jeudi 21 mai 2009

Les démons de la grève toujours présents dans les entreprises publiques
L'Intersyndicale demande le statu quo: reporter l'application de la réforme du portefeuille
L’intersyndicale des entreprises publiques demande au gouvernement Muzito de surseoir à l'application de la réforme des entreprises publiques, conformément aux 4 derniers décrets gouvernementaux publiés le 24 avril par le Premier ministre Adolphe Muzito. Cette demande n'est rien d'autre que le statuo quo que l'Intersyndicale tient à maintenir dans les entreprises publiques. Au regard de la phase dans laquelle la RDC se trouve à ce jour, la demande des syndicats paraît impossible et irréalisable. Les démons de la grève dans les entreprises publiques refusent donc de lâcher prise, malgré tous les signes d'apaisement de la situation observés et toute la lumière que la ministre du Portefeuille Jeanine Mabunda avait apportée dernièrement lors de l'entretien qu'elle avait eu mercredi 13 mai dans son cabinet de travail avec les membres de l'Intersyndicale des entreprises publiques, dont le syndicat de la SNCC.
Une semaine après, l'Intersyndicale des entreprises du portefeuille déterre la hache de guerre en demandant au Premier ministre de surseoir à l'application de ses 4 décrets portant sur la transformation des entreprises publiques soit en sociétés commerciales, soit en établissements publics ou en services publics, tandis que quatre autres seront dissoutes ou liquidées. Ils vont plus loin en menaçant de reprendre le chemin de la grève si leur revendication n'est pas exaucée. Une revendication qui, aujourd'hui, paraît impossible et irréalisable, au regard du niveau que le processus de la réforme des entreprises publiques vient d'atteindre. En effet, après son vote par le Parlement, la loi sur la réforme des entreprises publiques avait été promulguée par le président de la République Joseph Kabila le 7 juillet, avant que le Premier ministre Adolphe Muzito ne la concrétise par la publication le 24 avril 2009 de quatre décrets portant sur la transformation des entreprises publiques en sociétés commerciales, en établissements publics, en services publics ou pour être dissoutes ou liquidées tout simplement.
Avant leur promulgation, les lois ont été présentées et adoptées devant les deux chambres du parlement constituées des élus du peuple, donc de personnalités que les Congolais ont élues pour les représenter et parler en leur nom. Majorité et opposition ayant voté pour ces lois, les parlementaires étaient assurés que les intérêts de la République y étaient préservés.
Un long processus qui a pris autant de temps, d'énergie que d'argent au gouvernement dans son ensemble pour arriver au résultat actuel. Demander au gouvernement de revenir sur ce qu'il a déjà fait, quel gâchis!
Pour mieux comprendre l'importance de la réforme, posons-nous quelques questions aussi d'importance capitale. Lequel des Congolais est satisfait des services que la SNEL et la Regideso nous offrent à ce jour ? Qui est content de la manière qu'est organisé le transport des entreprises de transport de l'Etat? Est-il une personne qui se réjouit de la qualité des aéroports de la République démocratique du Congo? La réponse est sans équivoque: personne. Nous pouvons même aller plus loin dans le questionnement. Pourquoi il y a des grèves à répétition? Pourquoi les salaires des agents des entreprises publiques sont-ils payés en retard et parfois pas du tout? Parce que la gestion des entreprises publiques est loin d'être moderne.

