mercredi 30 janvier 2013
L’Ouganda sommé de rembourser 10 millions d’euros d’aide à ces pays
La Norvège, la Suède, le Danemark, l’Irlande haussent le ton
L’Ouganda sommé de rembourser 10 millions d’euros d’aide à ces pays
Trois nouveaux pays réclament le remboursement des aides versées à l'Ouganda d’un total de 9,9 millions d’euros après la découverte d'un vaste détournement de fonds. La Norvège, la Suède et le Danemark exigent maintenant un remboursement partiel pour la première et intégral pour les autres, des sommes versées à l’Ouganda et détournées par les fonctionnaires du cabinet du Premier ministre, Amama Mbabazi. L’Ouganda a bénéficié d’aides au développement versées par la Norvège, la Suède et le Danemark. Un audit du Contrôleur général du gouvernement ougandais avait révélé en octobre dernier que 10 millions d'euros d'aide internationale avaient indûment atterri dans les comptes des fonctionnaires du cabinet du Premier ministre Amama Mbabazi.
Aujourd’hui, les pays scandinaves, à l’instar de l’Irlande en novembre dernier, demandent à l’Ouganda de rembourser les sommes qui ont été détournées par les fonctionnaires du cabinet du Premier ministre.
Les trois pays scandinaves exigent aujourd’hui à Kampala le remboursement de l’aide qu’ils lui avaient octroyée. La Norvège réclame le remboursement de 3,1 millions d'euros. « Nous avons demandé à être remboursés de 23 millions de couronnes norvégiennes (3,1 millions d'euros) et on nous a promis que nous le serions », a déclaré Astrid Versto, porte-parole du ministère norvégien de l'Aide au développement.
Contrairement aux autres donateurs qui exigent la restitution de toutes les sommes versées, la Norvège ne demande que le remboursement des montants détournés. « L'aide norvégienne était versée sur un compte spécifique et on a donc un meilleur contrôle de l'usage qui a été fait de notre argent, alors que les autres pays abondaient un compte commun », a expliqué Mme Versto.
Le Danemark a, lui, annoncé avoir reçu l'assurance que la totalité de son aide de 10 millions de couronnes danoises (1,3 million d'euros) lui serait rendue.
La Suède, par la voix de l’une porte-parole de l'Agence d'aide au développement international (Sida) a indiqué que des négociations étaient en cours pour le remboursement de 45 millions de couronnes suédoises (5,2 millions d'euros).
Au mois de novembre dernier, l’Irlande affirmait que l’Ouganda s’était engagé à lui rembourser 4 millions d’euros. Dublin venait en effet de découvrir que la somme, destinée à la reconstruction du nord de l’Ouganda - région dévastée par des décennies de conflit -, avait été détournée par les fonctionnaires du cabinet du Premier ministre, Amama Mbabazi.
Suspensions des aides
Après que l’Irlande eut décidé de la suspension, début novembre, des 16 millions d’aide à l’Ouganda pour 2013 et exigé un remboursement, la Grande-Bretagne avait également gelé ses versements. Les sommes étaient initialement destinées aux régions ravagées par 20 ans de guerre contre l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, sanglante rébellion tristement célèbre pour ses enlèvements d'enfants et qui a sévi jusqu'en 2006 dans le Nord de l'Ouganda, avant d'en être chassée.
L'Ouganda est classé au 130e rang des pays perçus comme les moins vertueux en matière de corruption sur une liste de 174 États, selon un indice dressé par l'ONG Transparency International. Le Premier ministre ougandais, Amama Mbabazi, a assuré ne pas avoir été au courant des malversations et rejeté les appels à la démission.
Si aucun remboursement d’aide au développement n’a encore été effectué jusqu’à aujourd’hui, des suspensions de versement ont cependant déjà été pratiquées. La Grande-Bretagne a notamment renoncé à son apport de 21 millions de livres (26 millions d’euros) au Rwanda pour le mois de décembre, en raison des engagements de Kigali aux côtés de la rébellion du M23 en République démocratique du Congo (RDC).
Quatre autres pays– les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède – ont également cessé de verser une partie de leur aide à ce pays.
L’Ouganda, ainsi que le Rwanda, est accusé par des experts de l’Onu comme soutenant les rebelles du M23 qui sont en guerre contre l’armée régulière depuis mai 2012. Kigali et Kampala ont toujours rejetés ces accusations.
Kléber Kungu
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