lundi 18 mars 2013
Bosco Ntaganda demande d’être transféré à la CPI
Réfugié à l’ambassade américaine à Kigali
Bosco Ntaganda demande d’être transféré à la CPI
* Alors que Kigali accusé de l’héberger dément l’avoir accueilli
Où se trouve Bosco Ntaganda, après la débandade des troupes pro-Runiga et du renégat consécutive à l’offensive lancée par les hommes de Sultani Makenga depuis le 9 mars. A ce jour, des informations en notre possession précisent que Bosco Ntaganda se trouve à l’ambassade américaine à Kigali, capitale du Rwanda. Il ne se trouve pas seulement à Kigali, mais il souhaite être transféré devant la CPI qui le recherche depuis…2006. Une nouvelle aussi surprenante.
Selon le Département d'Etat américain, qui a confirmé lundi soir à Washington l’arrivée de Bosco Ntaganda dans la matinée à la représentation américaine dans la capitale rwandaise et "avait demandé son transfert à la CPI à la Haye".
"Nous venons d'apprendre que le général Bosco Ntaganda s'était présenté à l'ambassade américaine à Kigali tôt ce (lundi) matin", avait auparavant fait savoir la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, dans un communiqué officiel cité par La Libre Belgique. Elle a ajouté que "le gouvernement du Rwanda » était « en train de rechercher de plus amples détails sur cette situation en constante évolution".
Le général rebelle de République démocratique du Congo (RDC), Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, se trouvait lundi à l'ambassade américaine au Rwanda, après avoir fui l'est de la RDC, ont annoncé Kigali et Washington.
Alors que l’on se demandait où se trouvait actuellement Bosco Ntaganda et que certaines sources, dont celles autorisées rwandaises citées par Le Soir, le localiseraient dans les forêts congolaises du parc naturel de Virunga, « accompagné par certains des militaires qui lui étaient restés fidèles» il vient d’être localisé : il s’est réfugié dans l’ambassade américaine à Kigali.
Les autorités rwandaises ont démenti donc les informations selon lesquelles le général Bosco Ntaganda, vaincu par les forces de son rival Sultani Makenga, commandant militaire des forces rebelles du M23 aurait traversé la frontière du Rwanda. Selon elles, Bosco Ntaganda se trouvait « quelque part dans la forêt congolaise, accompagné par certains des militaires qui lui étaient restés fidèles ». Selon cette version, du parc naturel de Virunga où il s’était réfugié, Bosco Ntaganda tenterait de gagner Walikale afin de faire sa jonction avec le groupe armé congolais Sheka.
Mais à ce jour, des précisions viennent d’être obtenues sur la planque où se terre Bosco Ntaganda, considéré à ce jour comme un colis très embarrassant surtout pour tous les pays de la région.
Plus fort que Bosco Ntaganda, son ennemi, le général Sultani Makenga disposait de plus d’hommes et de plus d’armement et que, lors des combats de Kibumba, ses forces avaient réussi à prendre le contrôle des collines contrôlant la localité. Ce qui explique cette débandade qui a poussé Bosco Ntaganda et ses hommes, ainsi que Jean-Marie Runiga et ses hommes, dont plusieurs officiers, à prendre la direction de Kigali.
Après de très violents affrontements entre les deux factions du M23, le général Bosco, qui voulait se battre jusqu’au bout, dut reconnaître sa défaite, manquant d’hommes et de munitions. Après avoir subi de lourdes pertes (plus de 150 tués) plusieurs centaines de ses hommes prirent la direction du Masisi, espérant se fondre ensuite dans la forêt tropicale du côté de Walikale.
Selon la source, Bosco Ntaganda se serait présenté vendredi 15 mars après-midi déjà à la frontière rwandaise où il a été officiellement refoulé. Avant de se replier alors vers le volcan Karisimbi et c’est de là que, précise la source, le samedi 16 mars matin, il a réussi à gagner le Rwanda par un passage peu contrôlé.
