mercredi 9 janvier 2013
Près de 900 conducteurs des poids lourds Kinshasa-Boma en grève
Route Kinshasa-Boma
Près de 900 conducteurs des poids lourds Kinshasa-Boma en grève
C’est depuis lundi 7 janvier que près de 900 conducteurs et convoyeurs des poids lourds qui exploitent la route Kinshasa-Matadi-Boma ont mis à exécution leur menace après l’avoir proférée samedi 5 janvier. A l’occasion de l’entrée en vigueur de ce débrayage, ils ont organisé une marche de protestation à Matadi pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail qu’ils jugent « précaires».
Les conducteurs et convoyeurs des véhicules dits poids lourds desservant la route Kinshasa-Matadi-Boma, dans la province du Bas-Congo n’ont pas hésité à mettre à exécution leur menace de grève lancée 48 heures plus tôt. Ils ont débrayé le mouvement de grève lundi 7 janvier et sont prêts à l’endurcir tant qu’ils ne trouveront pas de réponse à leurs revendications.
Pour le président urbain du syndicat de la Fédération des ouvriers du transport routier du Congo (FORC), André Tshikoji, les chauffeurs ne reprendront du service qu’une fois leurs revendications satisfaites. Une délégation de la FORC séjournerait déjà à Kinshasa pour discuter avec le ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, Modeste Bahati Lukwebo.
Ils étaient près de neuf cents conducteurs et convoyeurs réunis pour organiser la marche de protestation à Matadi. Ces conducteurs dont l’âge varie entre 30 et 65 ans sont brutalement descendus dans les rues de Matadi par centaines, lundi 7 et mardi 8 janvier dernier en scandant des cris hostiles à leurs patrons qu’ils accusent de plusieurs maux. Le même mouvement de va et vient, avec rameaux à la main, a été constaté tôt matin de mercredi 9 janvier. Les manifestants déclarent avoir déposé un mémorandum il ya de cela quelques semaines, auprès des autorités de la province pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions de travail.
Auprès du Maire de la ville, Jean-Marc Nzeyidio Lukombo où ils sont allés exprimer leurs préoccupations, l’autorité urbaine a, après examen de la situation avec débat, déclaré fondées les revendications des conducteurs d’autant plus que tout travail, a-t-il renchéri, mérite salaire. Ainsi, une réunion a été immédiatement convoquée par le n° 1 de la Ville mardi 8 janvier à laquelle avaient pris part le Maire adjoint, le représentant du ministre provincial du Travail, les responsables des Sociétés de transport poids lourds basés à Matadi, le président national de la délégation du syndicat Fédération des ouvriers de transports routiers du Congo, la délégation des chauffeurs des véhicules Poids lourds…
Il ressort de cette rencontre que des instructions sur les dispositions à prendre localement ont été données aux responsables des Sociétés de transports poids lourds pour le maintien de l’ordre public et de la paix pendant tout le temps que va durer la grève. S’agissant des revendications formulées par les grévistes, étant donné que leur cahier de charges a été introduit par leur syndicat auprès du Ministre national du l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance Sociale, la solution ne peut provenir que de négociations qui doivent être amorcées, à Kinshasa, entre le ban patronal et le syndicat sous l’égide du Ministre national de l’ETPS.
Et, pendant que l’arrêt de travail se poursuit de plus belle, et ce, jusqu’à l’obtention de la satisfaction à toutes les revendications contenues dans le cahier de charge de ces chauffeurs Poids lourds, responsables des Sociétés de transports Poids lourds et grévistes ont été conviés au strict respect des clauses de la grève.
Dans l’entretemps, au Port de Matadi et de Boma, c’est le blocage. Tous les conteneurs et autres marchandises dédouanés ne sont pas évacués. Ceci cause préjudice auprès des partenaires de la SCTP dans la mesure où cette dernière est tenue de taxer au jour le jour toute marchandise déjà dédouanée qui traîne encore dans ses installations.
« Conditions non-conformes au code du travail »
Saisissant cette occasion, le président urbain du syndicat de la Fédération des ouvriers du transport routier du Congo, André Tshikoji a déclaré que les conditions de travail qui leur sont imposées par les employeurs « ne sont pas conformes au code du travail ». Le maire de la ville de Matadi a invité les grévistes « à la discipline » en indiquant que le droit de grève était reconnu par la loi congolaise.
Saisi de cette situation, le ministre Modeste Bahati Lukwebo avait affirmé la semaine dernière être conscient de mauvaises conditions dans lesquelles les conducteurs des poids lourds et leurs auxiliaires travaillent en promettant de s’impliquer pour qu’une solution soit trouvée à leurs revendications.
«Dans ce secteur, il y a beaucoup de violations de la législation en matière du travail. Les conséquences sont telles que (…) cela occasionne plusieurs accidents. Quand il y a accident suite à la fatigue, à la somnolence ou à la faim, cela peut entraîner mort d’hommes, mais aussi des dégâts matériels énormes», a-t-il récemment reconnu.
Mais les responsables des entreprises de ce secteur jugent non fondées les revendications de leurs employés et estiment les traiter conformément à la législation congolaise.
Si cette grève perdure, elle risque d’occasionner à Kinshasa une pénurie en biens provenant de l’étranger qui entrent au pays via les ports de Boma et de Matadi. Outre le train, ces biens sont aussi acheminés dans la capitale de la RDC par camions, particulièrement par des véhicules poids lourds.
Donc, les Kinois, friands de poissons chinchards, du poulet et d’autres produits surgelés doivent beaucoup prier pour que les conducteurs et convoyeurs des poids lourds ne durcissent pas leur mouvement de grève. En d’autres termes, qu’employeurs et conducteurs des poids lourds trouvent vite la solution à ce problème. Sinon, l’assiette du Kinois souffrira vite du manque du poisson Thomson.
D’aucuns s’interrogent ce qui a pu pousser les grévistes à déclencher ce mouvement alors que cette situation n’est pas d’hier.
Charles Nguvulu & Kléber Kungu
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