mardi 26 mars 2013
Première comparution de Bosco Ntaganda : il plaide son innocence
Devant la Cour pénale internationale (CPI)
Première comparution de Bosco Ntaganda : il plaide son innocence
Le début de l'audience de confirmation des charges fixé au 23 septembre prochain.
Le chef rebelle Bosco Ntaganda a comparu devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour sa première audience consacrée notamment à la vérification de son identité. Il a clamé son innocence mardi 26 mars. Une rengaine à laquelle recourt régulièrement tout suspect, bénéficiant de la présomption d’innocence.
Au cours de cette première audience, celui qui est surnommé "Terminator", étant donné son caractère impitoyable, s’est présenté le crâne rasé, portant une fine moustache et arborant une chemise et une cravate bleues foncées assorties d’une veste noire. Semblant hésitant, il a écouté attentivement la juge au cours de l'audience en prenant quelques notes.
A l'ouverture de l'audience, vers 11H00 (10H00 GMT), le suspect, qui s’est exprimé en kinyarwanda, mais traduit en français par un interprète, a décliné son identité. Il a affirmé être né au Rwanda mais disposer de la nationalité congolaise. Sur sa profession, Bosco Ntaganda a répondu ceci : "comme vous le savez, j'étais militaire au Congo".
« Je m’appelle Bosco Ntaganda, je ne porte que les deux noms, les noms qui m’ont été attribués par mes parents. Comme vous le savez, j’étais militaire au Congo : je suis né au Rwanda mais j’ai grandi au Congo. Je suis Congolais », a alors déclaré le chef rebelle.
"J'ai été informé de ces crimes, mais je plaide non coupable", a déclaré le suspect avant d'être interrompu par la juge Ekaterina Trendafilova, qui lui a expliqué que l'objet de l'audience n'était pas de savoir s'il plaidait coupable ou non coupable, mais de l'informer des crimes qui lui sont imputés.
. ‘’Vous aurez plus tard de nombreuses opportunités de vous exprimer’’, lui a-t-elle promis.
La juge Trendafilova a fixé au 23 septembre prochain le début de l'audience de confirmation des charges. C’est l’étape suivante dans la procédure judiciaire qui est destinée à déterminer si les éléments de preuve du procureur sont assez solides pour conduire à un procès.
Lecture des crimes
Ensuite, il a échu à un représentant du greffier de lire la liste des crimes reprochés à Bosco Ntaganda, des crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont meurtres, viols et pillages, commis par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était chef d'état-major, dans l'Ituri entre 2002 et 2003.
L'avocat du chef rebelle, Hassane Bel Lakhdar, commis d'office, a ensuite assuré que son client "a l'intention de déposer une demande de mise en liberté provisoire, mais ce ne sera pas aujourd'hui".
Une semaine après sa reddition surprise et son refuge à l’ambassade américaine à Kigali le 18 mars, Bosco Ntaganda, qui a régné en maître absolu au Nord-Kivu, est devenu l'un des chefs de guerre les plus recherchés de la région des Grands Lacs, le premier suspect de la CPI qui s’est constitué prisonnier volontairement.
Une reddition qui a suscité de nombreuses questions, notamment sur la manière dont il était parvenu à échapper à la vigilance des services de sécurité rwandais en traversant la frontière rwando-congolaise avant de rejoindre l'ambassade américaine. Autant qu’elle a réjoui autant la communauté congolaise que la communauté internationale.
Il avait passé la frontière entre la RDC et le Rwanda à la mi-mars, avec plusieurs centaines de ses hommes défaits dans des combats avec une faction rivale issue de l'éclatement de la rébellion congolaise du M23 (il était auparavant général dans l'armée congolaise depuis 2009).
Bosco Ntaganda a fait ses armes au sein du Front patriotique rwandais du président Paul Kagame à l'époque où cette rébellion mettait fin au génocide en 1994. Certains estiment qu'il pourrait faire d'embarrassantes révélations sur le rôle de Kigali dans l'est de la RDC.
"Le peuple congolais est très content de la détention de M. Ntaganda", a déclaré Dede Mukadi, 36 ans, un Congolais de Kinshasa habitant en Belgique et ayant fait le déplacement à La Haye : "c'est un grand jour pour le peuple congolais, une victoire".
Pour Ida Sawyer, de l'ONG Human Rights Watch, elle a affirmé, dans un communique que "les atrocités commises par les forces sous le commandement de Bosco Ntaganda ont affecté des milliers de Congolais dans l'est de la RDC pendant plus d'une décennie."
Un garçon de 16 ans enrôlé de force par les hommes de Bosco Ntaganda en mars 2013 alors qu'il était sur le chemin de l'école, cité dans le communiqué de HRW, a soutenu : "maintenant, il ne peut plus revenir là où j'habite ni essayer de m'enlever de l'école et m'envoyer à la guerre".
Des réactions qui montrent le degré de satisfaction aussi bien des victimes directes et indirectes que des ONG qui ont souffert ou ne cessent de souffrir des crimes de « Terminator », convaincues, croient-elles, que désormais l’impunité ne pourra plus être la récompense des crimes des rebelles et autres criminels qui pullulent dans la partie orientale de la RDC. Ce qui aura pour effet de décourager tous les autres criminels qui fondent leur métier sur le sang des Congolais assassinés dans leur propre pays.
Kléber Kungu
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