jeudi 11 octobre 2012
Yamina Benguigui à Kinshasa à bord d’un Facon pour …140 000 euros
XIVe sommet de Francophonie
Yamina Benguigui à Kinshasa à bord d’un Facon pour …140 000 euros
La ministre de la Francophonie, la Française Yamina Benguigui, est à Kinshasa pour participer au XIVe sommet de la Francophonie, du 12 au 14 octobre. Pour s’y rendre, elle a pris un Falcon 900 de la République - plutôt qu'un avion de ligne - pour une bagatelle de…140 000 euros, soit plus de 180 000 dollars américains. En le faisant, elle a bravé la charte de déontologie imposée aux membres du gouvernement par François Hollande en prenant un Falcon 900 de la République qui a coûté… Pour cela, la ministre s’est fait tirer les oreilles par l’Elysée.
Lorsque le 17 mai, alors à peine devenu président de la République, François Hollande a imposé la signature d'une charte de déontologie aux membres du gouvernement, prévoyant notamment qu'ils devraient prendre des trains pour les déplacements intérieurs, sauf exception, et pour l'étranger, des vols réguliers, il a voulu que son gouvernement et lui soient exemplaires en matière de dépenses.
5 mois plus tard, est-ce à dire que Yamina Benguigui ait mis en cause l'exemplarité prônée par François Hollande à la tête de l'Etat et qu’elle ait fait long feu ?
L’acte posé par la ministre déléguée à la Francophonie lui a valu des remontrances de la part de l’Elysée. Elle s’est fait tirer les oreilles par l'Elysée pour avoir préféré emprunter un Falcon 900 de la République plutôt qu'un avion de ligne pour se rendre au sommet de la Francophonie qui se déroule actuellement à Kinshasa, dont le coût estimé du vol est de 140 000 euros. Pour ce déplacement en Falcon, rapporte Le Figaro, l'entourage du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault avance un coût de 88.000 euros, donc inférieur aux 140.000 euros évoqués dans le Canard enchaîné.
Selon le Canard Enchaîné, citant un argentier de l’Elysée, après avoir découvert la manœuvre au début de cette semaine, Yamina Benguigui s’est entêtée à prendre un Falcon 900, alors que «les consignes étaient d'utiliser un avion de ligne. Elle est passée outre».
La défense du gouvernement
Aussitôt l’affaire ébruitée, le gouvernement français a pris la défense de la ministre. Yamina Benguigui aurait sollicité cette faveur de prendre le Falcon pour lui permettre de se rendre au Nord-Kivu après le sommet. Elle a prévu de se rendre dans cette province de l'est de la RDC ravagée par la guerre pour visiter un camp de réfugiés à qui elle compte apporter une aide de deux millions d'euros.
Par ailleurs, toujours selon la même source, Matignon affirme que l'Élysée avait été informé du mode de déplacement de la ministre.
«Le déplacement de Yamina Benguigui a bien été validé par le chef de cabinet du Premier ministre, comme c'est le cas pour tous les déplacements, explique le conseiller de Matignon. Mais, comme cela concerne un voyage à l'étranger auquel participe aussi le président, l'Élysée était informé et a donné son accord».
Ce que dément l'entourage du président de la République. «Nous n'étions pas du tout dans la boucle puisque tous les déplacements des ministres sont gérés par Matignon», affirme un conseiller Elysée, cité par LeLab.
Yamina Benguigui est abonnée aux petites polémiques. En août dernier, la ministre avait exigé que l’ambassade de France mette un coiffeur à sa disposition, durant les quatre jours de sa visite à Kinshasa. Ce que la ministre a vivement démenti.
Du côté du gouvernement, on tente donc de calmer le jeu. La porte-parole Najat Vallaud-Belkacem se défend ignorer les conditions dans lesquelles Yamina Benguigui a pris cet avion, estimant qu'il n'y avait pas d'autre choix possible. « Beaucoup a été dit à son sujet, moi, ce que j'en vois, c'est une collègue ministre complètement investie dans ses dossiers», a-t-elle défendu sa collègue.
Parlant de cette guerre il y a quelques jours, la ministre déléguée à la Francophonie avait évoqué un «conflit oublié, sans visage» et insisté sur les violences faites aux femmes. Elle avait dénoncé qu’il y avait des « femmes violées, mutilées, tuées. Des femmes échangées, troquées, qui font l'objet des pires transactions».
Joyandet avait dû démissionner pour des frais d'avion
Quelques jours après sa nomination surprise en mai dernier, la présence de Yamina Benguigui en terrasse d'un palace cannois avait en effet fait grincer des dents Matignon. En plein coeur de l'été, la magazine «Le Point» affirmait que la ministre «avait exigé que l'ambassade de France mette un coiffeur à sa disposition» durant le sommet de la Francophonie. Une information aussitôt démentie par l’intéressée et par l’ambassade française sur place.
Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que les frais d'avion d'un ministre font polémique. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération, avait été lui aussi épinglé en mars 2010 pour avoir emprunté un jet privé pour se rendre en Martinique. Ce déplacement, qui a coûté 116 000 euros, lui avait surtout coûté son poste au gouvernement quelques semaines plus tard.
Qu’en sera-t-il de Yamina Benguigui ? Elle a peut-être la chance de s’en tirer honorablement.
Kléber Kungu
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