Cour pénale internationale
Affaire Germain Katanga : Fatou Bensouda insatisfaite
La
procureure de la cour pénale internationale (CPI), la Gambienne Fatou
Bensouda, qui a séjourné dernièrement à Kinshasa s’est dit insatisfaite de l’acquittement
de l'ancien chef de guerre congolais, Germain Katanga, sur les crimes sexuels. Aussi
envisage-t-elle de faire appel de la décision.
"Malheureusement,
les juges ne l’ont pas condamné pour crimes sexuels ou pour le recrutement
d’enfants soldats, pour le moment nous étudions le jugement et nous regardons
s’il n’y a pas d’erreur judiciaire que nous pourrions utiliser pour faire appel
du jugement", a-t-elle déclaré.
Germain
Katanga a été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre
l'humanité la semaine dernière, mais acquitté de violences sexuelles par la
CPI. Des groupes de femmes congolaises,
apprend-on, ont fait part de leur colère et de leur déception à l'annonce du
jugement.
La milice
qu'il dirigeait a été accusée de violer des femmes et de les enlever pour en
faire des esclaves sexuelles.
La
procureure de la cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a rencontré à
Kinshassa le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération
internationale, Raymond Tshibanda pour évoquer le renforcement de la
collaboration entre la cour et le gouvernement congolais.
Le refus de
la RDC de livrer
à la CPI le
président soudanais Omar El-Bechir, visé par un mandat d’arrêt international,
était aussi au menu des échanges.
Le chef de
l’Etat soudanais, Omar el-Béchir, était à Kinshasa pour participer au XVIIe
sommet des Chefs d’Etat du marché commun pour l’Afrique orientale et australe
(Comesa).
Entre
temps, Human Rights Watch (HRW) et 134 organisations de protection des droits
de l’homme basées en RDC ont salué la visite de la procureure Bensouda à
Kinshasa et en ont profité pour inviter la CPI à lancer des enquêtes contre des officiels
militaires et politiques en RDC, au Rwanda et en Ouganda, supposés avoir ouvertement soutenu des groupes armés
responsables de graves violations des droits de l’homme en RDC. La procureure a
promis que La Haye
conduirait ses travaux d'enquête jusqu'à leur terme et se réservait le droit de
« poursuivre d'autres groupes et d'autres personnes ».
Importance de la
promotion de la justice
Fatou
Bensouda a toutefois insisté sur l’importance des enquêtes qui doivent être
menées pour déterminer les responsabilités des uns et des autres sur toutes ces
accusations. Ce qui justifie, a-t-elle conclu, sa visite en RDC, la première
qu’elle vient d’effectuer dans un pays qui détient le triste record de disposer
à ce jour du plus grand nombre de détenus à La Haye.
« Bien sûr,
il y a toutes ces accusations et ces rumeurs contre les groupes rebelles,
explique-t-elle. Il y a beaucoup d'accusations contre eux. Mais moi, en tant
que procureure, je ne peux pas dire catégoriquement : "Ils ont fait ci,
ils ont fait ça." Je ne peux pas faire ça. Je ne peux le faire qu'après
avoir conclu mes enquêtes et mes analyses. Actuellement, nous sommes dans une
phase de transition ; nous terminons les dossiers en cours, mais nous disons
aussi que nous n'allons pas nous arrêter là. Nous allons poursuivre d'autres
groupes et d'autres personnes. D'où l'importance de notre visite au Congo pour
que la coopération en ce sens se poursuive et que les autorités sachent que
nous poursuivons notre travail. Nous n'allons pas nous arrêter et je veux que
ce message soit très clair», s’est-elle défendue.
Tout en se montrant réceptive à la
requête de ces ONG, la procureure de la
CPI a tout de même rappelé que son institution est incapable
de s’occuper de toutes les affaires judiciaires de la
RDC. D’où la nécessité pour le Congo
Kinshasa de promouvoir sa propre justice en s’attaquant notamment à l’impunité.
Kléber Kungu
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