jeudi 27 décembre 2012
derniers adieux de Didier Munsala à L’Observateur
Les derniers adieux de Didier Munsala à L’Observateur
Depuis lundi 17 décembre, Didier Munsala Buakasa nous a quités : ses collaborateurs, ses lecteurs, ses frères et sœurs, ses amis et connaissances. Il est venu leur dire adieu – le tout dernier – jeudi 27 décembre, devant L’Observateur. Où l’attendent ceux avec qui il a partagé, des années durant, les joies et les peines. Retour sur une trentaine de minutes des moments émouvants de séparation.
Tous ou presque, sont en tenue de deuil : de Mankenda Voka à Bakeba Maurice, en passant par Souzy Mankenda, Valery Mankenda, Candide Ngyuvula, Jean-Pierre Ngalimi, Beros Nzieta… Attendant la dépouille de Didier Munsala, devisant de tout pour essayer de se remonter un moral brisé par la perte d’un des collaborateurs les plus compétents, mais surtout du programme des obsèques de D.M.B, tel qu’il aimait signer parfois certains de ses articles.
Les journalistes de L’Observateur, autour de leur éditeur, attendent anxieusement, depuis une dizaine de minutes, l’arrivée de la dépouille de Didier, devant le portail d’entrée. Une banderole surplombe leurs têtes, ornée d’une grande photo format passeport du défunt au coin droit, au regard perçant, avec ce message : « Inconsolable, L’Observateur dit adieu à Didier Munsala Buakasa, éminent rédacteur en chef ». Trois autres photos collées depuis une semaine sur le portail complètent le décor lugubre.
13h7. Les chants lugubres de la sirène du corbillard qui ramène le corps de Didier de la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa (HGRK) retentissent, nous tirant de notre oubli momentané en nous rappelant cette triste réalité: L’Observateur est en deuil. Les pleurs bruyants et étouffés des confrères, frères, sœurs, amis et connaissances du défunt se mêlent aux chants de la sirène. Les plus sensibles ne résistent pas : Mankenda Voka, Luc-Roger Mbala, l’ancien député national Makamu, Blandine Lusimana, Joseph Nsingani, Nadège, Cécile…Même ces mamans « malewa » qui ont eu la chance de nourrir, des années durant, celui qu’elles pleurent. Y compris de tous ces détenteurs de bistrots d’en face…
Je suis incapable de voir tous ceux qui pleurent : mes propres yeux s’embuent de larmes. Mais je suis obligé de me ressaisir pour rendre compte de cet événement. Lorsque le coffre du corbillard s’ouvre sur un cercueil d’un chocolat fort, les pleurs redoublent.
« Bandeko toyokana ! Bandeko toyokana » (chers frères, du calme ! Chers frères, du calme !, NDLR). Jean-Pierre Seke, notre pasteur maison, qui, deux minutes plus tard, intervient pour appeler les uns et les autres au calme, a de la peine à imposer un silence.
« Nous sommes ici non pour la fête, non plus pour une collation quelconque, mais pour répondre à la promesse de Dieu qui a dit que l’homme vient de la terre et y retournera ». C’est par ces paroles divines que Jean-Pierre Seke commence sa prédication, une fois le silence obtenu.
Un rendez-vous que personne ne peut rater
Pour lui, la mort est un rendez-vous que personne ne peut rater, alors qu’on peut rater d’autres rendez-vous. C’est pourquoi, exhorte-t-il, nous devons nous préparer. Et, enchaîne-t-il, si vous voyez un proche mourir, c’est un signal du Seigneur qui nous demande de nous préparer. Malheureusement, plusieurs personnes se préparent à tout, sauf à la mort, conclut-il, tout inspiré.
« Est-ce que tu t’es préparé ? » interroge-t-il, comme s’adressant à chaque personne de la foule, renchérissant en guise de réponse que « notre comportement montre que nous ne nous sommes pas encore préparés.
Des pleurs vont ressurgir lorsque M. Seke va revenir ou rappeler les conditions de la mort de Didier Munsala qui, en dépit de ka maladie qui le rongeait, est arrivé à rédiger l’éditorial de l’édition, l’un des articles les plus difficiles à rédiger, avant de déclarer que parmi ceux qui pleurent Didier pleurent le « nkazi » (littéralement, pilier de la famille) parti, en s’étalant sur les qualités du défunt (amour, respect des autres…)
En appui des épitres de Paul aux Philipiens 2 :2-4, J.-P. Seke va reconnaître l’impact de la perte de Didier sur le journal L’Observateur et sur sa corporation. « C’est un grand trou pour L’Observateur, pour la corporation », lâche-t-il, sous des pleurs qui redoublent. Blandine Lusimana et Souzy Mankenda sont inconsolables, réalisant qu’elles viennent de perdre à jamais celui qu’elles ne cessaient de déranger régulièrement en lui demandant ceci ou cela.
13h28. J’aperçois le professeur Wawa en train de s’essuyer les yeux. Oui, ils sont là, nombreux : amis, confrères de Didier, en train de lui dire leurs adieux, dont le Pr Georges Wawa, Adrien Vanda, Guy Nseka de la promotion de Didier, les professeurs Munsoko wa Bombe et Philippe Ntonda, les chefs des travaux Tito Ndombi de l’Ifasic et Achille Ekele, Raph Kidimbu, Mualu de Copirep (que couvrait le défunt), Faustin Kuediasala du Potentiel, Jean-Marie Nkambua de l’Avenir (ceux avec il couvrait les activités de la Banque mondiale, du FMI, de la Banque centrale), Jean-Louis Miasuekama d’Antenne A, Alain Nkoy, vice-président de CSAC…
C’est d’une voix étreinte d’émotion que la sœur ainée de Didier, Florence Munsala va prendre la parole pour révéler la dernière fois qu’elle a rencontré son frère avant son voyage à Bukavu où elle avait appris la mort de celui qui fut leur « nkazi ». Ce jour-là, confie-t-elle, il m’a remis un exemplaire de L’Observateur.
Quand celui qu’elle a qualifié d’ « un savant au service de la République » a rendu l’âme, elle tenait un exemplaire de la revue de la Comesa…
13h31. Lorsque les chants de la sirène du corbillard retentissent de nouveau pour le départ de Didier Munsala pour l’exposition à Assanef, dans la commune de Lingwala, les yeux aveuglés par les larmes, mon stylo à bille en main, prenant mon courage à bras-le-corps pour ne pas flancher, je me dis intérieurement : « Didier est parti à jamais. Il ne reverra plus L’Observateur et L’Observateur ne le reverra plus. Jamais. »
D’ailleurs, c’est le 17 décembre vers 21h 45, lorsque, en quittant la rédaction, accompagné de son inséparable ami Philippe Mbayi Wete et de Beros Nzieta, chauffeur de l’éditeur, que Didier Munsala Buakasa et son employeur, ainsi que ses confrères, se sont dit adieu.
Un reportage de Kléber Kungu
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