mardi 2 juin 2009

« Développement du Congo : promesses, faillites et défis » présenté à la Banque mondiale


Livre de Bob Tumba
« Développement du Congo : promesses, faillites et défis » présenté à la Banque mondiale
La République démocratique du Congo va mal, très mal. Sa situation économique est loin d’être reluisante. Comment ce grand géant de l’Afrique centrale a dégringolé si bas ? Comment ce pays qui avait, au sortir de son indépendance en 1960, un produit intérieur brut (PIB) de 20 milliards de dollars doit se retrouver, près d’un demi-siècle plus tard, avec le quart, soit 4 milliards en 2006 ? Et pourtant ce ne sont pas les atouts qui lui manquent : ressources naturelles de toute sorte, mais surtout le potentiel humain. Mais justement, la RDC souffre de son potentiel humain. C’est cette problématique que Bob Tumba Matamba, le numéro 2 de Tigo, a développée dans son livre « Développement du Congo : promesses, faillites et défis » qu’il a présenté vendredi 29 mai au siège de la Banque mondiale à quelques ONG de droits de l’homme et autres, et devant quelques employés de cette institution financière internationale, au cours d’un café littéraire, modéré par le professeur Philippe Biyoya.
La courte recension présentée brillamment par l’auteur, économiste de formation, a ouvert un débat aussi enrichissant que critique, devant des employés de la Banque mondiale particulièrement intéressés par la matière traitée dans le livre. L’auteur a présenté la problématique de la situation économique de la RDC allant de mal en pis, en dépit de ses nombreux atouts, notamment humains.
« Ce qui me frappe, c’est l’allure des facteurs économiques de la RDC », a annoncé Bob Tumba, s’appuyant sur des courbes économiques démontrant la descente aux enfers de la RDC, un pays dont le produit intérieur brut (PIB) en 1960 – année de son indépendance – était de 20 milliards de dollars pour 4 milliards en 2006, année de publication de son livre, qui marque une tendance baissière. Quant au budget national, il est passé de 4 milliards de dollars en 1960 pour moins d’un milliard de dollars en 2009, tandis que le revenu par habitant est descendu de 20 milliards de dollars pour 13 millions d’habitants en 1960, soit 400 dollars pour 4 milliards de revenu par habitant pour plus ou moins 70 millions d’habitants à ce jour.

« Où sont les hommes dans cette terre ? »
Devant une telle situation économique, Bob Tumba, président, depuis 2003, de la filiale congolaise de la multinationale Millicom International Cellular S.A., interpelle les Congolais en s’interrogeant, la mort dans l’âme : « où sont les hommes dans cette terre ? Cette tendance est-elle génétique ? S’appuyant sur les facteurs qui sous-tendent le développement, qui sont de deux ordres – objectifs (histoire, géographie, ressources naturelles) et subjectifs (culture, société, leadership), l’auteur se pose encore quelques questions sur la situation économique, l’état de sous-développement de son pays. « Est-ce que le sous-développement est chronique ? Est-ce que les amis de l’extérieur (Banque mondiale, le FMI) sont-ils utiles ? Est-ce que l’Etat est utile ? »
In fine, l’auteur arrive à cette conclusion malheureuse et si évidente et à laquelle bien des analystes sont déjà arrivés : « c’est l’homme qui est le facteur important de développement. Si on est sous-développé, c’est à cause du Congolais, de l’homme. » Et il ne s’empêche pas de s’offrir un exemple, celui du Japon, un pays qui a su potentialiser le capital humain qui est à la base du développement du pays, qui n’a presque rien comme ressources naturelles. Voilà pourquoi l’auteur propose un leader instruit, consciencieux et idéaliste.
Dans le débat qui s’est ensuivi, plusieurs intervenants sont revenus sur cette constatation fort évidente : le développement d’un pays dépend de l’homme qui, lui, tire sa force de son éducation. L’éducation et le leadership constituent le socle de la problématique du développement. L’éducation, a estimé un des participants, est le seul défi.
Pour certains, alors qu’il ne disposait pas un grand nombre d’universitaires, le pays était bien dirigé à l’époque. Thèse que Bob Tumba, licencié en économie à l’université Lovanium de Kinshasa (aujourd’hui Unikin) et ancien directeur général du premier réseau de téléphonie cellulaire GSM au Congo, va presque balayer en faisant ce diagnostic, selon lequel, en 1960, la RDC ne disposait aucun médecin, aucun universitaire et 500 prêtres et que le premier président n’était qu’un bourgmestre qui n’avait fait que 3 mois comme bourgmestre. En conclusion, ceux qui avaient dirigé le pays à cette époque « avaient échoué pour n’avoir pas été préparés à gérer le pays ».
Par ailleurs, le rôle de la Société civile a été souligné remarquablement dans le fonctionnement d’un pays qui est divisé généralement en société politique (partis politiques) et société civile (forces vives, opinion publique, syndicats, médias, confessions religieuses, ONG, patronat…).
Pour l’auteur, il appartient à « la société civile de donner un modèle économique d’un pays, de créer une idéologie nationale ». En dépit de la richesse potentielle du pays sur laquelle tous s’accordent, « qu’est-ce qu’il faut pour sortir du sous-développement ? Y a-t-il un plan de développement national ? » S’est interrogé Bob Tumba, en ajoutant « dans combien de temps nous devons retrouver le niveau du PIB de 1960 ».

