lundi 29 octobre 2012
Le Dr Mukwege se trouve en sécurité au Burundi
Après avoir été évacué d’urgence
Le Dr Mukwege se trouve en sécurité au Burundi
* Il pourrait se rendre par la suite en Belgique
Le gynécologue Denis Mukwege, victime jeudi soir à son domicile de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) d'une attaque menée par cinq hommes armés qui ont tué son gardien, se trouve actuellement au Burundi. Toutes les dispositions sont prises pour l'accueillir en Belgique, selon l’agence belge d’informations, citant le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders.
Après avoir échappé de justesse à une tentative d’assassinant jeudi 25 octobre soir dans son domicile à Bukavu, à son retour de Bruxelles où il avait participé mardi à une conférence de la Fondation Roi Baudouin, le Dr Denis Mukwege, a été évacué samedi 27 octobre pour Bujumbura, capitale du Burundi. "Il a quitté l'est (de la RDC) et se trouve à Bujumbura (la capitale burundaise) avec son épouse et ses deux filles. Il est en compagnie de notre ambassadeur" au Burundi, Jozef Smets, a affirmé Didier Reynders à l'agence BELGA après une conversation téléphonique en matinée avec le Dr Mukwege. Lors de cette tentative, un gardien a été tué. Le gynécologue en était sorti indemne bien que psychologiquement affecté.
Ce médecin dirige l'hôpital et la fondation Panzi, créés pour venir en aide aux femmes victimes de viols et autres pathologies gynécologiques de la part des groupes armés locaux et étrangers, ainsi que par certains soldats de l'armée dans l'est de la RDC.
"Il n'est pas exclu qu'il vienne en Belgique", a ajouté Didier Reynders, expliquant que son département se chargeait de régler les problèmes administratifs "pour l'accueillir dans les meilleures conditions", afin de lui permettre " « de se mettre à l’abri » et de se reconstruire".
Le Dr Mukwege s’est en effet dit « très choqué » par cette tentative d’assassinat qui l’a visé directement, pour des raisons qu’il ignore, et commise par quatre ou cinq agresseurs, a souligné le chef de la diplomatie belge.
M. Reynders a ajouté que l’ambassade de Belgique en RDC allait « suivre de près l’enquête » réclamée auprès des autorités congolaises (le gouvernement du Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon et le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Tshisambo).
La Belgique a aussi demandé à la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) d’assurer la protection de l’hôpital de Panzi et de son personnel, pour en garantir le fonctionnement même après le départ du Dr Mukwege, a ajouté le ministre.
A l’initiative du ministre de la Coopération au développement, Paul Magnette, une contribution de 170 000 euros a été prévue cette année pour l’hôpital de Panzi, un effort qui s’ajoute aux dix millions d’euros fournis au « Plan de stabilisation et reconstruction de l’est de la RDC (Starec) » créé par l’Onu, la communauté internationale et le gouvernement.
Des ONG réclament sa protection
Entre temps, un groupe d'organisations non gouvernementales (ONG) a demandé samedi 27 octobre aux autorités congolaises de protéger le gynécologue Denis Mukwege, plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel de la paix.
"La Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit appelle le gouvernement" congolais à "prendre des mesures immédiates pour protéger le docteur Mukwege et sa famille", demande ce mouvement, dans un communiqué.
La société civile du Sud-Kivu prépare une journée "ville morte", mercredi 31 octobre, pour protester contre la tentative d'assassinat du Dr Mukwege et l'insécurité à Bukavu où l'on a recensé au moins quatre assassinats ces derniers jours.
L’hôpital général de référence de Panzi, à Bukavu, soigne chaque année environ 3 000 femmes victimes de violences sexuelles. Et depuis janvier de cette année, l’hôpital vient d’accueillir près de 1 800 femmes violées, dont 220, rien que pour le seul mois d’octobre. Ses activités lui ont valu plusieurs nominations pour le prix Nobel de la paix et il a notamment reçu le prix de l'Onu pour les droits humains.
Le Dr Denis Mukwege est membre fondateur du comité consultatif de la Campagne internationale pour mettre fin aux viols et à la violence fondée sur le genre en situation de conflit qui, depuis son lancement en mai 2012, a réuni des centaines d'organisations à travers le monde.
Les membres de la Campagne craignent que la "tentative d’assassinat" de jeudi "puisse avoir un lien avec les activités du Dr Mukwege qui, en septembre, avait soutenu le plaidoyer pour la Campagne à l’Onu où il a mis en lumière la montée des viols et de la violence fondée sur le genre dans l’Est", indique le texte.
Vendredi 26 octobre, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, avait appelé "les autorités congolaises à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer la sécurité du Dr Mukwege, pour rapidement présenter les auteurs de cette attaque à la justice".
L’absence de ce gynécologue à Bukavu, même pendant quelques semaines, constitue un coup dur pour les milliers de patientes qui ne retrouvent le sourire de la vie que grâce aux services qu’elles reçoivent du numéro un de la fondation Panzi.
La place du Dr Denis Mukwege n’est nulle part ailleurs qu’auprès de ses patientes, à l’hôpital de Panzi. Aussi Kinshasa doit relever le défi de sa protection ainsi que celle de sa famille.
Kléber Kungu
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire