Moustapha Soumaré tire la sonnette d’alarme
Le Coordonnateur humanitaire craint une aggravation de la crise au Katanga
Depuis
2011, le nombre de personnes déplacées dans la province du Katanga s’est
multiplié par huit. Ce qui fait craindre une aggravation de la crise
humanitaire dans cette partie du pays. Le responsable de l’aide humanitaire des
Nations unies en République démocratique du Congo (RDC), Moustapha Soumaré,
signale que le nombre de personnes déplacées par la violence dans la province
du Katanga augmente d’une façon alarmante.
“A l’heure
actuelle, a déclaré le Coordinateur humanitaire en RDC, Moustapha Soumaré, il y a huit fois plus de personnes déplacées à
l’intérieur du Katanga qu’il y a trois ans,
L’aggravation de la situation sécuritaire pourrait déplacer plus de
personnes au cours des prochaines semaines ».
A ce jour,
on estime qu’il y a 402 000 personnes déplacées au Katanga, comparé aux 51 000
en mars 2011. Plus de 2.9 millions de personnes sont déplacées à travers la RDC.
“Plus il y
a de personnes déplacées à l’intérieur du pays, a-t-il redouté, plus nous
devons répondre aux besoins en aide d’urgence. Nous devons trouver des
solutions et faire en sorte que les populations civiles ici ne se sentent pas
oubliées”.
Le triangle de la mort
Selon un
communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations
unies (Ocha), l’insécurité reste la raison principale des déplacements au
Katanga, une province riche en minéraux et qui était traditionnellement
considérée comme assez stable et productive sur le plan économique.
Cependant,
depuis septembre 2013, plus de 60 villages ont été brûlés au cours d’une
campagne de terre brûlée par les combattants Mai
Mai Bakata Katanga dans
les territoires du nord de Manono, Mitwaba et Pweto – une région appelée «
triangle de la mort » par les organisations humanitaires.
La région
de Pweto, à elle seule, héberge quelque 60 000 personnes obligées de fuir leurs
habitations à cause de la violence, représentant 36 pour cent de la population
totale de déplacés internes dans la province.
Les travailleurs humanitaires en danger
L’augmentation
de l’insécurité au Katanga empêche par conséquent les agences humanitaires
d’apporter leur aide. Ce qui constitue donc un véritable danger pour eux. Par
exemple, les experts en alimentation estiment que des milliers de personnes
vivant dans « le triangle de la mort» souffrent d’extrême malnutrition.
Cependant, l’insécurité signifie que les organisations humanitaires ne peuvent
pas apporter assez de vivres et d’assistance. Chaque jour qui passe, apprend-on,
des dizaines de personnes, et surtout les enfants, souffrent de malnutrition,
ce qui ouvre, par conséquent, la porte aux maladies, aux infections et à la
mort.
La source
ajoute que l’année dernière, le personnel de santé a combattu une épidémie de
choléra qui a affecté plus de 13,700 personnes au Katanga – faisant d’elle la
province la plus touchée du pays. Il a fallu plus de temps pour maitriser cette
maladie mortelle dans les régions en proie à l’insécurité.
“L’insécurité
est un élément de la planification, mais cela ne nous a jamais empêchés
d’apporter l’aide humanitaire. C’était simplement plus difficile à faire,” a
dit Joseph Inganji, le chef de bureau par intérim d’Ocha en RDC. “A de nombreuses
occasions, les convois d’aide au Katanga ont dû transiter par la Zambie, un détour qui
demande beaucoup de temps et d’argent.”
Selon les
chiffres compilés par Ocha, les miliciens Bakata Katanga sont responsables de
plus de la moitié des personnes déplacées de force dans la province,.
Choléra, cantines scolaires et ex- enfants soldats
Selon le
communiqué d(Ocha, avec sept agences onusiennes et environ 50 ONG présentes, le
Katanga a la plus petite communauté d’aide humanitaire des quatre provinces
orientales de la République
démocratique du Congo. Cette situation et les problèmes sécuritaires n’arrivent
pas à empêcher les acteurs humanitaires de voler au secours des populations en
détresse.
Le
Programme alimentaire mondial (PAM)) et ses partenaires ont distribué plus de
11 000 tonnes de vivres en 2013 – suffisamment pour 690,000 personnes.
Son programme de cantine scolaire a joué un rôle crucial pour que les enfants
restent à l’école. Cette initiative qui date de nombreuses années fournit chaque
jour des repas chauds aux enfants, un service qui parfois s’étend à d’autres
membres de la famille.
En 2013, Le
Fonds commun d’OCHA a alloué de l’argent aux ONG Solidarités International et à l’Agence adventiste de secours et de développement
(ADRA)) pour améliorer les installations d’eau et d’assainissement et combattre
le choléra au Katanga. Une allocation supplémentaire a permis au Fonds des
Nations unies pour l’enfance (UNICEF) de sauver plusieurs centaines d’enfants
des mains des groupes armés.
La détérioration de la situation sécuritaire
au Katanga oblige les agences de l’Onu et les ONG à réviser leurs opérations
dans la province et à augmenter leur présence et leur capacité. OCHA a renforcé
ses opérations au Katanga en ajoutant deux membres de plus et les autres
organisations planifient d’en faire de même.
“La situation au Katanga est critique. Elle exige beaucoup
plus d’attention, plus d’acteurs, et plus de fonds,” a souligné Moustapha
Soumaré. “Nous devons augmenter notre réponse humanitaire si nous voulons
sauver la province d’une crise généralisée.”
Kléber Kungu
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