mercredi 26 décembre 2012
Une vingtaine de personnalités du monde dénoncent le drame du Nord-Kivu
La communauté internationale de plus en plus impliquée
Une vingtaine de personnalités du monde dénoncent le drame du Nord-Kivu
Ce que vivent les populations civiles du Nord-Kivu principalement depuis plusieurs années n’est rien d’autre qu’un drame. Le nombre de ses victimes est si important que ne pas réagir contre les atrocités que subissent les habitants de cette partie du territoire congolais, équivaut à une complicité. Ainsi une vingtaine de personnalités du monde, dont l'ancien président Jacques Chirac et Valérie Trierweiler, ambassadrice de la Fondation Danielle Mitterrand, vient de donner de la voix en dénonçant le drame qui se joue au Nord-Kivu. Elles ont ainsi appelé l’Onu à "remplir son mandat en RDC.
Dans une tribune publiée dans Le Monde, ces personnalités, au nombre desquelles plusieurs acteurs de cinéma, ont interpellé l’Onu sur le sort de la RDC.
"Connaissez-vous le Kivu ? Un drame s'y joue. [...] Avec déjà des millions de morts et d'autres millions de vies dévastées." C’est par ces mots que l’ancien président Jacques Chirac et Valérie Trierweiler, ambassadrice de la Fondation Danielle Mitterrand, ont décidé d’interpeller l’ONU sur le sort de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon cette pétition signée également par l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, la ministre de la Francophonie Yamina Benguigui et l'ancien boxeur Mohamed Ali, ce qui se passe au Nord-Kivu est "un drame que la communauté internationale pourrait arrêter. À l'instant. Il lui suffirait de donner l'ordre aux 17 000 soldats’’, qui sont déployés en République démocratique du Congo dans la cadre de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), de faire leur métier et de remplir leur mandat".
Les signataires de cette tribune, dont le Dr Denis Mukwege, estiment que la non-application du mandat des 17 000 soldats ne les poussent qu’à regarder et à constater sans agir en faveur des populations civiles qui sont les premières victimes de ces actes de barbarie, qui constituent un "nouveau degré" dans "l'horreur" qui se joue devant une communauté internationale quasi impuissante.
Les Casques bleus "regardent et constatent" le drame
"Faute d'application réelle de leur mandat pour intervenir", les 17 000 soldats de la Mission de l'Onu pour la stabilisation en RDC (Monusco) "regardent et constatent". Ils "attendent une résolution du Conseil de sécurité qui leur permettrait d'agir. L'horreur, ces derniers jours, a franchi un nouveau degré. Des escadrons, dont le groupe baptisé M23, font des incursions à Goma et sèment la terreur dans sa périphérie", déplorent les auteurs. "Ils ravagent et ils tuent. Et ils violent. Ils violent par centaines de milliers les femmes et les enfants pour terroriser la population."
Située dans l'est de la RDC, la région du Kivu reste en proie à des troubles depuis que la rébellion Mouvement du 23-Mars (M23) s'est officiellement retirée de Goma le 1er décembre, après onze jours d'occupation. Les rebelles avaient accepté ce retrait en échange de l'ouverture de négociations de paix, qui ont été suspendues jusqu'à début janvier, sans aucune avancée jusqu'ici.
Outre ses auteurs, une quinzaine de personnalités ont signé la tribune publiée dans "Le Monde", dont l'ancien ambassadeur de France Stéphane Hessel, le réalisateur américain Jonathan Demme ou encore la Libérienne Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix 2011.
Ceux-ci estiment qu’’’au Kivu, on viole et massacre dans le silence". Une province dont le plus grand péché est d’avoir été gracieusement dotée par Dieu des richesses minières fabuleuses dont principalement la cassitérite, un minerai dont on tire l'étain, le coltan, autre minerai recherché. Et bientôt le pétrole, qui vient d'être découvert.
De temps en temps, des voix s'élèvent pour condamner ce drame. De temps en temps, le calme revient. Pas pour longtemps. Avant que le drame recommence, parfois de plus belle. Avec, le plus souvent, des viols, des vols, des massacres, des pillages, des incendies des villages entiers. Le tout devant des dizaines de milliers de soldats des Casques bleus de la Monusco. Qui ne vont pas au-delà de ce que l’Onu leur recommande. Se contentant de regarder des femmes violées, des villages incendiés, des biens volés, des civils massacrés, de constater des enfants enrôlés de force, faute d’être assassinés, de compter les morts, les victimes qui tombent sous les balles des rebelles.
C’est attirés par toutes ces richesses que des bandes de mercenaires et de pillards de toutes sortes, dont le M23, écument le territoire depuis des décennies et martyrisent les populations civiles qui ne cessent de payer un lourd tribut de richesses de leur province.
Et pourtant, le Nord-Kivu, aujourd’hui l’une des régions les plus instables au monde, est une province où, en raison de son soleil, de son sol très fertile, de son eau, il ferait bon vivre.
Les signataires de la tribune pensent qu’il est temps que la communauté internationale sorte de sa torpeur, que l’Onu dote ses soldats du mandat que puisse leur permettre de jouer leur rôle, celui de protéger les populations civiles, de faire leur métier de soldat et de remplir leur mandat de garantir la paix et la dignité humaine que les Kivutiens ont perdues depuis des décennies.
L’appel des signataires de la tribune auprès de l’Onu, à savoir Muhammad Ali, fondateur du Muhammad Ali Center ; Robert Badinter, ancien président du Conseil Constitutionnel ; Yamina Benguigui, ministre de la Francophonie ; Jacques Chirac, ancien Président de la République Française et président de la Fondation Jacques Chirac ; Rosario Dawson, comédienne ; Jonathan Demme, réalisateur ; Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal et Secrétaire Général de la Francophonie ; Eve Ensler, auteur et créatrice des V-Day ; Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix 2011 ; Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France ; Angélique Kidjo, Chanteuse ; Claude Lanzmann, écrivain et réalisateur ; Federico Mayor, ancien directeur général de l'Unesco ; Denis Mukwege, gynécologue, prix des droits de l'Homme des Nations Unies ; Thandie Newton, comédienne; Erik Orsenna, écrivain, Atiq Rahimi, écrivain, Jean Christophe Ruffin, écrivain, Mahamat Saleh Haroun, réalisateur, Valérie Trierweiler, ambassadrice de la Fondation Danielle Mitterrand, portera-t-il loin au point de toucher les destinataires du message ?
Il faut reconnaître que plusieurs personnes sont sensibles au drame de la RDC. A l’instar de l’acteur américain Ben Affleck qui a plaidé dernièrement en faveur d’un renforcement du mandat de la Monusco afin de mieux protéger les populations, du roi des Belges, Albert II, qui, dans un discours historiquement très important, a assuré que « l’intégrité du Congo n’est pas respectée ». En d’autres termes, le Roi Albert II craint pour l’intégrité territoriale de la RDC dont il défend la souveraineté sur l’ensemble de son territoire.
C’est peut-être en raison de tous ces appels antérieurement lancés en faveur du renforcement du mandat de la Monusco que, apprend-on, du côté de l’Onu on travaille à une redéfinition de son rôle en RDC.
Kléber Kungu
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