Lancement officiel du Plan d’action humanitaire 2014
en RDC
Les humanitaires cherchent 832 millions de dollars pour 4,7 millions de Congolais
La communauté humanitaire a besoin
de 832 millions de dollars américains – dont 539 millions de dollars pour
des activités hautement prioritaires –
seront nécessaires pour soulager les souffrances de 4,7 millions de
Congolais sur l’ensemble du territoire de la RDC.
Le Coordonnateur
humanitaire, Moustapha Soumaré, l’a déclaré dans son discours à l’occasion du
lancement officiel du Plan d’action humanitaire 2014 en RDC ; un discours
comportant 3 messages importants.
Dans un
discours qui a souligné tous les grands défis que les acteurs humanitaires
doivent relever au cours de cette année, Moustapha Soumaré a, sur une note
pessimiste, mais réaliste, livré ses trois messages importants pour 2014, une
année qui « ne sera pas facile » en dépit de « nos
souhaits et tout l’optimisme qui caractérise chacun d’entre nous ».
Le premier message important du
numéro un des acteurs humanitaires en RDC est que « les besoins
humanitaires vont demeurer considérables en RDC en 2014. » Pour lui,
l’émiettement de la rébellion pro rwandaise au Nord-Kivu n’a pas permis le
retour total des déplacés internes au nombre de 3 millions en janvier 2014, un
nombre jamais atteint depuis 2009, en raison de l’insécurité croissante due à
l’activisme croissant des groupes armés en grand nombre et l’accélération des
opérations militaires unilatérales par les FARDC ou conjointement avec la Monusco.
Excepté les déplacés internes, la RDC abrite aussi 254 000
réfugiés et près de 430 000 Congolais réfugiés dans les pays voisins,
pendant que le Katanga et le Maniema connaissent aussi une insécurité et que
59 000 réfugiés centrafricains se trouvent actuellement en Equateur et en
Province Orientale. Toutes ces personnes ont besoin de l’assistance
humanitaire.
Un autre défi : 17% des
Congolais en milieu urbain et 67% en milieu rural, toujours dépourvus d’accès à
l’eau potable, resteront excessivement vulnérables aux maladies hydriques
souvent mortelles, à commencer par le choléra avec plus de 27 000 cas rapportés
en 2013 dont presque 500 décès, le choléra, la rougeole et le paludisme et
d’autres épidémies mortelles.
La RDC, 3ème pays au monde avec
le plus grand nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans
En raison de la détérioration de la
sécurité alimentaire, la RDC
reste le troisième pays au monde avec le plus grand nombre de décès d’enfants
de moins de 5 ans résultant de malnutrition dans presque la moitié des cas. Un
défi renforcé par la présence de 6,7 millions de personnes, soit 11 % de la
population rurale, en situation de crise alimentaire aiguë,
contre 6,4 millions en juin 2013. La faim ouvre la porte à de multiples
infections et prive le pays d’une main d’œuvre nécessaire pour bâtir un futur
meilleur.
Quant au deuxième message, le
Coordonnateur humanitaire en RDC a invité à continuer à soutenir la nouvelle
approche d’élaboration du Plan d’action humanitaire fondée sur les crises
humanitaires et un plan de réponse stratégique, malgré ses défis et certaines
insuffisances.
Pour cette année, la communauté
humanitaire a besoin de 832 millions
de dollars américains, dont 539 millions de dollars pour des
activités hautement prioritaires, pour venir en aide à quelque 4,7 millions de
Congolais sur l’ensemble du territoire de la RDC.
Si ce montant est en baisse par rapport aux estimations de
2013, cela ne veut pas dire qu’il y a une diminution des besoins sur le terrain.
Cela est, par contre, la conséquence de la méthodologie du processus du Plan
d’action humanitaire 2014, basé sur le critère fondamental suivant :
sauver des vies là où
la situation l’exige de la manière la plus urgente.
Besoin du soutien continue des autorités
La coordination avec les mécanismes
chargés de la stabilisation et du développement, et notamment avec le Gouvernement congolais, doit être
renforcée pour créer une réelle complémentarité de nos interventions sur le
terrain, tel est le troisième message.
