mercredi 9 janvier 2013
Paix au Nord-Kivu : Pourparlers à Kampala ou Force internationale neutre ?
Crise en RDC
Paix au Nord-Kivu : Pourparlers à Kampala ou Force internationale neutre ?
Alors que le deuxième round des pourparlers de Kampala sous l’égide de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), dont l’ouverture officielle devrait intervenir vendredi 4 janvier, continue à se faire attendre, la future Force internationale neutre (FIN) en République démocratique du Congo, elle, commence à prendre corps avec la dernière réunion ministérielle de haut niveau s’est tenue le mardi 8 janvier à Addis-Abeba au siège de l'Union africaine (UA). Où celle-ci et l’Onu se sont activées à mettre en place le mécanisme d’envoi de cette force armée en RDC. D’où la question des Congolais : par quelle voie la paix va-t-elle s’instaurer au Nord-Kivu : les négociations de Kampala ou la Force internationale neutre ?
Il y a peu, le siège de l’UA à Addis-Abeba a abrité une réunion ministérielle de haut niveau à propos de la future Force internationale neutre (FIN) à déployer au Nord-Kivu. A cette réunion présidée par le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, l'Ambassadeur Ramtane Lamamra, ont participé les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays de la région des Grands Lacs, des représentants des organisations régionales concernées, à savoir la Communauté de développement de l'Afrique australe ( SADC), la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ainsi que les Nations Unies et les partenaires bilatéraux et multilatéraux, des chefs d’état-major des pays de la région, mais aussi le conseiller militaire du secrétaire général des Nations unies.
Communication du conseiller militaire de Ban Ki-moon
Les participants ont suivi une communication du général Babacar Gaye, conseiller militaire du Secrétaire général des Nations unies, sur l'action de l'Onu dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2076 (2012) du Conseil de sécurité relative au futur mandat de la Monusco, à la lumière de la requête initiée par l'Afrique en vue de l'opérationnalisation de la Force internationale neutre (FIN) envisagée.
Le Secrétaire exécutif de la CIRGL a fait une présentation sur le Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE) pour l'Est de la RDC et ses activités sur le terrain depuis le 20 novembre 2012. Le représentant de l'Union européenne (UE) a renouvelé l'engagement de l'UE à soutenir les activités du MCVE à travers la Facilité pour la paix en Afrique (APF).
Le facilitateur des pourparlers de Kampala et ministre de la Défense de la République de l'Ouganda, le Dr. Crispus Kiyonga, en sa qualité de représentant du Président en exercice de la CIRGL, a fait le point du dialogue en cours entre le Gouvernement de la RDC et une délégation du M23.
La présidente de la Commission, le Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, a saisi l'occasion de la tenue de la réunion pour interagir avec les ministres et autres chefs de délégation.
Cette réunion a permis d’avancer concrètement sur la formation de la Force internationale neutre (FIN) qui doit être déployée dans l’est de la République démocratique du Congo. Où, un mois après le retrait des rebelles du M23 de la ville de Goma qu’ils avaient occupée le 20 novembre 2012, la situation continue d’être précaire.
Voilà pourquoi les Nations unies et l’Union africaine s’activent en ce moment pour arriver vite à traduire dans le fait l’envoi de cette Force, estimée à 4 000 hommes et destinée, selon ses initiateurs, à combattre les innombrables groupes armés, dont le M23, qui pullulent dans la partie orientale de la RDC.
Pour ne pas disposer de plusieurs forces armées dans la région (les FARDC, les Casques bleus de la Monusco et la FIN) - ce qui équivaudrait à un gaspillage des ressources aussi financières qu’humaines) dont le pays a grandement besoin - les chefs d’Etat des pays membres de la CIRGL avaient décidé que la Force internationale neutre devrait être intégrée à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (la Monusco) déjà présente sur le terrain. Quoiqu’il reste à déterminer ou à clarifier les détails techniques.
Si cette option aura l’avantage de permettre, comme l’a souligné le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Ramtane Lamamra, une stabilité des financements, des ressources et aussi une unité de commandement et d’objectifs, il reste encore, entre autres, à dissiper certaines zones d’ombre entretenues par la mise en place de la FIN.
Imposition de la paix et non maintien de la paix
A Cette Force qui va fusionner avec les casques bleus, la communauté internationale tient à donner toutes les chances de réussir sa mission ou son mandat. Aussi est-il prévu d’énoncer une nouvelle résolution des Nations unies qui accorderait un mandat renforcé, robuste. « Dans le langage des Nations unies, précise Ramtane Lamamra, c’est aussi, cette fois-ci, un mandat d’imposition de la paix et non pas de maintien de la paix, signifiant qu’il y aura un certain nombre d’objectifs exprimés très clairement et que dans la mesure où lesdites tâches ne peuvent pas être accomplies pacifiquement, il sera fait recours à la violence légitime. »
Ramtane Lamamra parle de montrer ses muscles si besoin et assure qu’il n’y aura pas de problème pour constituer cette nouvelle force.
Faudra-t-il croire à la bonne volonté des Nations unies de prendre les taureaux par les cornes en essayant de laver l’affront subi par la Monusco par la prise de Goma que ses casques bleus n’a pas pu empêcher ? Ou la force onusienne a un tel discrédit à ce jour qu’elle s’est enfin réveillée de sa torpeur ou de son attitude d’observateur ?
En effet, le déploiement de la Force internationale neutre va-t-elle soutenir les FARDC ou sera-t-il question que l’armée congolaise se débrouille seule sur le terrain comme elle a toujours l’habitude de le faire ? Est-ce à dire que la FIN incorporera-t-elle certains éléments des FARDC en son sein ?
Des interrogations qui, peut-être à quelques semaines de la concrétisation de ce rêve, n’ont pas encore trouvé de réponses satisfaisantes. Mais en tout cas, il est prévu d’énoncer une nouvelle résolution des Nations unies qui accorderait un mandat renforcé, robuste. « Dans le langage des Nations unies, précise Ramtane Lamamra, c’est aussi, cette fois-ci, un mandat d’imposition de la paix et non pas de maintien de la paix, signifiant qu’il y aura un certain nombre d’objectifs exprimés très clairement et que dans la mesure où les dites tâches ne peuvent pas être accomplies pacifiquement, il sera fait recours à la violence légitime. »
Entre temps, à Kampala où se déroulent les pourparlers avec le gouvernement congolais, les rebelles du M23 sont allés vite en besogne déclarant un cessez-le-feu unilatéral. Mardi 8 janvier, les hommes de Sultani Makenga ont surpris l’opinion tant nationale qu’internationale en annonçant qu'il poursuivrait le dialogue malgré l'absence d'un accord sur la question de cessez-le-feu avec le gouvernement.
Si, avec la réunion d’Addis-Abeba, l’optimisme est permis, un grand pas ayant été franchi, il n’en est pas le cas pour les pourparlers de Kampala qui continuent de traîner les pieds. Un mois après leur début, les négociations entre Kinshasa et le M23 n’ont pas encore enregistré d’avancée significative, d’autant plus que les parties tardent à aborder l’essentiel, après l’approbation, l’adoption et la signature du règlement intérieur.
Malgré ce retard, la communauté internationale donne l’impression de ne plus s’intéresser à cette rencontre. D’où la question de savoir par quel tunnel le Nord-Kivu apercevra-t-il la paix : les pourparlers de Kampala ou la Force internationale neutre ? Dans tous les cas, l’une et l’autre de deux voies ont chacune une mission différente l’une de l’autre. Tant mieux si les deux voies peuvent apporter la paix dans cette province la plus instable de la RDC.
Kléber Kungu
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