A l’école de maman Sidonie Lumuenidio
(Un
témoignage de Kléber Kungu, de retour de Nkamba)
La célébration à Nkamba Nouvelle Jérusalem de la fête
du centenaire de papa Kisolokele Lukelo Daniel Charles, fils aîné du prophète
Simon Kimbangu, nous a permis de découvrir un pan des secrets de la réussite de
l’Eglise kimbanguiste. Il est des hommes et des femmes qui, à quelques
responsabilités que ce soit dans cette grande locomotive qu’est l’Eglise de
Jésus-Christ sur la terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu, EJCSK,
travaillent dans l’ombre. C’est le cas de Sidonie Lumuenidio, épouse de papa
Simon Kimbangu Kiangani. Celle que tout fidèle kimbanguiste appelle
affectueusement « Mama ». Nous avons été à son école pendant quelques
jours. Les leçons apprises sont étonnamment encourageantes et intéressantes.
Lorsque
Lorry Nsimba, régisseuse à RGT@ et fille du coin, nous invite, le mercredi 12
février, à nous rendre chez « Maman », j’ai hâte d’y arriver
pour découvrir la première fidèle kimbanguiste. C’est qu’en compagnie de
quelques autres confrères que je vais découvrir cette femme de caractère.
Aussitôt à
l’entrée de la coquette résidence privée du chef spirituel et représentant
légal de l’Eglise kimbanguiste, quelques gardes nous accueillent. Non pour nous
demander de décliner notre identité, mais ce que nous voulons.
Quelques
personnes nous y ont précédés, chacun attendant son tour d’être reçu par Maman.
Notre guide nous conduit dans une sorte de restaurant à ciel ouvert. C’est une
femme qui nous accueille, toute souriante, après avoir répondu à
notre « bonjour ». C’est Ma Lili Bungudi. Une de nombreuses
femmes de ménage au service de Maman Sidonie Lumuenidio.
A chaque employée sa
charge
Elle
emploie plusieurs femmes à son service. Chacune d’elles s’occupe des charges
distinctes. Il y en a pour la cuisine, d’autres pour le transport de la
nourriture de la cuisine au restaurant, un autre groupe pour servir les
visiteurs. D’autres femmes s’occupent de la maison de « Maman ». Elle
en a également une qui s’occupe de sa santé.
Madame Lili
Bungudi est parmi les servantes. Le nombre de visiteurs par jour est tel qu’il
n’ya pas de place pour les fainéantes chez Maman Sidonie. Surtout les jours de fête, le nombre
de visiteurs ne faiblit pas. Chacun y vient pour ses problèmes. « Nous recevons plusieurs visiteurs par
jour : entre 200 et 300 personnes », nous confie Ma Lili, toute
contente de se confier à des journalistes.
Avant de
prendre notre déjeuner, notre « guide » s’arrange pour arracher des
« civilités » chez Maman Sidonie. « La voilà », nous
signale Lorry Nsimba. Le cœur bat la chamade. C’est une femme de taille
imposante, téléphone en main, le regard toujours perçant, le sourire éternel
aux lèvres. Elle adore de longues robes en tissu Bazin. Particulièrement aux
couleurs kimbanguistes. Ses nombreux va et vient entre l’intérieur de sa maison
et l’extérieur expliquent que ses journées sont loin d’être de tout repos.
Tantôt
assise pour recevoir ses visiteurs pour quelques minutes, tantôt debout pour
juste saluer les autres. Les uns et les autres, par respect, se présentent à
genoux devant la première femme kimbanguiste.
Nous voici
devant Maman Sidonie. Quelques poignées de mains rapides, accompagnées d’une
brève présentation faite par notre guide, constituent la rencontre avec cette
femme. « Ce sont mes confrères
journalistes venus de Kinshasa pour couvrir le centenaire de papa
Kisolokele », annonce Lorry Nsimba.