Moustapha Soumaré a plaidé pour une
action humanitaire efficace dans un environnement libéré d’obstacles en tout
genre : administratif, logistique et sécuritaire. Ce qui veut dire que les
acteurs humanitaires ont besoin du soutien continu des autorités nationales et
provinciales dont ils complètent l’action en faveur des Congolais et
Congolaises affectés par les crises « pour que les actions humanitaires
bénéficient des facilités nécessaires à leur accomplissement sur le
terrain ».
Auparavant, Moustapha Soumaré a
rappelé les résultats obtenus en 2013. Au cours de cette année, environ 2,75 millions de personnes
déplacées ont bénéficié de biens de première nécessité, 6,3 millions de
Congolais ont reçu une assistance en eau, hygiène et assainissement, plus de 90
000 tonnes de vivres étaient distribuées à 2 millions de personnes, plus de 15
millions d’enfants de 6 mois à 14 ans
ont été vaccinés contre la rougeole dans 273 zones de santé, et 3,4 millions
ont bénéficié des interventions dans le cadre de la lutte contre le choléra.
Ces grandes actions ont été réalisées grâce à l’apport financier des bailleurs
dont les contributions ont atteint 730 millions de dollars américains, soit 80 % du montant requis, qui s’élevait à 892 millions
de dollars américains.
Le
Coordinateur humanitaire a clos son discours en saluant l’accueil que les acteurs
humanitaires ont bénéficié sur le sol congolais de la part du gouvernement
congolais, tout en félicitant tous les partenaires pour leur contribution
inestimable à la mise en œuvre de l’action humanitaire sur le terrain, souvent
dans des conditions extrêmement difficiles, périlleuses, et sans faire la
« Une » des médias.
Dans son discours, le ministre des Affaires sociales, Action
humanitaire et Solidarité nationale, Charles Naweji Mundele, a dressé le tableau
de la situation humanitaire à travers la
RDC, caractérisé par les déplacements massifs des populations
suite à l'activisme des bandes et groupes armés et aux opérations militaires organisées par les FARDC, avec près
de 2 963 704 personnes déplacées dont plus de la moitié se trouve dans la seule province du Nord
Kivu.
A ce tableau, il faut ajouter les catastrophes naturelles provoquées par des inondations, des
éboulements de terrains, des épidémies de tout genre dans un pays où la
pluviométrie et l'hydrographie sont très abondantes. Se retrouvant dans un état de besoin d'urgence, ces populations attendent
impatiemment l'assistance en vivres, non vivres, en abris, en médicaments, en
assainissement, en eau potable ainsi qu'en protection civile.
Comme
si cela ne suffit pas, la RDC
héberge sur son sol près de 201.698 réfugiés dont le cas le plus récent est
celui de plus de 50.000 ressortissants centrafricains qui ont fui la guerre dans ce pays voisin, et qui sont localisés
dans les différents territoires frontaliers des Provinces Orientale et
de l'Equateur.
Ne pas oublier les communautés en crise humanitaire »
A
cette situation, a déclaré Charles Nawej Mundele, le gouvernement congolais a
pu apporter son assistance à la limite de ses moyens.
Face à
cette diversité de problèmes, le ministre des Affaires sociales, Action
humanitaire et Solidarité nationale a émis le souhait de son gouvernement de
voir en 2014, les équipes humanitaires mener des évaluations conjointes
Gouvernement-Communauté humanitaire.
La
représentante du Comité des ONG internationales
a remercié aussi bien les bailleurs de fonds que le gouvernement
congolais, ainsi que le Coordonnateur humanitaire et les représentants de
différentes organisations internationales et des agences des Nations unies pour
le travail abattu sur le terrain en vue de soulager la vie des millions des
personnes qui ont besoin de l’assistance humanitaire.
Elle a
invité les uns et les autres à ne pas oublier « les communautés qui
doivent faire face à une crise humanitaire ou à des épidémies diverses au Kasai
Oriental, au Kasai Occidental ou encore au Katanga » ainsi que « les
populations en situation de détresse en Equateur, en Province Orientale, au
Bandundu ou au Maniema. »
Kléber Kungu
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