Trafic illicite du bois
270 grumes de bois wenge saisies au port de l’Onatra
270 grumes de bois Wenge ont été
saisies le mardi 11 mars au port de la Société congolaise de transport et ports (SCTP),
ex Onatra, à Kinshasa par le ministère de l’Environnement. Ce bois, appartenant
à la société d’exploitation forestière ITB, provient de Bikoro, dans la
province de l’Equateur. Cette saisie reste un infime échantillon de la quantité
importante du bois qui sort frauduleusement de la RDC .
Le gouvernement congolais reproche à
l’entreprise ITB de ne pas respecter les clauses sociales convenues avec les
communautés de ce territoire où se trouve implantée sa concession forestière.
Selon le
chef de projet de la société civile au sein du Fonds mondial pour la nature (WWF),
Jean Marie Bolika, cité par radiookapi.net, les infrastructures pour lesquelles
l’entreprise s’était mise d’accord avec les populations de Bikoro n’ont pas été
réalisées.
ITB refuse
d’honorer ses engagements, prétextant être en cessation d’activités alors
qu’elle opère avec les engins de ces partenaires, affirme-t-il.
«Si l’issue va dans le sens de blanchir ce bois et que
demain ça va se retrouver soit en Europe, rassurez-vous que ce bois sera encore
saisi. Parce qu’avec le règlement bois de l’Union européenne, avec toutes les
alertes qu’on a faites, le bois sera saisi», a-t-il assuré.
Sanctionner ITB
Jean Marie
Bolika invite l’Etat congolais à sanctionner la société ITB pour servir
d’exemple. Selon lui, ITB n’est qu’un cas parmi tant d’autres.
En outre,
le Fonds mondial pour la nature accuse cette entreprise d’avoir coupé le bois
au delà du volume autorisé, de ne pas avoir payé les taxes en 2013 et d’avoir
abandonné 200 grumes dans son parc à bois de Bokutu dans le Bandundu. Ce qui
constitue une infraction.
Chaque
année, apprend-on, le WWF déploie ses ONG partenaires dans les concessions
forestières pour s’assurer que les entreprises qui ont signé des clauses
sociales avec les communautés riveraines les respectent effectivement.
Sociétés
étrangères
L’ITB est une société créée par une
famille libanaise. Installée
dans la forêt de l’Equateur, elle y exploite du bois avec d’autres sociétés
étrangères notamment Parcafrique,
Safbois, Siforco, Sodefor, etc.)
La République démocratique
du Congo possède 47 % des forêts primaires tropicales du bassin du Congo et un
huitième de celles qui existent encore au monde. Ses forêts regorgent d'espèces
animales (éléphants, singes, oiseaux...) et d'essences (plus de 250 sont
exploitables), parmi lesquelles le wengé dont on fait des parquets hors de prix
en France (entre 60 et 150 euros le m2).
La production annuelle peut
potentiellement atteindre plus de 6 millions de m3, pourtant la forêt de la RDC joue encore un rôle
insignifiant dans l'économie nationale, à peine 1 % du PNB. En dépit du
moratoire mis en place par le gouvernement en 2002 pour limiter l'exploitation,
plus de 8 millions d'hectares ont été attribués depuis par le même gouvernement
à différents exploitants. Ce qui pousse
l’ONG Greenpeace de mener une campagne pour sauver les forêts du Congo,
«potentiel unique au monde», afin de ne pas réitérer la triste expérience
camerounaise «où l'exploitation n'a pas profité au développement du pays».
Les concessions d'ITB se trouvent du
côté de NKoete, à 80 km de Bikoro dans la province de l’Equateur. Des milliers
d'hectares livrés aux machines. Pour les atteindre, les exploitants fendent la
forêt avec des routes de plusieurs dizaines de mètres de large. Puis d'énormes
machines acheminent les grumes jusqu'au fleuve. Ils s'intéressent à quelques
essences, les plus prisées du marché: wengé, sapelli, tiamaqui, en Europe, se
négocient parfois autour de 3 000 euros le m3.
Kléber Kungu
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