mardi 4 décembre 2012
Jean-Marie Runiga, l’homme qui aime la voix de Dieu et celle des armes
Jean-Marie Runiga, l’homme qui aime la voix de Dieu et celle des armes
Après avoir côtoyé, de près ou de loin, tous les anciens mouvements rebelles congolais : Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), dans laquelle il a affirmé s’être limité « à apporter mes bons offices pour régler des différends internes », Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le "bishop" Jean-Marie Runiga est, depuis juillet 2012, aujourd’hui le président du Mouvement du 23 mars 2009 (M23).
C’est à Kisangani, où il est allé poursuivre ses études universitaires, qu’il va créer son Eglise à la dénomination si évocatrice : « Jésus seul sauveur » (JSS) vers la fin des années 80.
Au chef-lieu de la Province Orientale, renseigne Jeune Afrique, il est accueilli par son beau-frère Safari, infirmier dans un centre de santé de la place. Faute de moyens, Jean-Marie Runiga n’ira pas au bout de ses études universitaires.
Il va devenir ainsi gérant d’un des magasins "Mbundu et Frères" à Kisangani de Jean-Marie Mbundu, le commerçant qui a recueilli le jeune étudiant en difficulté pour lui proposer ce travail.
Les relations des deux homonymes vont aller au-delà des relations patron-employé. Ils vont également élargir dans la prière. Ils vont fréquenter les mêmes groupes de prière. Ainsi naître « Jésus seul sauveur » (JSS), création commune, qui est implantée aujourd’hui dans plusieurs villes de RDC.
La montée en puissance de cet homme dans les milieux des Eglises de réveil va intervenir à l’avènement de la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu par le Rwanda en 1998, dans laquelle Jean-Marie Runiga, tapi dans l’ombre, va se mettre à jouer un rôle important en devenant le conseiller spécial d’Azarias Ruberwa, le président du RCD.
En 2003, alors qu’un accord de partage de pouvoir est conclu entre Kinshasa et les différents groupes rebelles, le prédicateur se voit gratifier d’un poste de troisième rapporteur de la Commission d’éthique et de lutte contre la corruption. Deux ans plus tard, Joseph Kabila, le chef de l’État congolais, le nomme président du conseil d’administration du Fonds pour la promotion de l’industrie (FPI), pour le compte du RCD. Fonction qu’il occupa jusqu’en 2007, avant de rejoindre la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) dirigée par le général déchu Laurent Nkunda.
Fin opportuniste, Jean-Marie Runiga ne se laisse pas griller. À l’éclatement du CNDP, Jean-Marie Runiga soutient le camp de Bosco Ntaganda qui s’est rapproché du gouvernement congolais pour mettre hors-jeu Laurent Nkunda. Il va ainsi négocier l’entrée du CNDP – devenu parti politique – dans la Majorité présidentielle, plateforme qui a soutenu Joseph Kabila à la dernière présidentielle. Aujourd’hui, six mois plus tard, à la faveur du divorce d’avec ses amis politiques, le pasteur n’hésite pas de prendre son autre arme : les armes. Il va aider à la création du M23 pour réclamer aussi bien l’application effective de l’accord de paix du 23 mars 2009 que d’autres revendications.
A quand la prochaine étape de cet homme qui refuse de disparaître et toujours à l’affût de belles opportunistes, prêt à rebondir à tout moment ? L’homme de Dieu qui sait allier la voix de Dieu et celle des armes, est loin d’être au bout de ses actes opportunistes.
Kléber Kungu
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