Unanimité: les entreprises publiques ont montré leur limite
A ce jour, les Congolais sont unanimes: les entreprises publiques ont montré leur limite et c'est pourquoi, il faut une nouvelle manière de les gérer. Donc, il faut réformer, il faut changer le mode gestion des entreprises de l'Etat pour qu'elles soient à même de fournir aux Congolais, bénéficiaires de leurs services, les meilleurs des services. Car, la réforme vise à fournir aux Congolaises et Congolais des services de qualité en changeant le mode de gestion des entreprises de l'Etat. Voilà la préoccupation majeure du gouvernement lorsqu'il a initié la réforme de ses entreprises.
En initiant la réforme de ses entreprises, l'Etat a tenu compte de la dimension sociale des agents et cadres des entreprises publiques. Les ordonnances et décrets sur la réforme qui abordent ces questions restent assez clairs à ce sujet. Par exemple, l'objectif poursuivi dans cette réforme est de créer un cadre institutionnel susceptible d'insuffler une dynamique nouvelle aux entreprises du portefeuille de l'Etat en vue d'améliorer leur potentiel de production et de rentabilité, de contribuer au renforcement de la compétitivité de ces entreprises et de l'ensemble de l'économie nationale.
Prise sous cet angle et considérant ces éléments, il n' y a pas de doute que cette réforme vise avant tout le bonheur et le bien-être des Congolais dans leur ensemble.
La préoccupation et le souci des syndicats est compréhensible, mais la crainte qu'ils (préoccupation et souci) soient exagérés. La situation des travailleurs des entreprises publique"s en général constitue la préoccupation du gouvernement, qui n'hésite pas à intervenir chaque fois que la situation l'exige. Partout où cela est exigé, le gouvernement s'y rend sans tergiverser. Des exemples sont légion. Le gouvernement est intervenu à la Minière des Bakwanga (Miba) dans le paiement d'une partie des salaires des agents et cadres alors que l'entreprise est à l'arrêt. La SNCC est l'une des entreprises publiques à avoir bénéficié de « largesses > du gouvernement en obtenant plusieurs fonds pour relancer ses activités et la levée de la grève.
Pourquoi le statu quo ?
Pourquoi les syndicats tiennent au statu quo. Pourquoi ils ne veulent pas entendre parler de la réforme? En dehors de tous les prétextes tissés de fil blanc, la véritable raison de l'agitation des syndicalistes des entreprises publiques est leur souci de maintenir leurs intérêts égoïstes au détriment de ceux de la communauté. Il faut souligner e la plupart de ces syndicalistes sont des membres des comités de gestion aujourd'hui dissous. On peut dès lors vite comprendre la motivation du combat que mènent nos syndicalistes contre la réforme des entreprises publiques. L'heure est au travail. Il revient à chaque mandataire public de mobiliser les travailleurs sur la seule voie du travail pour relever le fi de la relance des activités des entreprises. Les mandataires seront aussi jugés à leur capacité e manager leurs entreprises, de dialoguer avec leur personnel.
Que les syndicats, qui jouent bien leur rôle, ne soient, par contre, des agitateurs à la traîne de certaines personnes qui tirent les ficelles dans l'ombre pour le déclin des entreprises publiques.
Si les grèves aident les travailleurs à obtenir ce qu'ils revendiquent, elles aident
malheureusement les entreprises à perdre du terrain, surtout en cette période très critique et concurrentielle. La conséquence des grèves, c'est que les entreprises qui sont déjà en situation difficile perdent encore plus du terrain. Le port de Matadi est de plus en plus supplanté par ceux, de Pointe Noire au Congo Brazzaville et autres aussi parce que les nombreuses grèves des agents font fuir les clients.
Grèves contreproductives
Une conséquence grave dont tous les Congolais paieront le prix. Les grèves à répétition dans des entreprises sont contreproductives, particulièrement à la SN CC où elles font perdre la confiance des clients et ouvrent la porte à des opérateurs qui mettent des camions pour transporter des marchandises, grignotant sur les parts de marché de la SNCC. Sans oublier ceux des exploitants miniers qui envisagent d'acheter des locomotives et de proposer de louer les rails de la SNCC, faisant ainsi perdre à cette société son monopole d'hier.
Que certains syndicats ne se mettent pas en train de surfer sur les inquiétudes légitimes des travailleurs, en profitant du fait que l'information n'a pas encore assez suffisamment circulé, pour faire de la surenchère et tenter de bloquer le processus. Ils ont plutôt intérêt à aider leurs entreprises à ressusciter, à aller de l'avant s'ils s'inscrivent dans une vision progressiste plutôt qu'en prenant constamment des positions négatives.
En ce qui concerne le personnel et conformément au décret portant mesures transitoires relatives à la transformation des entreprises publiques, rien ne change. Tous les contrats de travail en cours de validité restent en vigueur. Il n' y a donc pas à craindre des licenciements massifs comme la rumeur le fait circuler parfois.
Il faut également faire une différence notable entre la transformation des entreprises publiques et le désengagement. La transformation est une obligation légale tandis que le désengagement ne l'est pas. Le désengagement est aussi progressif. Transformer une entreprise en société commerciale ne veut pas dire que le gouvernement doit s'en désengager forcément. Le désengagement est une stratégie de réforme qui peut s'appliquer dans certains cas ou non et de plusieurs manières possibles. Il ne faut donc pas faire une confusion entre les deux sujets.
Aujourd'hui, chercher à lutter en faveur du report de l'application des décrets gouvernementaux reste un combat d'arrière-garde et d'avance perdu. L'agitation de l'Intersyndicale est inopportune, l'heure étant au travail parce qu'il faut rapidement conclure cette phase pour aller de l'avant, la situation actuelle des entreprises publiques méritant qu’on les réforme.
Kléber Kungu

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