lundi 29 octobre 2012
Le cardinal Monsengwo conduira une délégation synodale en Syrie
Après une brillante prestation au Synode à Romme
Le cardinal Monsengwo conduira une délégation synodale en Syrie
Il a fallu que Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya préside le Synode pour la Nouvelle évangélisation à Rome ces trois dernières semaines, pour que la cote du cardinal-archevêque de Kinshasa grimpe à Rome. Comme pour couronner tout cela, le voici désigné par le pape Benoît XVI pour mener la délégation synodale qui se rendra en Syrie, selon le site lavie.fr.
S'il est un cardinal qui monte actuellement en popularité, c'est bien Mgr Laurent Monsengwo. L'archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, tout juste sorti du synode des évêques pour la nouvelle évangélisation qu'il a présidé, se voit confier par Benoît XVI la délicate mission qui verra plusieurs évêques se rendre en Syrie afin de porter aux Syriens l'affection, la préoccupation et la volonté d'implication dans la recherche d'une solution globale du pape. Mais surtout le message de paix et de réconciliation aussi bien du Souverain pontife. Depuis plusieurs années, Mgr Monsengwo apparaît comme un des poids lourds de l'Eglise catholique en Afrique.
Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya sera donc aux côtés du Pape Benoît XVI dans la délégation du Synode des évêques catholiques qui se rendra « dans les prochains jours » en Syrie.
Outre Laurent Monsengwo pour l’Afrique, la délégation est composée de quatre autres pères synodaux de quatre continents: le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (Europe), le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York (Etats-Unis), Mgr Fabio Suescun Mutis, Ordinaire militaire (Colombie), Mgr Joseph Nguyen Nang, évêque de Phat Diem (Vietnam).
Pas « de simples spectateurs »
« Nous ne pouvons être de simples spectateurs d’une tragédie comme celle qui a lieu actuellement en Syrie. Certaines interventions entendues en salle en sont la preuve. Convaincus que la résolution de la crise ne peut être que politique et pensant aux souffrances immenses de la population, au sort des déplacés ainsi qu’à l’avenir de cette nation, un certain nombre d’entre nous ont suggéré que notre assemblée synodale puisse exprimer sa solidarité », a expliqué le cardinal secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone à l’occasion de la 14ème congrégation du Synode des évêques, le 16 octobre.
C’est la raison pour laquelle, a-t-il souligné, le Pape Benoit XVI a « décidé qu’une délégation se rendrait dans les prochains jours à Damas pour exprimer à toute la population, en son nom et au nom de tous les pères synodaux, la solidarité fraternelle - avec une contribution personnelle des Pères synodaux et du Saint-Siège -, la proximité spirituelle aux chrétiens syriens, les encouragements à ceux qui sont engagés pour chercher un accord respectueux des droits et des devoirs de tous, en étant particulièrement attentifs à ce qui est prévu par le droit humanitaire ».
Mgr Dominique Mamberti, Secrétaire pour les Rapports avec les Etats de la Secrétairerie d’Etat, et Mgr Alberto Ortega, Official de la Secrétairerie d’Etat, font aussi partie de la délégation. « C'est la première fois que le pape et le Synode ensemble envoient une délégation aussi distinguée et importante pour soulager les souffrances d'une population en proie aux violences, et favoriser, au nom de la raison et de la compassion, le retour à la paix », a commenté la Cenco.
« A Damas, ils ne pourront voir que les officiels qui sont, bon gré mal gré, du côté du régime. Le message risque d'être utilisé par Assad [président syrien]. S'ils allaient aussi dans les camps de réfugiés en Jordanie et en Turquie, alors, ce serait vraiment la solidarité avec tout le peuple syrien », selon le père jésuite italien Paolo Dall'Oglio. Longtemps établi en Syrie « pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien », Damas l’a « expulsé pour sa condamnation des exactions du régime ».
Une communauté de 5% de chrétiens
La communauté chrétienne en Syrie qui représente 5 % de la population syrienne et 10 % de la population d'Alep (théâtre au nord du pays d'une bataille acharnée depuis trois mois).
Né en 1939 à Mongobele, le jeune Laurent Monsengwo est ordonné prêtre à l'âge de 24 ans dans ce qui est encore le Congo belge colonisé par nos voisins d'outre-quiévrain. Etudiant brillant spécialisé très tôt en exégèse biblique (premier Africain à être diplômé de l'Université biblique pontificale de Rome en 1970), parlant quatorze langues, compositeur à ses heures, il occupe assez vite des fonctions au sein de la Conférence épiscopale nationale du Congo en tant que secrétaire entre 1970 et 1975, sous la dictature de Mobutu dont il devient une des grandes figures d'opposition. Comme il le dira plus tard: "Lorsque j’étais encore archevêque de Kisangani, ma maison fut bombardée pendant dix heures et c’est ma personne qui était visée. Mobutu voulait avoir le pouvoir souverain sur tout le monde, et que tout le monde se plie à ses desiderata. Il était parvenu à réduire la résistance de tout le monde. Il lui manquait la résistance de l’Eglise catholique".
