mardi 16 octobre 2012
Reprise du procès Bemba : un ancien sergent centrafricain témoigne
Cour pénale internationale
Reprise du procès Bemba : un ancien sergent centrafricain témoigne
Le procès du président du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba a repris lundi 15 octobre matin devant la Cour pénale internationale (CPI) avec le témoignage d’un ancien sergent centrafricain.
Le témoin invité à la barre lundi 15 octobre est le cinquième témoin appelé par la défense de Jean-Pierre Bemba. C’est un ancien sergent de l’armée centrafricaine qui a participé aux combats qui ont opposé les troupes François Bozize, alors dans la rébellion, à l’armée centrafricaine en 2002 et 2003.
Appelé à la barre, il a déposé sous pseudonyme et a largement basé sa déposition sur les communications radios, affirmant notamment que les chefs du MLC disposaient de leur propre fréquence pour communiquer avec les autres forces, soutenant qu’ils n’avaient pas accès aux autres fréquences de l’armée centrafricaine.
« Ils portaient des bérets verts et une uniforme verte [tenue de l’armée centrafricaine] », a-t-il précisé. Il a ajouté que les soldats de l’armée centrafricaine portaient, eux, des uniformes identiques à ceux des militaires français.
Cette déposition vient renforcer la position de Jean-Pierre Bemba qui affirme que ses troupes avaient été placées sous l’autorité de l’armée centrafricaine et qu’il ne peut pas être tenu comme responsable des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.
C’est en novembre 2010 que le procès Jean-Pierre Bemba a débuté à la Cour pénale internationale à La Haye. L’affaire avait été suspendue le 21 septembre 2012 suite à la disparition de deux témoins de la défense. Il s’agit de l’ancien officier des renseignements du régime Patassé, témoin à décharge, désigné sous le pseudonyme D04 07 et d’un second témoin, désigné sous le pseudonyme D 04 11, qui aurait pris l’avion pour La Haye le 25 septembre dernier, mais ne s’est jamais présenté à bord.
Les juges de la Cour pénale internationale ont alerté les autorités de leur pays, dont le nom n’a pas été révélé. On sait cependant que la défense de Jean-Pierre Bemba comptait appeler à la barre des responsables centrafricains et congolais.
Selon l’avocat de Jean-Pierre Bemba, Me Kilolo, certains témoins ont peur pour leur sécurité et celle de leur famille, alors que d’autres craignent de s’incriminer lors de leur déposition, et d’être, dès lors, poursuivis à leur tour.
La défense de Jean-Pierre Bemba doit encore appeler 59 témoins à la CPI. Ses avocats estiment que la majorité d’entre eux, près de 35, ne posent pas de problèmes spécifiques car ils résident dans des pays proches de la Cour. Ceux-là pourraient donc commencer à comparaître à partir du 15 octobre.
Pour les témoins plus vulnérables, la Cour envisage de leur permettre de déposer, par vidéo conférence, depuis le tribunal pour le Rwanda basé à Arusha, en Tanzanie.
C’est depuis le 14 août dernier que le sénateur congolais a commencé à présenter sa défense dans un procès qui a dû être interrompu à plusieurs reprises.
Jean-Pierre Bemba Gombo est poursuivi pour crime contre l’humanité et crime de guerre.
Sur demande d’Ange-Félix Patassé, menacé par la rébellion de François Bozize, Jean-Pierre Bemba, alors chef rebelle, avait envoyé ses troupes en Centrafrique. Ces militaires ont été accusés de viols, des meurtres et des pillages.
Kléber Kungu
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