mardi 23 octobre 2012
URDC, nouveau groupe armé créé, après le CNTC, Rahiya-Mutomboki…
Beni/Nord-Kivu
URDC, nouveau groupe armé créé, après le CNTC, Rahiya-Mutomboki…
Le paysage politique du Nord-Kivu est aussi prolifique que son sous-sol riche en matières précieuses. Si les secondes sont en grande partie à la base de son instabilité chronique, le premier lui attire la risée de la planète tout entière. Le 20 d’octobre dernier, un nouveau mouvement politico-militaire vient d’allonger la liste ô combien longue des groupes armés qui font la particularité de cette province minière. Il s’appelle « Union pour la réhabilitation de la démocratie au Congo, URDC. Il vient de voir le jour dans le territoire de Beni au Nord Kivu. Ses géniteurs, apprend-on, sont les officiers ex- APC, l’Armée patriotique du Congo, une ancienne branche armée du RCD-KML de …Antipas Mbusa Nyamuisi, ancien ministre des Affaires étrangères sous la transition 1+4, puis ministre de la Décentralisation après les élections de 2006 et passé ensuite à l’opposition peu avant les élections de 2012.
Aujourd’hui donc, comme pour respecter la triste tradition, les Nord-Kivutiens ont allongé la liste des groupes armés en créant l’URDC qui voit le jour quelques jours après la création de Rahiya-Mutomboki signifiant (Le peuple libérateur), un autre groupe armé, dans le groupement de Baliga, dans le territoire de Shabunda, au Sud-Kivu.
Comme d’habitude, telle une chanson dont on a entendu abondamment les couplets et les refrains, les officiers déserteurs initiateurs de l’URDC ont trouvé des alibis pour créer leur machin : ils disent revendiquer la réhabilitation de la démocratie et de la vérité des urnes en RDC, ainsi que l’amélioration du social des militaires et du peuple congolais. Dans sa déclaration, Jacques Tahanga Nyolo a reconnu que son groupe est en contact avec la rébellion du M23.
C’est le coordonateur et porte-parole militaire de l’URDC, le colonel Jaques Tahanga Nyolo, officier déserteur de l’armée congolaise, issu de l’APC qui a annoncé la création de ce nouveau mouvement politico-militaire, en réalité un groupe armé comme il en fourmille dans la région. L’URDC a placé ses pénates dans les montagnes de Ruwenzori et Graben dans le territoire de Beni, la province du Nord-Kivu. Le général autoproclamé, Hilaire Kombi, en est le commandant des opérations.
Les responsables militaires au Nord Kivu qualifient la création de ce mouvement comme une brève aventure. Le porte-parole de la 8e région militaire, le colonel Olivier Amuli , a ajouté que ce mouvement politico-militaire n’est qu’une bande des déserteurs. L’armée est prête à défier cette nouvelle rébellion, a-t-il assuré.
Après ‘‘Rahiya Mukombozi’’ (le Peuple libérateur) créé le 11 octobre dernier dans le groupement de Baliga, territoire de Shabunda au Sud-Kivu par Tchondo et Bimbezi, respectivement commandants en second des factions Rahiya Mutomboki, Jean Musombo et Sisawa, et le major Dona, déserteur des FARDC, c’est le tour du territoire de Beni au Nord-Kivu d’accueillir un nouveau mouvement politico-militaire.
Création du CNTC
Quelques semaines plus tôt, nous apprenions également la création du Conseil national de transition du Congo (CNTC), initiative du député Roger Lumbala, réfugié en France ; un machin créé sous l’image de nombreux « conseils de transition » issus des printemps arabes, notamment en Libye, en Syrie. S’étant autoproclamé président du CNTC, Roger Lumbala, un ancien rebelle qui n’avait fait qu’endosser de nouveau ses vieux habits abandonnés quelque temps seulement, ambitionnait d’occuper les plus hautes charges de l’Etat par un coup de force, selon le ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Richard Muyej Mangeze.
Qu’il s’agisse de CNTC, de ‘‘Rahiya Mukombozi’’ ou de URDC, il n’y a rien de neuf sous le soleil. Leurs revendications, nous les avons déjà entendues, à plusieurs reprises. La différence étant, celles-ci, nous les avons entendues d’autres bouches. Bonne gouvernance, démocratie, amélioration des conditions de vie, droits de l’Homme… Les vrais faux libérateurs sont loin d’être à court de motifs ou d’arguments pour tenter de passer des saints devant un peuple qu’ils seront prêts à oublier une fois aux affaires.
En quoi sont-ils plus libérateurs, plus démocrates que ceux qu’ils combattent ? La plupart – Roger Lumbala, Antipas Mbusa Nyamwisi – ne nous sont pas inconnus. Ils ont eu à gérer des ministères comme les Affaires étrangères, la Décentralisation, pour le second, et Commerce pour le premier.
Comme ministre des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi a eu de la peine à sortir son pays de l’isolement diplomatique dans lequel il était plongé durant plusieurs décennies. Et ce n’est pas en tant que ministre de la Décentralisation que l’homme de Beni a convaincu les Congolais qu’il était un bon gestionnaire.
Après avoir perdu le ministère des Affaires étrangères, M. Mbusa n’a jamais pardonné à ceux qui l’ont arraché ce ministère auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux, il n’a pas tardé de basculer dans l’opposition en devenant l’un des aigris les radicaux.
L’un de 11 candidats malheureux à la présidentielle du 28 novembre 2011, Antipas Mbusa Nyamwisi a des difficultés de se remettre de son éviction de la sphère du pouvoir. Comme si Dieu a créé des personnes destinées à demeurer indéfiniment au pouvoir et d’autres à se contenter des rôles les plus ingrats.
Si certaines personnalités politiques congolaises estiment qu’elles ne peuvent pas changer de camp, c’est-à-dire passant du pouvoir à l’opposition, avec l’espoir de revenir le moment venu, de quel droit doivent-elles exiger de ceux qui sont au pouvoir une alternance qu’elles-mêmes sont incapables d’assurer avec toute sportivité ?
En créant son CNTC, quelles nouvelles matières ou quelle nouvelle méthode Roger Lumbala entend-il nous apporter pour gérer autrement la république, lui qui est loin de nous avoir servi de modèle lorsqu’il fut ministre du Commerce extérieur durant la période de la transition 1+4? Très nostalgique, Roger Lumbala entend rééditer la transition dont il a été cogestionnaire de la manière peu heureuse pour en revivre les moments succulents.
Quelle leçon de démocratie et de bonne gouvernance que cet ancien ministre de la transition peut donner au peuple congolais, lui, qui, après avoir été démis de ses fonctions pour détournement de denier public, a préféré mettre sa…propre épouse comme ministre du Commerce extérieur avant de devenir son directeur de cabinet ! Une telle pratique, une telle façon de gérer son parti peut vraiment nous convaincre des capacités managériales dont doit disposer un futur dirigeant de ce pays que Roger Lumbala veut devenir ?
Certains politiciens congolais doivent leur élection à certains postes à la naïveté et le plus souvent au manque de mémoire de bien des Congolais au sujet du comportement de bon nombre de ces personnalités politiques. Ils ont de la chance de revenir régulièrement aux affaires en dépit de leur incompétence et de leur mégestion. Ils sont nombreux, ces politiciens, aujourd’hui aux affaires et en dehors, à donner des leçons de démocratie, des droits humains qu’ils n’ont pas eux-mêmes pu mettre en pratique ayant été des rebelles !
Les Congolais sont bien prêts à recevoir des leçons de tous les politiciens, sauf de ceux dont ils sont au courant de la capacité de gestion.
Kléber Kungu
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