mardi 26 mars 2013

Michel Djotodia : le plus dur vient de commencer

République centrafricaine Michel Djotodia : le plus dur vient de commencer Au lendemain de la prise de la capitale, Bangui, par les rebelles de la Séléka, sous la houlette de Michel Djotodia, le nouvel homme fort autoproclamé de la République centrafricaine, l’Union fricaine a décidé de suspendre la participation de ce pays à son organisation. Entre temps, le président autoproclamé est loin de réunir l’unanimité dans ses propres rangs. Il lui appartient de convaincre une communauté internationale qui l’attend au tournant…de ses actes, d’autant plus que ses hommes se sont illustrés par des actes de pillages lors de la prise de la capitale centrafricaine. Aujourd’hui, la tension est quelque peu retombée, sans que certaines interrogations sur l’avenir de ce pays meurtri trouvent des réponses tant attendues. Michel Djotodia a affirmé qu’il comptait «rester dans l’esprit de Libreville» et répété que les élections libres et transparentes être organisées «d’ici trois ans avec le concours de tout le monde». Il faut que le président autoproclamé montre que ce genre de discours tranche bien des promesses qui ne sont jamais tenues par des juntes militaires qui prennent le pouvoir. Maintenant aux affaires, cette coalition rebelle dont les ambitions restent encore floues, doit relever plusieurs défis. Elle doit batailler dur pour se faire accepter auprès d’une communauté internationale encore méfiante d’elle et inquiète de la situation actuelle prévalant en République centrafricaine. Si les rebelles de la Séléka ont affirmé que «la page Bozizé» était désormais tournée, ils doivent cependant faire en sorte que leur manière de gouverner tranche bien avec celle de celui qu’ils ont chassé et dont ils ne cessaient de critiquer les méthodes. Suspension par l’Union africaine Après avoir condamné cette «prise de pouvoir anticonstitutionnelle», le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a appelé «au calme et au respect de l’État de droit». Dans un communiqué des Nations Unies, il s’est également déclaré préoccupé «par les allégations de violations sérieuses des droits de l’homme». L’Union africaine (UA) est, pour sa part, montée au créneau à l’issue de ce coup d’État. Le Conseil de Paix et Sécurité de l’UA a ainsi décidé de suspendre la participation de la Centrafrique à l’organisation. Il a également mis en place des sanctions, «à savoir des restrictions de voyage et le gel des avoirs des dirigeants du Séléka», parmi lesquels Michel Djotodia. «Le Conseil demande à tous les États-membres de prendre les mesures requises pour isoler totalement les auteurs du changement anticonstitutionnel en République centrafricaine», a déclaré le Commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Il a également ajouté que l’Union africaine demande à ses membres «de ne pas leur fournir [aux rebelles de la Séléka, ndlr] de sanctuaire et de faciliter l’application de toute autre mesure qui serait prise par l’Union africaine, y compris le jugement des auteurs de ce changement anticonstitutionnel de gouvernement». Des déclarations fermes et critiques à l’égard de la coalition rebelle alors que le pays doit entamer une lente reconstruction pour se sortir des affres de son passé récent. Un discours du genre du déjà entendu dans ce genre de situation, mais qui, au fil des années, va s’émoussant, restant lettre morte, donc sans effet. Les rebelles de la Séléka sont également appelés à mener le front intérieur où ils doivent se faire accepter. En effet, au sein de la coalition, l’unanimité semble lointaine. En son sein même, les dissensions existent encore. D’après Nelson N’Jadder, président de la Révolution pour la démocratie, un des groupes membres de la Séléka, ses hommes ne reconnaissent pas la légitimité de Michel Djotodia en tant que nouveau président de la République centrafricaine. Présent à Paris, Nelson N’Jadder a notamment assuré que Michel Djotodia n’a jamais été choisi comme leader et que les membres de la coalition s’étaient entendus pour prendre le palais présidentiel, puis pour annoncer une période de transition de 18 mois avant la tenue de nouvelles élections. Les nouveaux maîtres de Bangui ont l’obligation de redonner de l’espoir, de la certitude et de la quiétude à un peuple centrafricain désespéré, incertain et inquiet face à une situation d’insécurité préoccupante. Alors que les scènes de pillages civils semblent se multiplier à Bangui, l’assurance de la sécurité devra être la priorité du prochain chef d’État centrafricain pour espérer que le pays puisse enfin relever la tête. En un mot, rétablir l’ordre et assurer la protection des gens, des biens publics et privés, organiser un dialogue inclusif pour tous les Centrafricains où seront débattus sérieusement et profondément les problèmes cruciaux de la Centrafrique et remettre ce pays sur la voie de la réconciliation, voilà entre autres les défis que le nouveau pouvoir centrafricain doit relever. Dans cette ancienne colonie française se trouvent 45% de protestants, 35% de catholiques et environ 10% de musulmans. Le président centrafricain déchu François Bozizé, arrivé dimanche au Cameroun, a passé la nuit de lundi à mardi dans l’hôtel Hilton de Yaoundé, en attendant de se rendre dans un autre pays. Plusieurs agents de la surveillance du territoire (renseignements) quadrillaient le hall de l'hôtel, habillés en civil. Tandis qu’une partie de sa famille est arrivée mardi 26 mars matin à Kinshasa. Kléber Kungu

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