mardi 13 août 2013
Procès des FDLR : Straton Musoni parle
La cause de la RDC est traitée en Allemagne
Procès des FDLR : Straton Musoni parle
La justice allemande accuse le leader de la milice rwandaise des Forces démocratiques de libération du Congo (FDLR), Ignace Murwanashyaka, et son bras droit Straton Musoni de n'avoir rien fait pour empêcher les nombreux crimes de guerre commis entre 2008 et 2009 en République démocratique du Congo. Les leaders des Forces démocratiques de libération du Congo (FDLR) sont accusés d'avoir commandé depuis l'Allemagne des crimes de guerre en RDC. Pour la première fois depuis le début du procès en 2011, un accusé, Straton Musoni, parle. En niant être du tout comme on prétend qu’il est.
Le bras droit d’Ignace Murwanashyaka, qui lisait en langue allemande et à haute voix une déclaration préparée à l'avance, a tout d'abord rejeté les griefs dont il est accusé. « Je ne me reconnais pas dans les accusations qui me sont faites. Je ne suis pas du tout comme ça », s’est défendu Straton Musoni, cité par la radio allemande Deutsche Welle. Le procès se tient FDLR se tient à Stuttgart dans le Bade-Wurtemberg.
Pendant le procès, Starton Musoni s’est défendu en arguant que les massacres des réfugiés hutu, selon lui, l'auraient convaincu que ces derniers avaient besoin de leur propre armée. Mais il a démenti formellement les allégations selon lesquelles les miliciens des FDLR et lui avaient voulu renverser le gouvernement rwandais pour instaurer à la place un régime hutu.
« Avec cette même logique, on pourrait très bien dire que l'objectif du parti des Verts allemands est de renverser la coalition gouvernementale de la CDU et du FDP pour faire basculer le pays au Moyen-Age », a-t-il ironisé, se référant à la politique allemande.
Straton Musoni, 51 ans, expert en informatique a profité du procès pour étaler sa biographie. Il s'est décrit comme ayant reçu une éducation religieuse. L'homme a également évoqué son emploi de fonctionnaire de la Poste et ses études en Allemagne à partir de 1986. Straton Musoni a déclaré avoir envisagé de rentrer au Rwanda en 1994, mais le génocide contre les Tutsi l’en a empêché. Ainsi est-il resté en Allemagne où il a exercé la profession d'expert informatique.
Naissance de la milice FDLR
Le numéro 2 des FDLR est très actif dans les organisations des Hutus en exil. Il va cofonder la milices des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda le 1er mai 2000 à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga, en RDC.
La milice créée, Straton Musoni va, à partir de cette période, commencer à la commander, avant d'ordonner quelques années plus tard l'attaque de villages, de nombreux viols et le meurtre de centaines de civils dans l'est de la RDC.
Des griefs que les procureurs de la Cour de Stuttgart lui reprochent. Des accusations qu'il a tenté de balayer d'une phrase : « Je me distancie de tels crimes et je les condamne », a-t-il rejeté avant d'adresser sa compassion et sa pitié envers toutes les victimes de la guerre. Comme tout criminel ou bourreau qui s’apitoie en versant des larmes de crocodile sur le sort de ses victimes.
C’est depuis le 4 mai 2011 que ce procès a commencé devant le tribunal régional supérieur de Stuttgart. Ce procès est le premier à être intenté en Allemagne en vertu de son Code sur les crimes violant le droit international, adopté en juin 2002. Ledit code intègre dans le droit pénal allemand les crimes relevant du Statut de la Cour pénale internationale (CPI), et autorise les tribunaux allemands à ouvrir des enquêtes sur ces crimes et à les réprimer quel que soit l'endroit où ils ont été commis dans le monde, en raison de leur extrême gravité.
Entre le 50e et le 111e jour, le 7 novembre 2012, les questions primordiales de l'instruction concernaient la structure des FDLR et le rôle des accusés. A cette date, on a dénombré jusqu'à 34 témoins et experts qui ont été entendus.
Les témoins étaient pour la plupart d'anciens membres de la branche militaire des FDLR, au total 20 environ. Certains ont évoqué l'influence de la direction des FDLR sur la branche armée à l'Est du Congo, le déroulement des planifications et de la mise en œuvre des attaques, et le rôle de leader de l’accusé Murwanashyaka. Comme les anciens membres des FDLR pouvaient en dire très peu sur le deuxième accusé Musoni, des déclarations politiques signées par ce dernier, ainsi que des documents attestant de nombreux échanges téléphoniques et SMS du téléphone mobile de sa femme avec le général Mudacumura, ont été présentés lors de la procédure.
Un autre document fait état de virements réguliers de gros montants sur les comptes de Musoni et de sa femme, avant que leurs comptes avant les sanctions des Nations unies ne les gèlent. Straton Musoni qui croyait échapper à la justice, en décidant à l’époque de rompre avec l'organisation et a définitivement mis fin à son activité politique, est aujourd’hui entre ses mains, en train de répondre ainsi de ses actes.
Ignace Murwanashyaka est un ressortissant rwandais de 47 ans qui était le président, représentant légal et commandant suprême des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé principalement de Hutus rwandais et actif dans l'est de la RDC. Il est arrivé en Allemagne en 1989, a étudié l'économie à l'Université de Cologne et vit en Allemagne depuis lors. Il est devenu politiquement actif dans les cercles de la diaspora hutue rwandaise après le génocide perpétré au Rwanda en 1994. Il a été élu président des FDLR en 2001, effectuant ensuite plusieurs voyages en RDC pour s'y réunir avec des commandants des FDLR et des subalternes. Il a été réélu en 2005.
Straton Musoni, ressortissant rwandais, a été le premier vice-président des FDLR et est l'adjoint de Murwanashyaka depuis 2004.
Au moment de leur arrestation en Allemagne le 17 novembre 2009, les deux hommes comptaient parmi les plus hauts dirigeants des FDLR.
Kléber Kungu
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