mercredi 7 août 2013
Para Luzolana appelle à l’appui de l’Etat
Forgeron depuis plus de 40 ans et personne vivant avec handicap
Para Luzolana appelle à l’appui de l’Etat
C’est depuis plus de quatre décennies que ce cinquantenaire gère une forge où il a formé un grand nombre d’autres forgerons – dont il ignore aujourd’hui le nombre. Spécialisé dans la fabrication des fusils dits calibre 12, Para Luzolana est devenu unijambiste à la suite d’un accident dont il avait été victime en 1985 lorsque son maître lui a tiré dessus par erreur alors qu’il apprenait le métier. C’est en personne vivant avec handicap qu’il exerce ce métier, qu’il l’apprend à plusieurs autres jeunes et qu’il nourrit sa famille de cinq enfants (quatre filles et 1 garçon). Il appelle à l’Etat à l’appuyer, ainsi, affirme-t-il il sera prêt à lui payer des taxes pour lui permettre de bien fonctionner. L’Observateur s’est entretenu avec lui sur un métier en voie de disparition dans sa forge située sur l’avenue Tembo Kiandonga n°1 bis sur la route menant à la paroisse CEC Luozi, en plein cœur de la cité de Luozi.
Dans un bruit de marteaux cognant sur un enclume, Para Luzolana, béquille en bois en main, nous a déclaré avoir commencé son travail de forgeron depuis 1970 pour lequel il a formé plusieurs autres forgerons dont il ignore le nombre.
« J’ai déjà formé un grand nombre d’apprentis, mais maintenant nous ne voulons plus apprendre ce métier aux jeunes car ils ne s’y donnent plus », a-t-il déclaré. Les raisons ? « Les acheteurs de nos produits – des fusils – principalement – deviennent de moins en moins nombreux. Puisque les gens, qui estiment que le gibier s’est beaucoup raréfié, n’achètent plus les fusils. Ainsi les apprentis sont-ils devenus très rares. Et pourtant, c’est un très bon métier. Aujourd’hui, nous ne faisons que des travaux d’ajustage en fabriquant des pièces de vélo, de moto, de véhicule et d’autres pièces ».
Heureusement, il y a quand même une bonne clientèle avec ces pièces. Mais à combien vend-il ces pièces et à quelle quantité ? C’est là toute la problématique. C’est avec la vente de fusils que Para Luzolana réalisait de bonnes affaires.
« Le fusil 12 est de deux sortes : le fusil extracteur et le fusil éjecteur. Le fusil éjecteur coûte plus cher et revient à 95 000 FC (environ104 dollars, NDLR), mais lorsque l’acheteur apporte son propre tuyau, on lui vend le fusil à 85 000 FC (environ 93 dollars, NDLR). Le fusil extracteur coûte 70 000 FC (environ 77 dollars, NDLR), et 60 000 FC (environ 66 dollars, NDLR) lorsque l’acheteur apporte son propre tuyau », a-t-il confié.
Le fusil éjecteur est ainsi dénommé car il est capable d’éjecter seul la douille après le coup, tandis que le fusil extracteur est incapable d’éjecter la douille après coup, il appartient au chasseur de l’extraire.
Pas d’appui de l’Etat
Le forgeron Para Luzolana déplore l’absence d’appui de l’Etat. Et pourtant, assure-t-il, si l’Etat l’appuie, il promet de payer ses taxes, étant convaincu que c’est grâce aux taxes que l’Etat peut développer le pays.
« Je ne reçois rien comme appui de l’Etat, quoique je participe régulièrement dans des ateliers ou forums de développement. Malheureusement nous n’avons aucune chance de bénéficier de l’appui de l’Etat », déplore ce forgeron.
En dépit du manque d’appui, l’Etat n’hésite pas à exiger de nombreuses taxes, notamment IPMEA (Industrie, petites et moyennes entreprises et artisanat, NDLR), Affaires économiques, DGRAG, Environnement. Dont le montant varie à partir de 10 000 FC négociables pour la première taxe, 30 000 FC pour les deuxièmes, entre 10 000 FC et 15 000 FC pour la taxe de la DGRAD et de l’Environnement.
En abordant l’aspect de l’association dans laquelle devraient se regroupes les forgerons de Luozi, au nombre de 4 (Lembe, Drams, Moïse et Jacques), Para Luzolana nous a déclaré qu’ils sont prêts à y adhérer à condition d’être encadrés par un coordonnateur dynamique, honnête. Mais pour le moment, chacun vole de ses propres ailes. Ce qui les désavantage. Mais cela ne peut pas empêcher l’Etat ou d’autres ONGD d’aider ces jeunes entrepreneurs qui ont déjà prouvé leur capacité de gérer, de diriger une entreprise des décennies durant.
Nous avons terminé notre entretien avec un message que le forgeron a adressé aux autorités politico administratives congolaises. Para Luzolana estime qu’il est capable de réaliser beaucoup de choses, voire de créer des entreprises, à condition que l’Etat l’appuie. « Il y a beaucoup à dire. Nous cherchons à avoir des compagnies chez nous (en RDC, NDLR), mais nous en avons entre nos mains, mais nous sommes handicapés et limités par le manque d’équipements électriques. Si nous pouvons disposer de ces équipements, nous serons capables de créer des compagnies car nous sommes très expérimentés en cette matière », assure-t-il. « Nous sommes capables de réaliser beaucoup de choses, mais nous n’avons pas de matériels adéquats », conclut-il.
Et au sujet des taxes, le message de ce forgeron est fort interpellateur. « Si l’Etat nous soutient, en retour, nous sommes disposés à payer les taxes car le pays se construit et se développe grâce à ces taxes. Mais c’est le manque de moyens qui nous empêche de payer les taxes. Mais si notre travail se développe, nous estimons qu’il est important de payer les taxes pour que le pouvoir marche bien », a-t-il déclaré.
Propos recueillis par Kléber Kungu, de retour de Luozi
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