Alors
que leur chef court toujours
Quelque 150 combattants de Cheka se sont rendus
Depuis la
victoire éclatante des FARDC au Nord-Kivu sur la rébellion prorwandaise en
début de novembre, des redditions des éléments des groupes armés se
multiplient. La dernière en date est celle de quelque 150 combattants de Cheka,
alors que celui-ci continue de courir, selon le chef de la mission de l'Onu en
RDC, Martin Kobler.
La
milice Nduma defense of Congo » (NDC) de Sheka Ntabo Ntaberi, accusée de
tueries et de viols massifs, a déposé les armes. Selon la Monusco, en quelques
jours, quelques 150 combattants de Cheka se sont rendus. Une reddition obtenue
sous la pression. Mais le chef de guerre, sous sanctions de l'Onu, lui, court
toujours.
C’est
depuis plusieurs mois que Sheka était dans le collimateur de la mission
onusienne. A l’actif de cet homme et sa milice de nombreuses exactions : cannibalisme,
enlèvements d'enfants, décapitations, viols massif, menaces en tout genre. Elle
est établie à Pinga dans le Nord-Kivu où elle s’affronte avec d’autres milices
pour le contrôle des gisements de minérais.
La Monusco avait donné jusqu'au 25 novembre au chef de guerre pour
désarmer. Celui-ci l'avait promis. Mais le jour dit, ce sont des nouvelles
recrues avec des fusils hors d'état de marche qui se sont présentés. Deux jours
plus tard, le 27, Sheka promet à nouveau de se rendre, dit qu'il souhaite
simplement que la Monusco
assure sa sécurité jusqu'à son procès.
Mais
dans les faits, il amasse des troupes. Dans la nuit, quelque 70 éléments des
forces spéciales tanzaniennes sont dépêchés à Pinga, son fief, pour le
neutraliser. Le tuer si nécessaire, explique une source onusienne. Mais, sans
doute prévenu, le chef de guerre a déguerpi avec ses 150 combattants les plus
aguerris.
Aujourd'hui, 300 casques bleus de la
brigade d'intervention sont déployés à Pinga avec pour mission de sécuriser la
ville et de retrouver Sheka Ntabo Ntaberi. Ces 300 hommes viennent s'ajouter
aux quelque 150 soldats d'un bataillon uruguayen qui, depuis des mois,
subissaient sans pouvoir réagir la présence du chef de guerre. Dont les jours
ne sont que comptés. En effet, pour tous les groupes armés, le compte à rebours
a commencé. Ceux des groupes armés qui sont plus avisés et qui savent lire les
signes du temps, n’hésitent pas à se rendre, sans autre forme de procès et
pratiquement sans conditions.
La milice de Sheka est entre autres accusée d’avoir participé aux viols de près de 400 personnes fin juillet et début août 2010 dans le territoire de Walikale, voisin de celui de Masisi. Sheka Ntabo Ntaberi est un ancien candidat aux législatives de 2011. La veille de ces élections, Human Rights Watch avait dénoncé la candidature de ce chef milicien en se demandant si l’on peut être candidat à la députation et chef de milice accusé de crimes de guerre. Aussi l’ONG avait demandé, à l’époque, l'arrestation immédiate de Ntabo Ntaberi Sheka, qui se présentait aux élections législatives du 28 novembre.
Ceux
des chefs miliciens qui conditionnent leur reddition à plusieurs revendications,
en l’occurrence le tristement célèbre Sheka, sont ceux qui se savent être
impliqués si profondément dans les massacres des populations et, par
conséquent, poursuivis par la justice internationale. Leur voie de salut,
estiment-ils, est de continuer le séjour du maquis, quitte à profiter d’une
hypothétique occasion favorable…
Kléber Kungu
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