde en RDC !

Psychose intense la veille de la publication des résultats de la présidentielle
Ce mardi, c’est la fin du monde en RDC !
Que va-t-il se passer le 6 décembre, le jour de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 28 novembre et à quelle heure précisément ? L’inquiétude doublée d’une forte peur de ne nous ne savons quoi augmente à l’approche de l’heure H. En dépit de tous les appels au calme que le gouvernement congolais et la communauté internationale s’évertuent à lancer à la population, l’inquiétude ne baisse pas. A en croire les rumeurs diffusées par la très puissante radio trottoir, ce mardi, c’est la fin du monde en RDC.
Tout se prépare ou s’est déjà préparé pour attendre avec sérénité la fin du monde en RDC, particulièrement à Kinshasa, la capitale, qui bruisse de rumeurs les plus alarmantes où des dispositions sécuritaires se préparent déjà. Le Kinois, habituellement, couche-tard est devenu d’un coup couche-tôt. Plus une âme qui vive après 21 heures. Kinshasa, à quelques heures de la publication des résultats provisoires par la Céni, semble dormir sur un volcan, prêt à faire une éruption apocalyptique.
Pardon, l’arme nucléaire, qui va frapper ce pays aux grosses richesses minières et humaines, se nomme les élections dont la proclamation des résultats pourtant tant attendue par tous les Congolais se révèle fort redoutable. Les uns et les autres revendiquant la victoire d’un scrutin qui n’a pas été si blanc – les irrégularités de tous ordres qui l’ont marqué ayant été très nombreuses – la RDC vit, depuis le début de ce deuxième scrutin organisé dans ce pays de plus de 60 millions d’habitants, dans une psychose de fin du monde. Un mardi apocalyptique que les Congolais vont vivre.
Dans la plupart des villes et centres urbains de la RDC, le climat est fort tendu à la veille de la publication tant redoutée et en même tant attendue par la population congolaise, dans. C’est comme à l’annonce qu’une grosse tornade : des parents interdisent leurs enfants de sortir, ceux qui en ont des moyens font des provisions, le tout sur fond des spéculations et des rumeurs plus invraisemblables les unes que les autres…
A Mbanza-Ngungu, ville située à environ 150 km, à l’ouest de la capitale, où nous avons séjourné pendant 2 jours, la situation est pareille. Une vendeuse des bananes à dessert mûres nous a déclaré avoir appris d’une radio qu’il y aura des troubles le mardi 6 décembre. Nous l’avons rassuré du contraire à cette date.

Inquiétude
Ces nouvelles diffusées par la très puissante radio trottoir ne font malheureusement gonfler l’inquiétude d’une population vouée à la débrouillardise et vivant au quotidien. C’est-à-dire obligée de sortir chaque jour de la semaine pour trouver de quoi survivre dans un environnement économique peu rigoureux.
Cette psychose est d’autant plus grande que la fin de la campagne électorale le samedi 26 novembre a été très dramatique avec mort d’hommes. Le HWR accuse les autorités de la RDC de graves violations des droits de l’homme, vite balayées par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, le lendemain de la publication de ce rapport. Dans cette bataille verbale, les uns estiment que la Céni a abattu un travail appréciable, tandis que les autres, plus critiques, vilipendent l’organisatrice de ce scrutin, le 2ème, après la chute de Mobutu.
En attendant le jour-J, la très plurielle communauté internationale ne cesse de multiplier les appels au calme et surtout au respect du verdict des urnes, en saluant la tenue de ces élections qui se sont déroulées sur fond de nombreuses irrégularités. Elle-même est inquiète de la tension qui couve, bien rendue par des déclarations des deux camps qui revendiquent chacun la victoire.
Dans cette longue attente inquiétante, les nombreuses missions d’observation, tant internationales que nationales de ce scrutin, qui ont déferlé sur le territoire national se sont exprimées également sur le déroulement de cette présidentielle en publiant leurs premiers commentaires. De la mission d’observation de l’Union européenne à celle de l’Union africaine en passant par le Centre Carter, celle conjointe Aeta (Agir pour des élections transparentes et apaisées)-EurAc et EURAC (Réseau européen pour l’Afrique centrale), la Mission d’observation électorale de la Société civile africaine (MOESCA), de la SADC, de la Comesa, de la CPGL, de la Ceta, le Réseau d’observation des confessions religieuses (ROC), le Réseau national pour l’observation et la surveillance des élections au Congo (Renosec), le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (Cafco) et
le Conseil national de la jeunesse (CNJ), le discours était quasiment le même : un scrutin généralement bien tenu, en dépit de nombreuses irrégularités et violences qui l’ont émaillé.

De la publication partielle des résultats à la suspension des SMS
Pour tenter de faire baisser une tension couvante, le président de la Céni, l’intrépide Daniel Ngoy Mulunda a jugé bon de lancer la publication des résultats au fur et à mesure qu’ils lui parviennent. Question de se d’un agréable devoir avant l’apocalypse de l’arme nucléaire du 6 décembre. Cette démarche semble produire l’effet contraire : des contestations de ces résultats commencent à fuser de l’opposition, unie cette fois-ci, Etienne Tshisekedi wa Mulumba en tête. Pour certains Congolais, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) devrait publier les résultats par centre pour permettre aux candidats au fauteuil président de confronter les résultats dont ils disposent par leurs témoins interposés.
Comme pour en rajouter à l’inquiétude déjà très perceptible, une nouvelle vient d’alourdir une atmosphère déjà tendue : la suspension par le ministère congolais de l’Intérieur des SMS dans tous les réseaux de télécommunications du pays «jusqu’à nouvel ordre». En termes plus clairs, depuis le 3 décembre, il est impossible d’envoyer des SMS, ces messages courts que l’on peut expédier depuis son téléphone portable.
«Depuis le début de la campagne électorale, certains abonnés abusent des facilités que leur offrent les nouvelles technologies de la communication pour lancer des injures et des attaques aux paisibles citoyens. Ils diffusent aussi des propos incitant à la haine et à l’insurrection. Ce qui accroît la tension et menace de plonger le pays dans le chaos», se défend Adolphe Lumanu.
Cependant, ces arguments sont loin de convaincre la société civile et les défenseurs des droits de l’Homme. Le Réseau national des ONG des droits de l’homme de la République démocratique du Congo (Renadhoc) dénonce une violation de la Constitution. Ainsi Fernandez Murhola, le secrétaire exécutif du Renadhoc, estime qu’il est urgent de lever cette mesure. Pour lui, «Les SMS sont un outil indispensable à la sécurité des citoyens. Les suspendre, même de manière provisoire, constitue une grave menace.»

De la suspension des SMS au couvre-feu
SMS signifie Short Messaging Service (Service d'envoi des messages courts). Ce service est également appelé "messagerie texte" ou minimessage, de télémessage ou de texto.
Entre temps, on annonce l’instauration d’un couvre-feu à partir de ce lundi, de 22 heures à 6 heures du matin. Une mesure, du reste salutaire, mais qui risque de provoquer plus de mal que de peur si ceux qui sont commis à cette tâche arrivent à déraper.
Dans le cœur de nombreux Kinois, le tableau est déjà planté pour vivre un mardi apocalyptique, même s’ils sont incapables de déterminer de qui, d’où et quand proviendra cette bombe fatale. Qui n’aura jamais lieu. Le moment venu, nous aurons à nous dire qu’on a eu plus de peur que de mal.
Kléber Kungu

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