mardi 27 août 2013
Deux filles cèdent l’argent et un téléphone pour une…pierre
Escroquerie digne d’un film
Deux filles cèdent l’argent et un téléphone pour une…pierre
Deux filles, Bryle et Naterre, habitant le quartier 4 de la commune de N’djili, la vingtaine, ont de la peine de réaliser ce qui leur était arrivé le lundi 26 août, vers 18 heures 30, alors qu’elles revenaient d’une répétition de la chorale. Pour une petite pierre, elles ont été contraintes, malgré elles, de céder, la première, son téléphone cellulaire neuf acheté pour 50 dollars et la seconde, 60 dollars de recettes de vente de sa mère. Victimes d’une escroquerie de professionnels.
Bryle et Naterre sont abordées vers l’arrêt Armée par un vieux qui commence à leur raconter la misère de sa vie après leur avoir demandé la direction de la place sainte Thérèse. « Je viens d’Angola à l’appel de ma mère victime d’un accident de circulation. Elle s’en est tirée avec les deux jambes fracturées et se trouve actuellement à l’hôpital », raconte ce vieux dans un lingala approximatif, avec un accent du portugais dont il lâche quelques mots. Question de convaincre les deux filles prises de compassion pour ce papa dont la mère est grièvement blessée.
Le premier appât ayant réussi, l’escroc, dont l’apparence provoque compassion et tristesse, raconte à ses victimes qu’il lui manque 250 dollars pour assurer les soins de sa mère hospitalisée. Cependant, il a deux pierres de diamant, l’une enfouie dans la bouche, l’autre dans une de ses chaussettes.
Sur ces entrefaites, survient un jeune homme qui demande au groupe de quoi il s’agit. Venu aux nouvelles, il propose ses services au groupe, comme quoi il connaît une femme, une certaine Ma Marie, qui achète souvent des pierres précieuses, spécialement le diamant et qui habite à quelque jet de pierre de là. « Attendez-moi que j’aille vérifier si elle est là », promet le jeune garçon, dont l’habit de malfrat complice du vieux échappe aux victimes.
Le vieux, grand joueur, lance un autre numéro qui prend. Il déclare à Bryle et Naterre n’avoir pas confiance à ce jeune homme, d’autant plus que Kinshasa est infestée de kuluna et autres shégués.
« Ma Marie est absente », rapporte le jeune garçon qui revient quelques minutes de la vraie fausse Ma Marie. J’ai rencontré seulement l’un de ses fils. Mais je me suis quand même renseigné sur le prix du diamant : c’est entre 3 500 dollars et 4 000 dollars », conclut le malfrat, fier d’être à un pas de réussir son coup avec son complice.
Et le vieux d’attaquer la séquence la plus intéressante. Il ouvre son cœur aux jeunes filles, surtout à Bryle, qu’il se met à appeler « mama », en raison de la manière elle compatit à son malheur. D’ailleurs, il ne manque pas à le lui dire. Il leur fait miroiter les dividendes qu’elles vont tirer de la vente de ses pierres : 10%. A vous de faire les calculs ; ce n’est pas difficile ! « Nous sommes à quelques minutes de réaliser d’un coup ce qu’elles n’ont jamais pu réaliser des années durant » se disent les deux naïves. Elles qui viennent de louer le Seigneur dans des chansons, rien n’est impossible qu’Il les récompense.
Le vieux crache le diamant
« Allez voir ma Marie avec ce diamant », leur dit le vieux qui « vomit » le diamant sur du papier mouchoir qu’elles lui remettent, en leur montrant la direction. Entre temps, faisant semblant de trembloter, il décide de rester avec le jeune garçon. Question de l’avoir à l’œil, n’ayant pas confiance en lui, leur dit-il. Le vieux leur demande au préalable de laisser ce qu’elles détiennent de précieux en contrepartie de la pierre de diamant qui coûte 30 fois plus cher que les avoirs de deux filles réunis. Ainsi Bryle laisse-t-elle, sans contrainte, son téléphone acquis récemment à 50 dollars et Naterre, qui détient 60 dollars de sa mère, n’hésite pas à les remettre au vieil escroc.
Comme deux brebis liées en train d’être conduites à la boucherie, Bryle et Naterre se dirigent nuitamment chez ma Marie dont elles ne connaissent ni d’Eve ni d’Adam. Arrivées à l’endroit indiqué, pas de ma Marie, qui serait sortie !
Alors qu’elles se mettent à retourner, la pierre de diamant bien en mains, elles commencent à réaliser ce qui leur est arrivé. Lorsqu’elles arrivent là où elles ont laissé leurs bienfaiteurs providentiels, elles ne trouvent personne. Peut-être se sont-ils déplacés dans un endroit plus sûr, craignant d’être surpris par des kuluna. Personne.
Le rideau épais ayant enveloppé la lucidité des deux jeunes diplômées d’Etat vient de tomber brusquement : Bryle et Naterre réalisent l’irréalisable. Elles viennent d’être victimes d’une escroquerie digne d’un film. Elles viennent de céder, malgré elles, un téléphone de 50 dollars et 60 dollars, soit 110 dollars contre une pierre, une simple pierre. Qu’elles vont découvrir, incrédules, les yeux hagards, après avoir ouvert précieusement le papier qui l’enfermait jalousement…Fin du film.
Elles n’ont que leurs beaux yeux pour pleurer leurs biens et leur cœur trop naïf pour regretter ce qu’elles viennent de vivre. Comme le corbeau de la fable, elles jurent qu’elles ne se feront plus jamais prendre par le prochain escroc. Entre temps, les malfrats, comme le renard de la fable, sont en train de courir dans les rues de N’djili ou d’autres communes. Contents d’avoir réalisé si facilement un coup aussi juteux.
Kléber Kungu
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