samedi 12 janvier 2013
Pourparlers de Kampala : L’ordre du jour adopté, le facilitateur confiant
Pourparlers de Kampala
L’ordre du jour adopté, le facilitateur confiant
Les pourparlers de Kampala ont repris avec un retard d’une semaine. Toutefois, ils ont franchi un grand pas avec l’adoption de 4 points devant constituer l’ordre du jour du dialogue : Il s’agit de l’évaluation de l’accord de paix du 23 mars 2009 conclu par le gouvernement et l’ex-rébellion du CNDP ; des questions sécuritaires ; des questions sociales, politiques et économiques ainsi que du mécanisme de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation de l’accord de Kampala. Le Facilitateur ougandais, le Dr Crispus Walter Kiyonga n’a pas hésité à être confiant en l’avenir.
Alors que leur reprise était annoncée le 4 janvier, les pourparlers entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 ont repris, vendredi 11 janvier à Kampala, après avoir été suspendus le 21 décembre pour cause des festivités de fin d’année et le blocage lié à la question de la signature du cessez-le-feu réclamée par les rebelles du M23. Au cours de la séance de vendredi, quatre points qui doivent constituer l’ordre du jour du dialogue ont été adoptés.
A l’issue de la plénière, le facilitateur, ministre ougandais de la Défense, Crispus Walter Kiyonga, s’est dit confiant en l’avenir: «Les deux parties sont effectivement engagées dans le dialogue. On a presque finalisé l’ordre du jour. Il y a quelques virgules, quelques points qu’il faudrait ajuster. Mais, nous allons finaliser et signer cet ordre du jour. Ce qui reste ne constitue pas des points importants», a-t-il déclaré.
Les discussions sur cet ordre du jour avaient bloqué pendant cinq jours les pourparlers, avant leur suspension le 21 décembre dernier pour les festivités de fin d’année. Le M23 exigeait du Gouvernement la signature d’un cessez-le-feu, à laquelle Kinshasa s’est opposé catégoriquement.
Cessez-le-feu unilatéral
Mais, le 8 janvier, quatre jours après la reprise officielle du dialogue, le M23 avait annoncé un cessez-le feu unilatéral et promis de reprendre les discussions, en dépit de l’absence de cessez-le-feu avec le gouvernement congolais.
«Dès à présent, le M23 est prêt à poursuivre les négociations sur les points inscrits à l’ordre du jour », avait déclaré François Ruchogoza, chef de la délégation rebelle à Kampala, malgré l’absence d’un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement congolais.
Avec l’adoption de l’ordre du jour, peut-on croire à une poursuite sans anicroches des pourparlers pourtant dits tendus face aux positions extrêmes des deux parties ? Peut-on donc croire à la bonne foi des rebelles dont les agendas ne font plus mystère ?
L’adoption de l’ordre du jour des pourparlers intervient alors que de l’autre côté de la Centrafrique, mieux à Libreville, capitale de la République gabonaise, le gouvernement centrafricain et les rebelles de la Séléka qui sont aussi en pourparlers ont obtenu un accord.
En effet, après trois jours des pourparlers très difficiles, le médiateur Denis Sassou Nguesso a obtenu l’accord de principe de la rébellion centrafricaine à un cessez-le feu d'une semaine avec le régime du président Bozizé.
Ce qui signifie que, pour l'instant, la rébellion abandonne son exigence d'un départ immédiat du dirigeant centrafricain du pouvoir. Cette concession d'une rébellion victorieuse sur le terrain est cependant soumise à plusieurs exigences fortes que doit accepter François Bozizé, ce qui explique qu'aucune déclaration finale n'ait été encore publiée.
"Les forces mercenaires venues d'Afrique du Sud doivent quitter le territoire centrafricain, les prisonniers politiques doivent être libérés sans conditions pendant la même période", a affirmé M. Ndjadder. La rébellion demande également la nomination d'un nouveau Premier ministre issu de l'opposition.
Comme à Kampala, les rebelles du M23 abandonnent leur exigence d’avoir à tout prix la signature d’un cessez-le-feu de la part de Kinshasa…
Que cache alors l’adoucissement de la position des rebelles du M23, eux qui tenaient mordicus à arracher coûte que coûte la signature d’un cessez-le-feu du gouvernement congolais, sinon ils claqueraient la porte des pourparlers pour reprendre les armes ? L’accord de Libreville les a-t-il inspirés, eux qui ont toujours clamé haut et fort qu’ils allaient s’inspirer de l’exemple de leurs collègues centrafricains ?
En tout cas, quelque chose, mieux quelque pression, peu importe de quelle direction elle est venue, doit avoir pesé sur les épaules de Jean-Marie Runiga pour qu’il puisse arriver à mettre de l’eau dans son vin. Sans doute, lui qui adore tenir la Bible d’une main et le kalachnikov de l’autre, a-t-il entendu la voix de celui qu’il prétend servir dans son Eglise Jésus Seul Sauveur (JSS)– à supposer qu’il le serve comme il faut.
Organisation criminelle
Si ce n’est pas la pression, les hommes de Sultani Makenga que Kinshasa qualifie d’organisation criminelle, doivent sans doute avoir obtenu quelque chose de plus intéressant en contrepartie du changement de leur position.
A tout prendre, ce qui s’est passé en début de la semaine passée au siège de l’Union africaine n’est pas de nature à maintenir quelqu’un dans la même position. En effet, l’Union africaine et l’Onu se sont réunies le 8 janvier à Addis-Abeba en Ethiopie pour finaliser le mécanisme d’envoi de la future Force internationale neutre (FIN) en République démocratique du Congo à déployer à la frontière entre le Rwanda et la RDC.
Les jours qui viennent ne manqueront jamais de nous apporter les réponses à nos questions.
Mais en attendant, l’optimisme de la Facilitation ne peut pas nous pousser à dormir sur nos lauriers. D’autant qu’au Nord-Kivu, les bruits les plus entendus sont les crépitements des armes, au point où même le silence - c’est-à-dire même si les armes se taisent - est fort inquiétant.
Car, l’ordre du jour adopté, nous estimons que le plus dur est devant nous. L’adoption d’un ordre du jour est une chose, le traitement de ses points en est une autre, plus difficile. C’est là tous les défis que Crispus Walter Kiyonga est appelé à relever.
Kléber Kungu
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