La voix qui crie toujours haut et fort
Génocide au Rwanda, mort par millions en RDC
1994
- 2014 : 20 ans après, les Rwandais se rappellent lundi 7 avril ce qui s’était
passé dans leur pays. Près de un million de Rwandais, essentiellement des
Tutsi, sont massacrés entre avril et juillet 1994, après la mort dans un crash
d’avion du président rwandais de l’époque Juvénal Habyarimana et du président
burundais Cyprien Ntaryamira. L’acte ignoble porte le nom de génocide devenu,
depuis, en même temps le fonds de commerce des Rwandais et un épouvantail que
Paul Kagame sait brandir contre ceux qui ne sont pas de son humeur. L’arbre qui
cache la grande forêt que sont les conséquences sur le Congo Kinshasa de
ce génocide où des millions de personnes ont péri et continuent de périr.
Jamais
anniversaire de ce génocide, parmi le plus médiatisé de ces dernières années
n’a été plus tonitruant. Le 20ème anniversaire du génocide rwandais,
pour lequel un deuil de 100 jours a été décrété par les autorités rwandaises et
les cérémonies officielles ont commencé à la mi-journée dans le grand stade
Amahoro ("paix") de Kigali, a soulevé une vague de polémique entre
Kigali et Paris en raison des accusations que l’homme fort de Kigali a portées
contre les Français en les accusant d’avoir organisé et planifié ce génocide.
Le génocide
rwandais a eu pour conséquences immédiates sur les pays voisins, principalement
sur la RDC. Il a
charrié plusieurs centaines de Rwandais en territoire congolais. Les
provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont été contraintes d’accueillir de
nombreux réfugiés hutu rwandais. Contre leur propre avis.
Des
réfugiés qui, en compagnie de leur
comportement, ont aidé à créé de l’insécurité dans une région qui vivait
auparavant dans la quiétude. Guerres à répétitions, conflits ethniques et
arrivée massive des déplacés dans les deux provinces. Tel a été le lot
quotidien des populations congolaises dans ces deux provinces des décennies
durant.
Une
insécurité que le voisin rwandais a aidé à entretenir, en entretenant des
rébellions qu’il faites et défaites au gré des enjeux économico-politiques du
moment. Ces guerres, qui n’en finissaient plus, a provoqué la mort de plus de 5
millions de Congolais.
Une
triste et dramatique histoire qui commence pratiquement en avril 1994, lorsque les massacres
commencent au Rwanda, des milliers des refugiés rwandais affluent
vers les provinces congolaises voisines du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ils y
atterrissent avec armes. Parmi eux, des personnes accusées d’avoir activement
participé au génocide. Certains d’entre elles sont logées dans les camps tandis
que d’autres trouvent refuge dans les familles d’accueil.
Situation sécuritaire dégradante
Les
Congolais de cette partie du pays vont, deux ans plus tard, voir leur situation
sécuritaire se dégrader à l’arrivée de l’arrivée de l’Alliance des forces
démocratiques du Congo (AFDL) en 1996, une rébellion des forces hétéroclites
qui chassent le président Mobutu du pouvoir. Aussi la présence des réfugiés va
devenir nocive pour cette population congolaise. Chassés des camps par les
forces de l’AFDL soutenues par le nouveau régime de Paul Kagame, au pouvoir au
Rwanda, les réfugiés hutus armés vont se disperser dans le Nord et le Sud-Kivu.
Des
massacres, des viols, des exécutions sommaires et des exactions diverses qui, depuis,
vont plonger les populations civiles de
ces deux provinces dans le désarroi. Au nom de l’«auto-défense», des milices
locales vont voir le jour. Tantôt pour faire face aux exactions des FDLR, la
rébellion hutu rwandaise, qui installe ses pénates dans l’est de la RDC. Tantôt pour
résister aux groupes armés étrangers. Mais ces milices locales vont aussi
se rendre coupables de nombreux crimes sur les populations parfois livrées à
elles-mêmes.
La
présence des hutu rwandais va favoriser la création des conflits communautaires
et fonciers. Les populations congolaises vont en payer un lourd tribut qui se
produit en dehors des caméras et des plumes ! Des villages entiers vont
être incendiés, plusieurs milliers de Congolais vont incessamment être
massacrés, des milliers d’autres seront contraints à abandonner leurs villages.
Des atrocités qui, pour bien des analystes, ne sont pas de la culture
congolaise !
Un drame allant grossissant
Un
drame qui va aller grossissant en se tramant au fil des années, sous le silence
assourdissant de la communauté internationale. Des années durant, caméras,
micros et plumes des médias de ce monde ont leur attention tournée ailleurs.
Des femmes et des enfants vont être enterrés vivants : rappelons-nous les
drames de Makobola, Kasika, Mwenga au Sud-Kivu … Il sont encore frais dans nos
mémoires ! Quoiqu’encore frais dans nos mémoires, qui en parle ?
Les
cris de cœur des populations civiles traumatisées par ces drames ne portent pas
loin pour qu’ils atteignent l’attention de cette communauté internationale
plutôt plus attentive aux récriminations, aux complaintes du Rwanda. Est-ce à
dire que sa voix porte plus loin que celle de son voisin ?
Plus
braillard et plus malin, le Rwanda, qui a su jouer la victime depuis 1994, n’a
cesse d’agiter l’épouvantail à chaque occasion propice. Au point de le
considérer comme la victime dans un dossier où il s’affichait en bourreau. La
véritable victime étant considérée comme le bourreau, lorsque le Rwanda, se
sentant acculé, faisait jouer l’élément de la minorité dont raffole la
communauté internationale.
Voilà
qu’aujourd’hui, alors que le monde devrait s’incliner devant les 800 000
morts du génocide qui a endeuillé son pays, Paul Kagamé jette un pavé dans la
mare en accusant dans une interview avec Jeune Afrique du 6 avril la France principalement
d’avoir planifié le génocide au Rwanda en 1994, des accusations qu’il a
soutenues dans un discours prononcé lors des festivités commémorant le 20ème
anniversaire de ce génocide.
Oui,
le monde doit reconnaître en Paul Kagame la capacité d’avoir crié haut et fort,
en répétant sans cesse, sans se casser la voix, que les hutu de son pays
avaient massacré plus de 800 000 tutsi lors du génocide de 1994.
Quant
à nous, qu’avons-nous fait pour faire entendre notre cause, peut-être plus ou
aussi juste que celle des Rwandais, auprès de la communauté internationale,
avec plus de 5 millions de Congolais que le Rwanda a aidé à massacrer ?
Kléber Kungu
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