mercredi 28 décembre 2011

Le pasteur Mbunga Tusevo a reçu le dernier hommage des kimbanguistes


Victime de l’intolérance politique
Le pasteur Mbunga Tusevo a reçu le dernier hommage des kimbanguistes
• Luzolo Bambi : « Plus jamais ça »
• Le chef spirituel, Simon Kimbangu Kiangani a adressé un message de paix, de pardon et d’amour.
Ils étaient plusieurs dizaines de milliers de fidèles kimbanguistes à rendre un dernier hommage au pasteur Mbunga Tusevo Emmanuel le mardi 27 décembre au Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences de Kinshasa. Des membres du cabinet du chef spirituel et représentant légal de l’Eglise kimbanguiste au dernier fidèle en passant par le Collège national exécutif. Des autorités politiques du pays y étaient également présentes : le ministre de la Justice Luzolo Bambi Lessa a représenté le gouvernement congolais aux funérailles de ce serviteur de Dieu assassiné arme en mains et en plein service, le 10 décembre, dans sa paroisse, à Selembao, par des inciviques.
« Au nom du chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, je viens présenter les condoléances à toute l’Eglise kimbanguiste. C’est triste pour tout le pays qu’à cause des élections que nous avons organisées des troubles se soient produits au point que des gens arrivent à tuer le révérend Mbunga Tusevo Emmanuel ».
Le ministre de la Justice, Luzolo Bambi Lessa, s’exprimait ainsi, la voix grave d’émotion, lors des funérailles du pasteur évangéliste Mbunga Tusevo Emmanuel, responsable de la paroisse Tuwisana, dans la commune de Selembao, assassiné par des inciviques le jour de la publication des résultats partiels de la présidentielle organisée le 28 novembre. Alors que les fidèles kimbanguistes déplorés lui rendaient le dernier hommage.
Luzolo Bambi a invité les kimbanguistes au pardon, en dépit de tout ce qui leur est arrivé avec la mort du défunt qui est devenu « un martyr de la démocratie, un martyr de la libération de notre pays ». Il est revenu sur la tâche du défunt qui ne faisait que « prêcher la parole de l’Eglise kimbanguiste, la parole de l’humanisme, de l’amour. Nous ne chercherons pas la vengeance dans le pays, nous avons besoin de la cohésion nationale. »

« Plus jamais ça »
Pour le ministre de la Justice, la mort de Mbunga Tusevo ne doit pas être prise « comme une vengeance, mais comme une interpellation et un appel à la réconciliation nationale de tous les Congolais, par la justice. C’est la justice qui nous permettra d’aller de l’avant ». C’est cette justice qui s’est employée à traquer tous les malfrats qui ont assassiné le serviteur de Dieu. Et à ce jour, ils ont été arrêtés, jugés et emprisonnés, y compris un autre qui a été arrêté le matin du 27 décembre.
Une nouvelle qui a réjoui les kimbanguistes, dont il a loué le courage, la vérité et la persévérance. En prime, il les a rassurés, ainsi que tous les autres fidèles des Eglises catholique, protestante, musulmane et autres fidèles qui servent le Seigneur que personne ne peut plus se sentir inquiétée. Car, a-t-il déclaré, « plus jamais ça. Nous ne permettrons plus jamais ça ».
La veuve et les orphelins ont reçu l’assurance et l’engagement du gouvernement de ne pas être délaissés, d’autant qu’au ministère de la Justice existe la Commission d’assistance des veuves et orphelins dont l’objectif est de sauvegarder les intérêts des veuves et des orphelins.
Peu avant le ministre de la Justice, l’évangéliste provincial, M. Damandji, a rappelé les 10 commandements de Dieu et que chaque chose en son temps. Pour lui, tout chrétien qui ne respecte pas les lois qui guident un pays n’est pas un chrétien.
Il a demandé au gouvernement congolais de sécuriser l’Eglise kimbanguiste, en l’invitant en même temps à considérer les pasteurs kimbanguistes comme tous les autres pasteurs. Le pasteur Mbunga Tusevo est mort en martyr et que le sang des martyrs est la semence de l’Eglise, a déclaré l’évangéliste provincial Damandji.
Que ceux qui ont donné la mort au serviteur de Dieu retienne ceci de la part de M. Damandji : la mort est comme la corde liée à des chèvres. Il revient au berger de tirer sur une des cordes lorsqu’il a besoin de tuer une chèvre. Comme quoi, chacun meurt le jour où le berger –Dieu – le veut.

Message de paix, d’amour, de concorde, de pardon
C’est un message de paix, d’amour, de concorde et de pardon qu’il a imprimé dans le cœur de tous les kimbanguistes que le chef spirituel et représentant légal de l’Eglise kimbanguiste, Simon Kimbangu Kiangani, a transmis à tous les Congolais, par la voix du Rév. Matondo Mbiyeye. « Nous n’éprouvons aucun ressentiment vis-à-vis de ceux qui ont assassiné le pasteur qui est devenu un martyr d’une liste déjà très longue », a-t-il avoué. Malgré la douleur qui étreint le cœur collectif des kimbanguistes, « les larmes ne coulent certainement pas des yeux, mais du fond du cœur ».
Le pasteur Mbunga Tusevo Emmanuel est mort au combat, en plein service, arme de prédilection en main, la Bible. Né à Kuilu-Ngongo, territoire de Mbanza-Ngungu, dans le Bas-Congo, le 15 mars 1963. Il a quitté la terre des hommes à fleur d’âge à l’âge de 48 ans.
Successivement concierge, catéchiste, diacre, puis pasteur depuis le 25 juillet 2010, feu Mbunga Tusevo a laissé une veuve, Matondo Lukilunda qu’il a épousée en 1994, et 5 orphelins (2 garçons et 3 filles).
Doté de qualités de pacificateur doublé d’un réconciliateur, comme l’a reconnu Meyi Muzeba, l’un des membres de sa famille, Mbunga Tusevo (Tusevo signifiant sourire, en kikongo, NDLR) a été un véritable serviteur de Dieu. La famille du défunt a remercié le gouvernement d’avoir couvert les frais funéraires.
Il fut pasteur à la paroisse Tuwisana dans la commune de Selembao.
Kléber Kungu

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