Nommé évêque auxiliaire d'Inongo, son diocèse d'origine, en 1980 par Jean-Paul II, il est élu président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (ex-Zaïre) (Cenco) en 1984, alors qu'il est toujours auxiliaire dans le diocèse de Kisangani. Il restera président jusqu'en 1992. C’est en 1988 que sa nomination comme archevêque titulaire de Kisangani interviendra. C'est vers lui que la société civile se tourne pour la transition démocratique: avec l'accord de Rome, il deviendra en 1991 le président de la Conférence nationale souveraine puis du Haut conseil de la République, qui devait permettre la transition pacifique du Zaïre vers la démocratie. Il subit durant ces années-là de nombreuses critiques: entre les partisans de Mobutu et les partisans de l'opposant Etienne Tshisekedi, il cherche à trouver une voie médiane, qui permette à la future République démocratique du Congo d'aller réellement de l'avant.
Il ne va pas cesser, sous Kabila père comme sous Kabila fils, de se montrer aussi critique sur la gestion de la res publica. Ce qui, pour bien des observateurs avertis, le fait ressembler à Karol Wojtila, le futur Jean-Paul II, qui avait repéré très tôt Monsengwo. Inlassable critique de l’injustice, lors de la présidentielle et des législatives du 28 novembre 2011, Mgr Monsengwo, créé cardinal par le pape Benoît XVI, va aussi dénoncer les irrégularités qui avaient caractérisé ces scrutins.
Le cardinal Monsengwo était invité par le pape à prêcher sa retraite de carême, ce qu'avant lui un seul Africain avait fait. En juillet, on apprend que son nom est parmi ceux des trois présidents délégués du Synode des évêques pour la nouvelle évangélisation. Puis, la semaine dernière, qu'il conduira la délégation épiscopale voulue par Benoît XVI en Syrie. Une confirmation du rôle essentiel qu'il semble appeler à jouer désormais dans l'Eglise.
Le Pape Benoît XVI a lancé mardi 9 octobre le synode consacré à la nouvelle évangélisation par un appel au sursaut spirituel. Confesser Dieu quel que soit le risque, rompre avec la tiédeur, répandre la foi comme un feu, le Souverain pontife a rappelé les lignes maîtresses de l’Eglise. Le rapporteur général du Synode, le cardinal américain Donald Wuerl, s'est livré à un réquisitoire sévère contre le "tsunami" de la sécularisation.
Jusqu'au 28 octobre se retrouvent au Vatican 262 “pères synodaux” venus des cinq continents pour un synode consacré à la Nouvelle évangélisation, représentant plus d'une centaine de pays, ainsi que des invités des Eglises chrétiennes non catholiques. Ils sont accompagnés de quarante-cinq experts et quarante-neuf auditeurs “hommes et femmes”, choisis parmi les spécialistes et personnes engagées dans l’évangélisation”, selon les mots mêmes du pape.
Dans son homélie d'ouverture, Benoît XVI a rappelé la nature de la nouvelle évangélisation, qui est, selon lui, “orientée principalement vers les personnes qui, tout en étant baptisées, se sont éloignées de l’Église, et vivent sans se référer à la pratique chrétienne». Le pape la distingue de la « mission » visant des personnes qui n'ont jamais été christianisées. La nouvelle évangélisation est la volonté de faire revenir à la foi d'anciens chrétiens, un phénomène qui correspond à l'expérience des « recommençants ».
Les faire revenir ? Oui, mais pour un enjeu radical existentiel. C'est sous le signe du sursaut spirituel que le pape a placé le synode. Prenant la parole lors de la première session, le lundi 8 octobre, Benoît XVI a évoqué l'image du feu pour exprimer la foi qui se répand : « Le chrétien ne doit jamais être tiède. L'Apocalypse nous dit que c'est le plus grand danger du chrétien : qu'il ne dise pas non, mais un oui très tiède. Cette tiédeur discrédite vraiment le christianisme. La foi doit devenir en nous une flamme d'amour, une flamme qui incendie ce que je suis et devienne la grande passion de mon être, et qui incendie mon prochain. »
Le cardinal Monsengwo et ses pairs ont une mission délicate dans un pays déchiré par une guerre très meurtrière ayant fait, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, OSDH, plus de 35 000 morts en 19 mois et ont poussé des centaines de milliers de personnes à fuir dans les pays voisins. Forces gouvernementales et rebelles se livrent des combats acharnés en de nombreux points du pays depuis qu’un soulèvement populaire contre le régime de Bachar al-Assad lancé le 15 mars 2011 s’est transformé en insurrection armée face à la répression.
Et en dépit de nombreuses médiations internationales, dont celles des émissaires onusiens, d’abord de l’ancien secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, ensuite de l’envoyé de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, les affrontements ne baissent pas d’intensité sous le regard impuissant de la communauté internationale, indécise.
Kléber Kungu
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