mardi 17 décembre 2013

Jusqu’où iront les ADF-Nalu ?

Insécurité persistante au Nord-Kivu

Jusqu’où iront les ADF-Nalu ?

            Au Nord-Kivu, province la plus insécurisée du fait de l’activisme sans cesse des groupes armés qui y pullulent, les rebelles des Allied Democratic Forces–National Army of Liberation of Uganda (ADF-Nalu), en français « Forces démocratiques alliées – Armée nationale de libération de l’Ouganda »,  semblent défier la puissance de feu des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) appuyées par la Brigade d’intervention de l’Onu et  la Monusco. Ces rebelles à la méoire très courte ont vite oublié ce qui s’est passé au mois de novembre… Mais jusqu’où iront-ils ? Peuvent-ils indéfiniment narguer la coalition armée des FARDC-Brigade d’invention de l’Onu-Monusco ? En ont-ils les moyens ? Vingt et une personnes viennent d’être brutalement assassinées à Beni par ces ADF-Nalu. Une attaque d’une extrême brutalité, qui semble accréditer cette thèse.
             De sources de la mission onusienne en RDC, nous apprenons qu’au moins 21 personnes ont été sauvagement assassinées par les combattants des ADF-Nalu corps dans les villages de Musuku, et Mwenda, collectivité de  Rwenzori, territoire de Béni dans la province du Nord-Kivu. Les victimes, dont des femmes et des enfants - dont le plus jeune serait âgé de quelques mois seulement - auraient été tués avec une extrême brutalité, pour la plupart par arme blanche, le 13 et 14 décembre 2013. Trois filles mineures auraient été violées par les assaillants avant d’être décapitées.

Insuccès des appels à la reddition
            Tout porte à croire que les nombreux appels à la reddition des FARDC, de la Monusco et surtout ceux de chef de l’Etat Joseph Kabila en fin novembre adressés aux groupes armés n’ont pas porté ou n’ont pas encore atteint les oreilles de ces rebelles ougandais qui avaient pris goût d’opérer en territoire congolais.
            Depuis plusieurs années, les ADF-Nalu se sont mis à terroriser des dizaines de milliers de civils dans la région de Beni, dans le Nord-Kivu, l’un des groupes armés, selon la société civile de cette partie du pays, les plus secrets et le plus redoutés en RDC.
            Un groupe qui se singularise par un mode opératoire particulier : le kidnapping des femmes, des jeunes, parfois des familles entières. Malheur à ceux qui s’aventurent à de mauvais endroits et au mauvais moment. Des jeunes recrutés de force sont destinés à gonfler les rangs des rebelles ou travailler dans des champs.
            Dans leurs exactions, les ADF-Nalu interdisent aux civils de se rendre aux champs craignant que des militaires déguisés en civils, se trouvant dans les champs, ne puissent les attaquer. Voilà pourquoi ils n’hésitent pas à enlever toute personne, surtout les hommes, qu’ils rencontrent dans un champ, ayant aussi peur que leurs positions ne soient révélées.
            On rapporte que les cas d’enlèvements ont atteint les 660 en trois en trois ans, de 2010 à 2013.

Objectif : renverser Museveni
            Selon un des enfants enlevés à l’âge de 19 ans et qui a passé 6 ans parmi les ADF-Nalu, cette rébellion est un mouvement très organisé, dont l’objectif principal est le renversement de Yoweri Museveni, où la religion occupe une place prépondérante. Aussitôt au sein de cette rébellion, la recrue est vite envoyée à l’école coranique où on vous enseigne l’islam. Tout ADF-Nalu doit être musulman.
            On accède au grade qu’en étant pratiquant. Les combattants y passent des journées harassantes au travail des champs, à l’entraînement physique, aux prières. Gare à ceux qui tentent de s’enfuir sans succès. Car, une fois rattrapés, ils sont exécutés publiquement sans autre forme de procès. Question d’effrayer les autres qui seraient tentés par la fuite.
            On rapporte que ce sont les femmes qui ont la cruelle charge de couper les têtes des fuyards. Les femmes accompagnent souvent les nouveaux aux champs. Gare également à ceux qui ne résistent pas aux charmes des femmes. Ce sont des coups de fouet qui récompensent de tels actes.
           
Un contre la coalition des armées congolaises et ougandaises
            Jusqu’où peuvent aller ces rebelles ougandais dans leur folie insensée, dans un environnement de plus en plus serré où plusieurs forces armées se livrent à la lutte sans merci contre les groupes armés ?
            Outre l’armée ougandaise qui traque ces rebelles, l’armée congolaise appuyée par la Brigade d’intervention de l’Onu et les Casques bleus de la Monusco se livrent à une traque sans merci des voyous ougandais dont le sort est désormais scellé.
            La psychose de la traque qui les hante est telle que les combattants des ADF-Nalu sont devenus très agressifs avec un radicalisme à outrance, selon cet ex-combattant des ADF-Nalu.
            Aux abois les ADF-Nalu ne cachent pas leur désarroi devant la menace d’encerclement qui pèse sur eux. Ils sont de plus en plus méchants envers les populations civiles étant au courant de l’existence de la coopération militaire entre les armées congolaise et ougandaise dans la traque contre eux.
            Selon le témoignage de cet ancien combattant ADF-Nalu cité par RFI, ces rebelles n’hésitent pas à défier Kinshasa. Ils déclarent que si Mobutu n’est pas arrivé à les anéantir, est-ce Kabila y parviendra ?
            Voilà un défi que Kinshasa doit à tout prix relever pour montrer à ces voyous qu’il ya autres temps et autres mœurs !
            Cette situation est à n’en point douter à l’avantage des FARDC et leurs alliés militaires ou armés. L’effet bouleversant et de surprise de leur victoire éclatante contre la rébellion pro rwandaise défaite comme un conglomérat des petits bandits urbains doit être mis à profit pour lancer une offensive de grande envergure contre ces rebelles qui continuent à semer la mort au sein de la population congolaise qui n’a rien avoir avec les revendications politiques de ces rebelles contre le pouvoir de Kampala.
            Comment doivent vivre les populations de la ville de Beni frontalière à l’Ouganda qui n’ont pour activités principales que les champs mais qui tournent au ralenti en raison de la présence des ADF-Nalu ? Pour combien de temps encore le sang des Congolais, de cette partie de la RDC en particulier, doit-il continuer à couler ? Pendant combien de décennies les populations de Beni doivent –elles continuer à faire les frais de la folie meurtrière des rebelles d’un pays voisin ?
            En attendant et entre temps, il y a lieu de tirer au clair l’assassinat de ces 21 personnes. Le gouvernement congolais a le devoir d’initier une enquête dans les plus brefs délais pour faire toute la lumière sur ces violations graves des droits de l’homme. Et comme l’a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en RDC, et chef de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco), Martin Kobler, « Ces atrocités ne resteront pas impunies, les auteurs ne connaitront pas de répit tant qu’ils n’auront pas répondu de leurs actes devant la justice ».
            Aux FARDC de montrer que les ADF-Nalu ne sont rien face à d’autres forces négatives qu’elles ont eu à anéantir dans un passé tout récent. Des signes montrent que les jours des ADF-Nalu sont comptés.
Kléber Kungu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire