Intégration multidimensionnelle pour la sous-région
Le projet pont route rail Kinshasa et Brazzaville rebondit
Verra-t-il
le jour ou non, le pont routier et ferroviaire entre Kinshasa et Brazzaville,
les deux capitales les plus proches du monde ? La question a sa place
d’autant plus que depuis que le projet est né, beaucoup de temps s’est écoulé
sans que les choses évoluent véritablement. Kinshasa et l’Assemblée provinciale
du Bas-Congo s’étaient opposé au projet. Aujourd’hui, le projet semble rebondir
et on parle de son lancement en 2014. C’est que les réticences ont été
aplanies. Les études de faisabilité,
réalisées par le cabinet français Egis, devraient être rendues entre mars et
juin prochains. Le pont,
qui est un projet de la Communauté économique des
Etats de l’Afrique centrale, CEEAC. sera constitué d’une route pour
automobile et de rail pour le chemin de fer Kinshasa Ilébo.
Les deux capitales qui s’enorgueillissent d’être les plus rapprochées du monde, avec quatre kilomètres seulement les séparant, n’ont de proche que le nom. Car il n’existe aucune infrastructure de transport reliant les deux villes. En outre, pour passer d'une rive à l'autre, les marchandises et les personnes des deux villes empruntent des bateaux de fortune et la plus grande partie du commerce reste donc dans le secteur informel.
Le Nepad (Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), qui s’occupe du dossier, a chargé le président congolais Denis Sassou Nguesso est chargé de son suivi. Le coût total, apprend-on, s’élève à 400 millions d’euros.
Le projet,
plusieurs fois reporté, s’inscrit dans le cadre d’une politique d’intégration
sous régionale. Plusieurs bailleurs de fonds à l’instar de la Banque
mondiale et de la Banque
africaine de développement (BAD) ont déjà annoncé leur avis
favorable à la réalisation de ce projet. Pour la phase d’étude du projet, la BAD a financé les travaux pour
environ 6 millions de dollars.
En décembre
2013, les autorités des deux pays ont pu se mettre d’accord sur le site où le
Pont-route-rail sera érigé : le site de Maluku. A en croire les
projections, les deux Congo implanteront des zones économiques spéciales (ZES) sur les deux rives. Les deux Maluku
constituent également des sites d’extension pour les capitales Kinshasa et
Brazzaville ; ils demeurent donc un choix optimal pour le projet. Aussi la
réalisation du projet permettra-t-elle de toucher à 3 piliers de cette démarche
d’intégration sous-régionale. Premièrement, il renforcera la libre circulation
des biens et des personnes entre les deux pays. Deuxièmement, il conduira à une
réduction de délais d’attente lors de la traversée du fleuve, d’un pays à
l’autre. Enfin, il améliorera la qualité des services de transport et réduira
les coûts associés.
Réticences de Kinshasa
et de l’Assemblée provinciale du Bas-Congo
Au début,
Kinshasa et l’Assemblée provinciale du Bas-Congo avait présenté beaucoup de
réticences quant à la construction de ce pont. Ce qui explique en partie le
retard qu’a pris le projet. le Le gouvernement congolais estimait que la
construction de ce pont ne pouvait être possible qu’après des études de son
impact sur les ports de Matadi et de Boma, dans la province du Bas-Congo, craignant que le pont ne constitue un
contrepoids contre les ports de Matadi et de Boma dans le Bas-Congo au profit
du port en eau profonde de pointe noire. Ainsi le gouvernement congolais a donc
conditionné son accord à la construction d’un port en eaux profondes à Banana
dans le Bas-Congo.
Selon les
statistiques gouvernementales, les deux ports représentent 60% des recettes
douanières de la RDC,
très loin devant les postes douaniers de Kasumbalesa au Katanga et Kasindi et
Bunagana au Nord Kivu. Des analystes congolais avaient également présenté
le manque à gagner pour la RDC,
estimant que ce pont allait gêner par la suite des régies et entreprises comme
l’Office de gestion et fret maritime (Ogefrem), l’Office congolais de contrôle
(OCC), la Société
congolaise des transports et des ports (SCTP) ex-Onatra et de nombreuses
agences en douane. Ils avaient ajouté que l’activité économique de la province
du Bas Congo risquait de connaître un fort ralentissement.
Selon les sources gouvernementales à Kinshasa, la réticence de la RDC repose sur le contre poids que pourrait subir les ports de Matadi et de Boma, au profit du port en eau profonde de pointe noire.
Selon les sources gouvernementales à Kinshasa, la réticence de la RDC repose sur le contre poids que pourrait subir les ports de Matadi et de Boma, au profit du port en eau profonde de pointe noire.
La population du Bas Congo a
toujours émis les mêmes réserves sur ce projet. Plusieurs délégations de cette
province se sont rendues à Kinshasa pour présenter leur désaccord sur
l’érection de ce pont.
Avantages selon la BAD
Pour la BAD, la mise en œuvre rapide
d’un pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville permettrait entre autres :
« -de favoriser les échanges
commerciaux entre les deux pays;
-d’améliorer la continuité du
système de transport sur le corridor Cameroun-Gabon-Centrafrique-Congo - RDC,
passant par le Tchad et la
République centrafricaine;
-de renforcer le processus
d'intégration régionale et d'échanges, notamment au sein des pays membres de la CEAAC et avec les pays de la SADC et, à terme, avec ceux du
COMESA. »
La réalisation du projet aura comme
principaux résultats :
« - la réduction des délais
d'attente lors de la traversée du fleuve Congo ;
- le renforcement et l'accroissement
de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la CEEAC;
-l'élimination de la rupture de la
chaîne de transport, pour les deux modes, routier et ferroviaire;
-l'amélioration de l'efficacité des
services de transport et la réduction des coûts qui y sont associés. »
Ce pont
route-rail favorisera donc une révolution dans les échanges entre les deux pays
dans la mesure où ses bénéfices seront énormes en termes d’intégration et de
retombées économiques. Sans oublier le brassage culturel qu’il renforcera entre
deux peuples qui ont presque les mêmes modes de vie et d’existence. Le Congo
Kinshasa et le Congo Brazzaville pourront aisément échanger sur les plans
économique, culturel et politique en vue de trouver ensemble des solutions à
leurs problèmes communs.
Description du pont
L'ouvrage à
réaliser comprendra les éléments essentiels suivants: 1) un pont route-rail
destiné à assurer le passage dans des conditions optimales de sécurité et
d'économie d'un trafic automobile et ferroviaire dont les caractéristiques
seront déterminées par les études ; 2) une
voirie d'accès sur chaque rive, destinée au raccordement de l'ouvrage au réseau
routier et le raccordement ferroviaire, de chaque pays avec les dispositions
adéquates; 3) des installations
terminales dissociées (ou communes) en liaison avec le caractère spécifique de
l'implantation de l'ouvrage en zone frontalière devant traiter des questions
administratives, de police, douanes, etc.; en relation avec son mode de
fonctionnement et d'exploitation (services, péage, zones spéciales).
Kléber Kungu
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