dimanche 16 mai 2010

Åke Eklöf : « Pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des Congolais capables ? »


Missionnaire suédois en retraite
Åke Eklöf : « Pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des Congolais capables ? »
Åke Eklöf est l’un des missionnaires suédois ayant commencé leur mandat en République démocratique du Congo aux années 1960. 74 ans, Åke Eklöf est aujourd’hui en retraite, fier d’avoir rempli son mandat. C’est depuis l’âge de 10 ans que cet enseignant de formation aspirait à devenir missionnaire, après ces nombreux contacts avec des missionnaires venus spécialement de la RDC. Avec son épouse, infirmière de formation, Åke Eklöf va pratiquement habiter Luozi en RDC et le à Pointe-Noire au Congo Brazzaville. A Luozi, il a travaillé au Proscol (Projet scolaire) de la Communauté évangélique du Congo (CEC). Nous l’avons rencontré à la cité de Luozi où il accompagnait la famille Erik Leander venue assister à la finale du tournoi de football dénommé challenge Erik Leander. Partout où il était passé, précisément à Luozi, ce missionnaire, très apprécié par ceux qui l’avaient connu, a laissé de très excellentes impressions. C’est avec cet homme que nous nous sommes entretenu sur l’avenir de la mission, les secteurs d’évangélisation, d’enseignement et de l’œuvre médicale, la santé financière de nos paroisses.

Quels sentiments éprouvez-vous, comme missionnaire, lorsqu’en revenant dans vos anciennes missions, vous revoyez vos œuvres ?

Ce sont les sentiments de grande joie de revoir Luozi, de revoir des amis. Si vous pensez à l’œuvre du Proscol [Projet scolaire, NDLR], il y a quand même des écoles qui fonctionnent bien, tandis qu’il y a d’autres où, faute, de moyens financiers, on n’a pas pu faire ce qu’on voulait faire. Sinon, d’une façon générale, les écoles de la CEC fonctionnent relativement bien, pour ne pas dire très bien.

En dehors des écoles, il y a quand même des œuvres, même si vous n’avez pas évolué dans ces secteurs-là, que vous pouvez voir : des temples, des hôpitaux construits avec la coopération des Suédois. Quels sentiments éprouvez-vous en les revoyant ?

Il y a aussi certains hôpitaux, vus par exemple en 2007 quand on était ici, on regrette certaines salles qui ne sont plus comme par le passé. Il semble que certaines choses ont fait un recul par rapport aux années 1980, 1990.

Après plusieurs années de coopération avec vos missions, spécialement la CEC, avez-vous le sentiment d’avoir beaucoup fait pour ces missions pour qu’elles puissent évoluer aujourd’hui seules ou que vous n’avez pas fait assez pour que vous continuiez à les aider à évoluer ?

Je sais qu’il y a un fait que l’Eglise locale puisse faire un peu mieux dans certains domaines, surtout dans l’économie, tout en reconnaissant que les populations locales sont très pauvres. Mais j’ignore si on peut améliorer certaines choses au niveau du Bureau central ou de l’organisme en général pour pouvoir collecter beaucoup plus d’argent pour gérer l’Eglise. C’est vrai qu’on va bientôt couper les subsides, mais je pense que c’est mieux pour la population de savoir que maintenant c’est fini, maintenant c’est à nous. Parce que, si on va toujours avoir tendance à trop espérer de l’extérieur, mais quand on est obligé, c’est la vie ou la mort. A ce moment, on s’efforce à un peu plus et ça sera le résultat de ce moratoire, comme on dit.

L’enseignement, l’œuvre médicale et l’évangélisation sont les domaines dans lesquels les missionnaires sont le plus intervenus. Y a-t-il un domaine que vous estimez aujourd’hui qui a bien réussi par rapport aux autres ? Si oui, lequel et pour quelles raisons ?

Je ne connais pas bien le secteur d’évangélisation, seulement on est impressionné de voir beaucoup de personnes dans le temple ; l’ambiance et les chansons nous frappent. Souvent l’impression la plus forte de ceux qui n’ont jamais été ici est le culte avec les groupes des gens qui chantent, mais comme je sais que beaucoup de paroisses augmentent sensiblement avec les membres, on peut dire que l’évangélisation a quand même beaucoup réussi. Peut-être y a-t-il des domaines qui n’ont pas réussi, mais quand on parle de l’œuvre médicale, je ne suis pas capable de juger, je sais qu’il y a certaines choses, du point de vue de l’équipement, qui ont peut-être diminué ; il y a beaucoup des écoles qui manquent de moyens financiers pour mieux faire, d’avoir plus de livres, plus de matériel et même d’équipement (pupitres, chaises, etc.). On souhaite que les élèves étudient dans de meilleures conditions.

Revenons à l’évangélisation où vous avez évoqué l’augmentation de paroisses et de paroissiens. Est-ce une bonne chose d’avoir beaucoup de paroissiens mais à faible revenu ?
C’est vrai que quand il y a beaucoup de paroissiens, on souhaite avoir un meilleur revenu. Mais, c’est là qu’il y a une faiblesse. Je ne sais cependant pas si c’est leur attitude vis-à-vis de la direction de l’Eglise ou de la paroisse. Mais généralement, quand il y a beaucoup de personnes, on devait donner le meilleur résultat. Comparé au consistoire ici, notre consistoire regroupe environ 110 ou 120 paroisses, mais le nombre de membres ne dépasse pas les 6 000 des 7 paroisses du consistoire de Luozi. Vous voyez donc que ce sont les paroisses énormes à notre point de vue.

On remarque de moins en moins de missionnaires dans nos missions. Peut-on conclure que le mandat des missionnaires est arrivé à sa fin ?

Plus ou moins. Je sais que depuis les années 1980, la plupart des missionnaires ont travaillé dans des projets différents (Proscol, Prosan, Prodaf, Prod’eau… [Projet scolaire, Projet de santé, Projet de développement agricole et forestier, Projet d’adduction d’eau, NDLR]). Il y a maintenant beaucoup de compétences, beaucoup de Congolais bien formés, ce qui n’était pas le cas dans les années 1960, 1970, mais petit à petit cela a augmenté. Mais pourquoi envoyer des Suédois quand il y a des personnes capables ? C’est vrai que l’échange d’idées donne parfois des fruits dans la collaboration. Je souhaite moi-même que cela continue pendant quelques années, même s’il n’y a pas beaucoup de Suédois, mais quelques-uns peuvent collaborer dans certains projets, dans certaines paroisses pour échange d’idées, car parfois celui qui vient de l’extérieur voit des choses que l’autre ne voit pas. Nous souhaitons que les Congolais viennent aussi en Suède dans le cadre des jumelages des consistoires ; l’échange du personnel paraît une bonne chose.
Propos recueillis par Kléber Kungu

1 commentaire:

  1. Bonsoir,
    Je me souviens encore de monsieur Ake Eklof (missionnaire suedois) qui était mon professeur à EPI (Ecole de Pasteurs et d'Instituteurs)/Kimpese, à partir de l'année scolaire 1966/1967 dans la province du Kongo Central en République démocratique du Congo,Afrique.Est-ce bien lui?

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