Question de vision
La Banque mondiale a accordé une si grande importance à la matière traitée dans l’ouvrage de Bob Tumba qu’elle a été représentée à un haut niveau par son directeur des Opérations pour l’Afrique centrale, Marie Françoise Marie-Nelly. Celle-ci a relativisé la situation de sous-développement de la RDC, tout en reconnaissant qu’elle est loin d’être reluisante. Pour elle, la courbe de la situation de sous-développement de la RDC ne doit pas être trop descendante, car vers 2005, le pays a connu quand même une certaine croissance économique.
Dans son questionnement d’experte en matière économique et de développement, Marie Françoise Marie-Nelly a placé les Congolais devant leurs responsabilités pour la situation de leur pays. « Que pensent les Congolais sur la marche de leur pays ? », a-t-elle déclaré, tout en se demandant si les choix économiques faits après l’indépendance avaient réussi. A l’époque, le Katanga avait été choisi pour s’occuper de l’économie du pays avec la Gécamines, et la SNCC et l’Onatra pour l’évacuation et le transport des produits.
S’appuyant sur la Côte d’Ivoire et le Rwanda, Marie Françoise Marie-Nelly invite les Congolais à s’interroger sur la nouvelle vision de leur pays dans 10 ans, 15 ans. Le premier pays, dont les dirigeants ont voulu faire de leur pays un éléphant d’Afrique et le second – le plus proche de la RDC – qui a développé son café et son tourisme – en instaurant un tourisme des riches et non des pauvres - au point qu’aujourd’hui tout le café rwandais est vendu aux Etats-Unis et que le tourisme fait entrer 30% au budget national.
Toutefois, le directeur des Opérations pour l’Afrique centrale a relevé la nécessité de consolider la paix étant donné que l’impact des conflits a été pour beaucoup dans la situation économique de la RDC.
« Développement du Congo : promesses, faillites et défis » de Bob Tumba est le énième livre écrit par un compatriote congolais contribuant à tirer la sonnette d’alarme sur la situation de sous-développement du pays. Comme d’autres qui l’ont précédé et certains qui seront écrits ultérieurement, cet ouvrage a-t-il atteint ou atteindra-t-il sa cible pour que son message ait un écho favorable ? La réponse affirmative est tout un défi à relever.
Préfacé par Lye Mudaba Yoka, « Développement du Congo : promesses, faillites et défis »
Kléber Kungu


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire