jeudi 17 janvier 2013
Kinshasa et le M23 dans le vif des négociations
Pourparlers de Kampala
Kinshasa et le M23 dans le vif des négociations
Un mois après leur ouverture, les pourparlers de Kampala entre Kinshasa et le M23 à Kampala ont à peine véritablement commencé mercredi 16 janvier après que les deux parties se sont accordées sur le programme des négociations. Lors d’une séance plénière, la délégation du M23 a exposé tous ses griefs. Kinshasa devrait répondre jeudi au cours d’une plénière qui poussera les deux parties à débattre.
Les délégations du gouvernement et du M23 ont toutes deux accepté et signé un ordre du jour de négociation qui comprend l’examen de l’accord du 23 mars 2009 entre Kinshasa et la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), la situation sécuritaire du pays et la situation sociale, politique et économique.
Il a échu à la délégation du M23 de lancer le débat. Dans une sorte de déclaration politique générale, le chef de la délégation des rebelles du M23, François Rucogoza, a, dans un long texte, expliqué la vision de son mouvement sur les élections de novembre 2011, critiqué l’organisation de l’armée, de la police, des services de sécurité. Il est aussi entré dans les détails de la justice, de la Cour constitutionnelle qui n’existe pas encore et dans la gestion du pays, jusque dans les contrats miniers.
Pour répondre à tous les griefs du M23 lors d’une nouvelle séance plénière, le gouvernement congolais a demandé une nuit de réflexion.
A moins d’un handicap de dernière minute, tous les indicateurs permettent de croire qu’avec la plénière de jeudi 17 janvier, c’est parti une fois pour toutes avec tous les points prévus à l’ordre du jour de ces pourparlers sur la situation de l’Est de la RDC qui peuvent aller jusqu’au 31 janvier, les badges d’accréditation des participants à ce dialogue, nous rapporte-t-on, ont une durée de validité fixée au 31 janvier.
Quatre points à l’ordre du jour
Quatre principaux points sont inscrits à l’ordre du jour, à savoir : la revue de l’Accord de paix du 23 mars 2009 que le gouvernement congolais avait signé avec le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), les questions sécuritaires, les questions sociales, politiques et économiques et le plan de mise en œuvre.
La revue de l’Accord de paix du 23 mars 2009 prévoit l’évaluation de la mise en œuvre de cet accord et le mécanisme pour la mise en œuvre de cet Accord ainsi que les questions connexes.
Les participants aux pourparlers de Kampala débattront cinq points dans les questions sécuritaires. Il s’agit notamment de la problématique de l'insécurité en RDC, de la libre circulation des personnes et des biens, des questions relatives au fonctionnement des services de sécurité et de la défense et celles liées à l'ordre public, de la restitution des biens publics et privés pillés dans le territoire occupé sous contrôle des rebelles du M23 et de la réparation des dommages du fait de la guerre.
Pour les questions sociales, politiques et économiques, les délégués débattront de la violation de la Constitution (notamment Cour suprême de justice), de la violation des droits de l'Homme (création d'une Commission indépendante des droits de l'Homme), de l’application effective de la loi sur la nationalité et sa mise en œuvre sur le terrain (la lutte contre la discrimination), de la gestion politique, sociale et économique du pays, des déséquilibres géopolitiques dans le développement de la RDC (marginalisation), de la libération des détenus politiques et des prisonniers de guerre, de l’amnistie générale pour faits de guerre et faits insurrectionnels ainsi que du scrutin du 28 novembre 2011 (notamment Commission électorale nationale indépendante, Céni).
Enfin, au quatrième point de l’ordre du jour, le plan de mise en œuvre, il sera question de l’étude du mécanisme de mise en œuvre, de suivi et d'évaluation de l'Accord de Kampala. C’est-à-dire qu’il sera question de la façon dont sera appliqué le tout nouvel accord.
Les pourparlers de Kampala ont commencé le 9 décembre dernier. Après l’adoption d’un règlement intérieur le 18 décembre, les négociations étaient bloquées, les rebelles du M23 ayant conditionné toute poursuite des pourparlers à la signature d’un cessez-le-feu. Ce que le gouvernement refusait. Trois jours plus tard, la facilitation avait dû suspendre les pourparlers, en raison des fêtes de fin d’année, avant leur reprise le 11 janvier après que les rebelles ont renoncé à leur exigence sur la signature du cessez-le-feu.
L’opposition exclue elle-même
Alors que les pourparlers de Kampala ont pris une vitesse de croisière, l’opposition politique congolaise ne cesse de multiplier des déclarations pour exiger sa participation au dialogue entre Kinshasa et le M23 qu’elle avait auparavant boycottée.
Le médiateur ougandais Crispus Kiyonga a réservé une fin de non-recevoir à la demande de l’opposition congolais, estimant qu’il n’était plus possible de rajouter des participants à ce stade des travaux. L’opposition congolaise ne pourra pas venir à Kampala en tant que composante invitée par la médiation ougandaise. L’Ouganda respecte strictement la feuille de route tracée par la conférence des pays des Grands Lacs : il s’agit d’une discussion entre le gouvernement de Kinshasa et le M23. Il n’y a pas de place pour quelqu’un d’autre.
Donc pour participer, il ne reste plus à l'opposition que le choix d’intégrer soit la délégation gouvernementale ou bien celle du M23. Malheureusement, il est très difficile pour l’opposition congolaise de se ranger aux côtés du gouvernement congolais.
L’opposition congolaise s’était fait exclure elle-même après avoir dit déjà non à une première invitation. En outre, comment se ranger aux côtés d’un pouvoir dont elle ne cesse de contester la légitimité du pouvoir ?
Pour le porte-parole du gouvernement, le ministre Lambert Mende, la participation de l’opposition aux pourparlers de Kampala en tant que composante risque de dédouaner le M23 de ses crimes.
Il reste une seule piste : se mettre aux côtés du M23, qui ne demande pas mieux que de voir ses rangs s’élargir. Mais c’est loin d’être si simple que cela. Il s’agit d’un mouvement armé, qui a été qualifié de force négative au caractère criminel et qui est accusé d’être au service du Rwanda.
Si d’autres opposants comme Roger Lumbala n’ont pas hésité de franchir le pas, il n’est pas aisé pour d’autres de le faire. Un choix difficile à faire, un choix quasiment suicidaire pour des politiciens qui tiennent à leur survie politique. Car, pour tout Congolais, tous ceux qui auront ou ont eu le culot de se ranger aux côtés de la rébellion, se verront exclure ou se sont exclus eux-mêmes de leurs cœurs, en acceptant de se ranger aux côtés de ceux qui ont pris des armes pour tuer leurs compatriotes.
Voilà comment l’opposition ne va pas participer à ce dialogue qui est en train de traiter de grandes questions du pays. Peut-être avait-elle cru, à l’époque des tractations, que le dialogue ne vaudrait rien.
Pour le moment, elle n’a qu’à attendre la tenue du grand débat national proposé par le président Joseph Kabila et qui se tiendra à Kinshasa.
Ils sont présidés par le facilitateur ougandais, le ministre de la Défense, le Dr Crispus Walter Kiyonga. La délégation du gouvernement congolais est dirigée par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et celle du M23 par son Secrétaire exécutif, François Rucogoza.
A ce jour, ces pourparlers ont, à ce jour, connu la participation d'observateurs des pays et organisations suivants: la Belgique, les États-Unis d'Amérique, la France, la Norvège, le Royaume-Uni, la Monusco, l'Union africaine et l'Union européenne.
Kléber Kungu
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