mercredi 30 janvier 2013
Le Mali récupère progressivement l’intégrité de son territoire
Mali
Le Mali récupère progressivement l’intégrité de son territoire
De plus en plus, le Mali récupère l’intégrité de son territoire avec l’aide des soldats français, maliens eux-mêmes et africains, grâce à l’opération Serval, après la reconquête rapide de plusieurs villes naguère occupées par les rebelles depuis plusieurs mois. La dernière en date est Kidal, troisième chef-lieu du Nord du pays occupé, récupéré mercredi 30 janvier. Dans l’entre temps, les politiciens s’affairent à mettre en place la base de la transition et que les donateurs mettent la main à la poche pour permettre aux autorités de transition d’avoir les moyens de sa politique.
Alors que le Mali est en train de récupérer progressivement l’intégrité de son territoire avec l’aide des soldats français, maliens et africains, les institutions de transition de Bamako se tournent déjà au-delà du conflit et se concentrent sur le délicat processus politique.
Mardi 29 janvier, à l’issue d’un long débat, les 139 députés de l’assemblée nationale ont approuvé à l’unanimité la feuille de route de la transition présentée par le Premier ministre Diango Cissoko.
Le texte, adopté la semaine dernière en conseil des ministres, prévoit l’organisation d’élection dès que tout le territoire national sera rétabli sous l’autorité de Bamako. La feuille de route de l’exécutif insiste également sur la nécessité de tenir un scrutin transparent grâce à l’introduction du système électoral biométrique, de lutter contre la corruption, de défendre la laïcité de l’Etat et de protéger les droits de l’homme. Selon d’aucuns, le programme politique de l’exécutif malien – dont la mise en place est estimée à 112 milliards de francs CFA – et l’organisation d’élections générales devront être soutenus par la communauté internationale. L’envoyé spécial de l’Onu pour le Sahel, Romano Prodi, a encouragé le gouvernement de Bamako à “entreprendre d’ores et déjà l’élaboration des listes électorales avec le soutien des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Lors de la conférence des donateurs internationaux tenue mardi à Addis-Abeba, le président malien intérimaire Dioncounda Traoré s’est engagé à tenir le scrutin d’ici le 31 juillet. Mais à Bamako, les milliers de personnes déplacées qui ont été obligées il y a des mois de cela de fuir leurs villes d’origine en abandonnant tout derrière elles, attendent avec impatience l’issue de l’offensive militaire dans le Nord. Plus particulièrement, les habitants de la ville sainte, patrimoine de l’humanité, attendent de pouvoir revenir à Tombouctou, bien que pour beaucoup d’entre eux, le prix du billet d’autobus – 15.000 francs Cfa (environ 20 euros) – soit trop élevé si les autorités ne se décident pas à intervenir pour leur venir en aide.
Reconquête rapide
Selon l’agence catholique Misna citant des médias maliens et l’état-major de l’armée française, la reprise de Kidal intervient quelques heures après la reconquête rapide – en moins de 48 heures – des deux autres villes principales de l’Azawad, Gao et Tombouctou, par les militaires maliens, français et africains.
Kidal, qui se situe à 1500 kilomètres de la capitale Bamako, et sa région, dans le Nord du Mali, à la frontière de l’Algérie, sont le fief des islamistes d’Ansar Dine qui en ont pris le contrôle en avril dernier. Cependant, dans un communiqué diffusé il y a quelques jours, un groupe armé dissident, le Mouvement islamique de l’Azawad (Mia), issu d’une scission d’Ansar Dine, soutenait contrôler Kidal et assurait sa volonté de trouver une solution pacifique à la crise.
En outre, on rapporte qu’un présumé chef local du Mia aurait déjà entrepris des négociations avec les soldats français. Des combattants touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pourraient encore se trouver dans le chef-lieu, ayant averti dans un récent communiqué de la nécessité de protéger la communauté touareg locale contre de futurs abus susceptibles d’être commis par l’armée malienne à son entrée à Kidal.
Des centaines de personnes ont déjà abandonné Kidal pour se réfugier dans des villages reculés situés près de la frontière algérienne, redoutant de nouveaux combats, bombardements et violations de leurs droits. Un important déplacement de populations civiles a été confirmé par le Haut commissariat aux réfugiés de l’Onu (HCR).
Des exactions, des violences et de graves atteintes aux droits des communautés arabes ont été à nouveau dénoncées mercredi après que pillages se sont vérifiés à grande échelle à Tombouctou, quelques heures après la “libération” du chef-lieu. Les propriétaires maliens, algériens et mauritaniens de dizaines de magasins ont vu leurs biens saccagés et détruits par une foule de personnes qui les accusaient d’avoir soutenu les groupes armés pendant l’occupation. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, ont mis en garde contre le risque élevé de tensions interethniques dans le Nord du Mali, où les rivalités ont toujours été très fortes entre les minorités arabes et touareg, le plus souvent assimilées aux islamistes, et la majorité noire.
Mettre immédiatement fin aux abus
La procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), Fatou Bensouda, a sommé les autorités de Bamako de mettre immédiatement fin aux abus des soldats maliens qui ont été dénoncés auprès de l’organisme et d’ouvrir des enquêtes sur les responsables. Depuis Paris, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a formulé le souhait de détacher rapidement des observateurs internationaux dans le pays afin d’assurer le respect des droits de l’homme de tous les groupes ethniques.
Si la reconquête de l’intégrité territoriale se fait sans beaucoup de problèmes en raison de l’intervention des soldats français appuyés par ceux du Mali et d’autres pays africains, la mise en place des institutions de transition et l’implantation du processus démocratique avec l’organisation des élections que d’aucuns souhaitent libres, démocratiques et transparentes restent un long chemin difficile à franchir. Comme quoi, le plus dur pour les Maliens libérés du joug des groupes armés reste à faire.
Kléber Kungu
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