La file des visiteurs
est ininterrompue
La file des
visiteurs est ininterrompue. Ainsi que les présents (cadeaux) de toutes sortes.
Produits manufacturés, de l’argent, produits vivriers… affluent chez Maman.
Nous
attablons pour déjeuner. Ce qui est servi est loin de refléter le milieu dans
lequel nous nous trouvons : du Nescafé, du thé Lipton, de la margarine, du
lait (pas en petits sachets). Et pour faire local, du pain fabriqué sur place,
des safous, des arachides…Il y a environ quatre tables où s’attablent 16
personnes. D’autres les remplacent quelques minutes plus tard…La scène est
pareille lors du dîner ou su souper.
C’est la
même Lili que je rencontre chez Maman toutes les 5 fois que nous nous y sommes
rendus : le même accueil, le même sourire, les mêmes mots tendres…Elle
travaille chez Maman depuis 2013.
Et
pourtant, le travail de servir les visiteurs de Maman est loin d’être une
sinécure. Ma Lili me raconte brièvement comment elle travaille.« Quand 3
heures sonnent, le sang de mon corps fait un tour. Je me réveille pour
commencer à travailler. Je n’arrête que vers minuit », me confie cette
femme. « Le travail est si intense que je n’arrive pas à manger et la
nourriture pourrit », se plaint-elle. Lorsque je lui demande son numéro de
téléphone, elle me le donne en ajoutant ceci :« D’ailleurs, en raison de l’intensité du travail, je n’ai pas l’habitude
d’avoir mon téléphone à mes côtés ».
J’ai eu à
expérimenter ces propos. Une fois à Kinshasa, au moment de rédiger cet article,
j’ai tenté, à plusieurs reprises, de joindre au téléphone Ma Lili. Sans succès.
La vie chez
Maman Sidonie ne s’arrête pas à la maison. Aussitôt dégagée de ses nombreuses
occupations, Maman Sidonie et ses employées n’hésitent pas à se rendre aux
champs. « Maman, me raconte Ma Lili, nous accompagne souvent aux champs où
elle travaille sans distinction de son rang. »
Ancien
commando formé à Kotakoli, Maman Sidonie arrive à conduire elle-même le
tracteur pour faire le labour des champs. Je tiens l’information de l’un de
nombreux fidèles kimbanguistes alors que nous passons ce jour-là à côté de ce
tracteur.
Les 6 leçons de
l’école Maman Sidonie
Somme
toute, Maman Sidonie, comme son mari, le chef spirituel, c’est une école, une
grande école. Quelques heures que j’ai passées dans cette école m’ont appris
beaucoup de leçons qui guident la vie quotidienne de grandes personnalités et
du monde parfait.
L’amour du
prochain est la première leçon que cette école apprend aux nombreux visiteurs
en leur donnant à manger sans distinction de race ni de religion ni de classe
sociale. Une leçon qui est renforcée par celle du partage avec le voisin.
Lorsqu’on accepte de travailler chez Maman, il faut consentir des sacrifices
qui vous astreignent à oublier même de manger ou de s’occuper de soi-même.
Le respect
reste la quatrième leçon : respect de l’autorité, respect des institutions
établies, respect des lois, respect de tout le monde…Un respect qui doit
s’accompagner de l’ordre. En effet, chez Maman, l’ordre y est de rigueur :
on n’y entre pas comment.
Le travail
demeure la 6ème leçon. Aucune Eglise, aucune entreprise, aucune
nation ne se construit sans travail. Sans travail bien fait.
Maman
Sidonie Lumuenidio l’a bien compris.
C’est pourquoi, des années durant, sans relâche, elle s’emploie à inculquer ces
leçons à toutes ses employées. Pour le bonheur de l’Eglise kimbanguiste en
particulier, de la RDC
en général.
Oui, les
quelques heures passées à l’école de Maman Sidonie m’ont également appris
toutes ces leçons. Comme quoi, le voyage de Nkamba, excepté tout l’aspect
festif, aura été très instructif, bénéfique.
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