Question : comment l’homme le plus recherché en RDC a pu s’infiltrer au Rwanda sans être aperçu par les autorités rwandaises. L’une des deux réponses : soit il aurait été aidé par des circonstances qui ont joué en sa faveur, en passant à l’insu des officiels rwandais absorbés, à Gisenyi, par l’accueil et le dispatching des généraux Ngaruye et Zimurinda (aussitôt hospitalisé) et plus de 150 blessés ; soit Kigali l’aurait aperçu mais il a voulu tout simplement nier les allégations faisant état d’abriter cette personnalité encombrante et embarrassante pour tous les chefs d’Etat de la région : il est visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, accusé de nombreux crimes de guerre.
Cet officier qui a guerroyé dans l’Ituri où il commandait les forces de Thomas Lubanga (aujourd’hui détenu à la Haye) va rallier ensuite le général Laurent Nkunda qu’il remplaça, en 2009, à la tête du CNDP (Conseil national pour la défense du peule) après l’arrestation de M. Nkunda. Il deviendra ensuite le chef militaire le plus important du Kivu.
Début 2012, Kigali et Kinshasa vont mener des négociations en coulisses pour retirer à Bosco Ntaganda ses fonctions en vue de le faire comparaître devant la justice congolaise et lui éviter la publicité de la justice internationale. Et lorsque le président Joseph Kabila, en visite à Goma, annoncé son intention de le faire arrêter et de le traduire à tout prix devant la justice, le Nord-Kivu va de nouveau s’enflammer avec cette guerre qui va mettre en exergue Sultani Makenga, Jean-Marie Runiga...
Accusé de crimes de guerre et contre l'humanité
Bosco Ntaganda fait l'objet depuis 2006 de deux mandats d'arrêts de la CPI pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, notamment l'enrôlement d'enfants-soldats et des viols, commis dans les régions de l'Ituri (nord-est de la RDC) et du Kivu (est) au début des années 2000. Son caractère impitoyable l’a fait surnommer "Terminator".
Ni le Rwanda, ni les Etats-Unis ne sont signataires du Statut de Rome, traité fondateur de la CPI. En conséquence, aucun de ces deux pays n'ont obligation de transférer Bosco Ntaganda à la CPI, basée à La Haye (Pays-Bas). Reste que la RDC, signataire de ce traité, prenne ce dossier à bras-le-corps pour arriver à concrétiser son intention d’arrêter et de transférer le général déchu à la CPI.
Aussitôt informée, la Cour s’est mise à avoir le cœur net sur la présence à Kigali de l’oiseau qu’elle a toujours peiné à arrêter voici sept ans.
"La CPI cherche à confirmer auprès des autorités compétentes l'information selon laquelle Bosco Ntaganda se trouverait à l'ambassade américaine à Kigali", avait indiqué lundi soir à La Haye Fadi el-Abdallah, porte-parole de la CPI.
"Si cette information est confirmée, la Cour prendra les dispositions nécessaires en vue du transfert de M. Ntaganda à La Haye", avait ajouté M. El-Abdallah. "Rien n'empêche un Etat qui n'est pas partie au Statut de Rome de coopérer avec la Cour sur une base volontaire", avait-il souligné.
Kigali a récemment été accusé par des experts de l'ONU, malgré ses dénégations, de soutenir le M23. Le Rwanda comme 10 autres pays de la région, a paraphé fin février un accord-cadre régional destiné à ramener la paix dans l'est RDC, dont les signataires s'engagent à ne pas accueillir d'individus recherchés par la justice internationale.
En novembre, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait estimé que Bosco Ntaganda était l'un des "principaux instigateurs de l’instabilité qui prévaut sur l'ensemble de la région des Grands Lacs" et qu'il fallait l'arrêter.
Les choses étant comme telles, tout pousse à croire que la CPI ne laissera pas échapper une telle aubaine qu’elle n’est pas arrivée à saisir depuis.
Si Bosco Ntaganda accepte de se livrer à la CPI qu’il a auparavant évitée, c’est qu’il doit avoir des motifs importants pour prendre une telle décision. Lesquels ? La réponse dans les jours à venir.
Kléber Kungu
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