mercredi 9 janvier 2013
Les conducteurs des poids lourds menacent d’aller en grève
Axe Kinshasa-Boma
Les conducteurs des poids lourds menacent d’aller en grève
Les conducteurs des poids lourds exploitant l’axe routier Kinshasa–Matadi–Boma et leurs auxiliaires ont menacé d’aller en grève. A la base, leurs mauvaises conditions de travail, notamment la rémunération et les autres avantages sociaux, qu’ils ont dénoncés, samedi 5 janvier.
Les conducteurs des poids lourds dénoncent les mauvaises conditions de travail auxquelles ils sont soumis pour lesquelles ils déclarent avoir introduit depuis 2007 plusieurs revendications concernant leur rémunération et leurs avantages sociaux auprès de leurs employeurs, propriétaires de ces poids lourds. Cependant, ces revendications sont restées sans suite.
Ces conducteurs qui sont regroupés au sein de l’Intersyndicale du secteur du transport routier, estiment que leurs employeurs, constitués en majorité des expatriés, les soumettent à une exploitation inhumaine.
«Les routiers font des missions sans être soutenus. Ils n’ont pas à manger. Ils n’ont pas de logement. Ils n’ont pas de prime. Ils travaillent trente jours sur trente, mais ils sont payés pour vingt-six jours», s’est plaint André Tshikoji, président national du syndicat professionnel des transporteurs routiers. A sa litanie de revendications, il a ajouté le risque d’accidents très mortels de circulation auquel les conducteurs des poids lourds sont exposés sur l’axe Kinshasa-Boma. Et lorsque les routiers meurent, selon lui, «ils sont déclarés déserteurs par ces mêmes employeurs qui font de fausses déclarations à l’INSS (Institut national de sécurité sociale)» pour que leurs familles ne soient pas payées.
Si ces conducteurs mettent en exécution leur menace, les Kinois risquent de connaître une pénurie en biens provenant de l’étranger qui entrent au pays via les ports de Boma et de Matadi. Ces biens sont acheminés dans la capitale de la RDC par camion.
Revendications non fondées
Les employeurs de ce secteur ont réagi en jugeant non fondées les revendications des conducteurs des poids lourds et leurs auxiliaires. Les employeurs ont répliqué en outre qu’ils traitent leurs employés conformément à la législation congolaise.
Le directeur administratif de la société Afritrans, Hilaire Ndjaté, a dénoncé plutôt une anarchie de la part des conducteurs des poids lourds.
«Dans ce pays, il existe un Smig. Je ne sais pas si nos travailleurs touchent en dessous du Smig. Mais, ils touchent le montant prévu par le Smig, et même plus. Il n’y a pas d’inquiétude. Et puis, ils se proposent d’aller en grève en vertu de quoi? Ça c’est une anarchie.»
Les employeurs reprochent à leurs employés d’avoir adressé leurs revendications à l’autorité publique plutôt qu’à eux.
Le ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, Modeste Bahati Lukwebo, pour sa part s’est dit conscient de mauvaises conditions dans lesquelles les conducteurs des poids lourds et leurs auxiliaires travaillent. Il a promis de s’impliquer pour trouver une solution, tout en reconnaissant qu’il existe beaucoup de violations de la législation dans ce secteur.
« Dans ce secteur, il y a beaucoup de violations de la législation en matière du travail. Les conséquences sont telles que (…) cela occasionne plusieurs accidents. Quand il y a accident suite à la fatigue, à la somnolence ou à la faim, cela peut entraîner mort d’hommes, mais aussi des dégâts matériels énormes.»
Il a promis d’affecter un ou deux inspecteurs de travail pour examiner ce dossier et lui faire rapport. «Et nous prendrons des sanctions qui s’imposent », a-t-il menacé.
Ce qui se passe dans le secteur des conducteurs des poids lourds ne révèle qu’une partie infime de l’immensité de mauvaises conditions de travail dans lesquelles bien des Congolais sont soumis par leurs employeurs du secteur privé, pour la plupart des expatriés indo-pakistanais, chinois et autres.
Il y a quelque temps, à l’époque de Marie-Ange Lukiana, alors ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, le secteur de l’emploi a bouillonné avec le déclenchement de quelques manifestations des travailleurs qui dénonçaient les mauvaises conditions de travail auxquelles leurs employés les soumettaient.
Malheureusement, en dépit de tous les espoirs que le ministère de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale a fait miroiter auprès des Congolais, la situation est restée presque la même.
N’est-il vraiment pas temps pour qu’un grand coup de balai soit donné dans ce secteur ?
Kléber Kungu
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