mercredi 28 août 2013
Américains, Français, Anglais…décident enfin d’intervenir en Syrie ?
Deux ans plus tard
Américains, Français, Anglais…décident enfin d’intervenir en Syrie ?
Plus 100 000 morts à raison de 5 000 morts par mois, des millions de Syriens jetés sur les routes, de déplacés internes ou réfugiés dans les pays voisins, voilà le bilan macabre d’une guerre qui vient de faire plus de 2 ans après avoir vu le jour début 2011 dans la foulée des mouvements de révolte populaire en Tunisie, en Égypte et au Yémen. Quel est alors le péché commis par le tout puissant Bachar al-Assad, mieux, comment a-t-il franchi la « ligne rouge » de Washington pour que deux ans durant l’intervention militaire a tardé à être envisagée ? « Le recours à des armes chimiques en Syrie marquerait le franchissement d'une ligne rouge. » Tel était l'avertissement formulé en août 2012 par le président américain à l'encontre du régime syrien. Bachar al-Assad a commis la grave erreur en utilisant des armes chimiques, les fameuses armes de destruction massive (ADM). Après l’Irakien Saddam Hussein en 2003, est-ce maintenant le tour du Syrien Bachar al-Assad de payer le prix de l’utilisation des ADM, quoique les Américains aient été incapables de prouver que le premier en avait disposé.
Tout avait commencé lorsque la Syrie, gagnée à son tour par l'agitation sociale, les manifestations, longtemps pacifiques, ont été durement réprimées par un régime qui n'a pas hésité à recourir à la torture contre sa propre population. Tout cela devant une communauté internationale volontairement aphone, aveugle, hésitante. Il a fallu que le dictateur syrien pousse sa barbarie en gazant son propre peuple le 21 août pour que des voix s’élèvent de partout pour envisager une intervention militaire.
En gazant son propre peuple, Bachar al-Assad a signé son acte de mort, son sort est désormais scellé. "Le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse", a menacé François Hollande, affirmant que "la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie.
Le président syrien Bachar al Assad "doit comprendre qu'il ne peut pas parier sur l'incapacité de la communauté internationale à agir", explique-t-on dans l'entourage du président. "On n'utilise pas les armes de destruction massive en toute impunité".
5 000 morts par mois
Les chiffres sont alarmants : selon l’Onu plus de 93 000 personnes, dont au moins 6 500 enfants, ont été tuées en Syrie depuis mars 2011, début de l'insurrection qui a mené à la guerre civile.
Dans un rapport publié mercredi, l'Onu a également souligné une forte augmentation du nombre de décès chaque mois.
A tout considérer, le bilan lourdement macabre est loin d’avoir ému une communauté internationale au point de la pousser à vite intervenir en Syrie en vue d’éviter tous les massacres commis par Bachar al-Assad et son armée deux ans durant. En termes clairs, Bachar al-Assad pouvait tuer autant de Syriens sans qu’Américains, Français, Anglais ne puissent hausser le ton et décider de régler ses comptes à Bachar al-Assad.
Les efforts internationaux, menés par deux médiateurs successifs, n'ont pas pu permettre de mettre fin à ce conflit sanglant en plein XXIème aux discours de promotion démocratique et de droits de l’Homme, face à un pouvoir incessamment soutenu par des alliés inconditionnels, l'Iran, la Russie et la Chine.
Contourner le blocage onusien
Déterminés à intervenir en Syrie et en dépit du blocage onusien en raison du véto des alliés de Damas, les pays occidentaux, les Etats-Unis à leur tête, tiendront à intervenir en Syrie dans un cadre légal et de concert avec la communauté internationale. Ce qui ne va pas sans écorner l’autorité des Nations unies menacée si l’on se passait d’une décision unanime au Conseil de sécurité, à New York.
Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour exiger la prudence avant d’intervenir, en remettant en surface l’exemple de l’Irak, où les États-Unis avaient assuré disposer de preuves de la présence d’armes de destruction massive, et pris la tête d’une coalition internationale pour intervenir contre le régime de Saddam Hussein.
Bachar al-Assad reste serein
En dépit de toute cette veillée d’armes, le président Bachar al-Assad reste serein et déterminé à affronter la communauté internationale. "Au palais présidentiel, tout est calme mercredi et le travail se déroule normalement. Il n'y a aucune trace de nervosité. Il en va de même à l'état-major. Il se battra jusqu'au bout", selon certaines sources syriennes.
"Le président continue normalement ses activités et reçoit ses conseillers. Vous ne verrez pas chez lui de trace de fatigue, de lassitude ni de stress. Il cherche à montrer qu'il maîtrise la situation", a-t-il ajouté.
Ophtalmologue de formation, cet homme de 47 ans, qui avait hérité de son père Hafez le poste de chef de l'État après la mort de son frère aîné Bassel, Bachar al-Assad a affirmé plusieurs fois qu'il ne lâcherait pas prise, en tout cas pas avant la fin de son mandat en 2014.
Damas prévient que les choses ne seront pas si faciles et qu’il ne se laissera pas faire et que la Syrie sera "le cimetière des envahisseurs" en cas d'intervention militaire. Le Premier ministre syrien, Waël al-Halqi, a prévenu que "la Syrie (...) va surprendre les agresseurs comme elle les a surpris pendant la guerre (israélo-arabe) d'octobre (1973) et sera le cimetière des agresseurs", a indiqué le Premier ministre. Il a également estimé que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, "inventaient des scénarios" pour justifier une intervention militaire en Syrie. "Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, inventent des scénarios mensongers et préparent des prétextes fictifs pour intervenir militairement en Syrie".
Malgré le climat d’une attaque imminente à mener contre son régime, le président syrien semble ne pas s’en faire. Il semble à l’aise, sûr de lui. "Il écoute ses quelques conseillers mais il prend seul les décisions", insiste un analyste à Beyrouth.
Parmi ses hommes de confiance figurent son frère cadet, le colonel Maher al-Assad --chef de la 4ème division du 1er corps d'armée en charge de Damas--, son épouse Asma, son oncle et son cousin, Mohammad Makhlouf et Rami Makhlouf --deux hommes d'affaires à la réputation sulfureuse-- et Hafez Makhlouf, un chef de la sécurité à Damas. Tous sont membres de la communauté alaouite dont est issu le président, sauf Asma, de confession sunnite.
Deux druzes comptent également parmi ses proches, Mansour Azzam, ministre des Affaires présidentielles, et Louna al-Chibl, ancienne journaliste. Ainsi que le général Houssam Soukkar (alaouite), conseiller présidentiel pour la sécurité et deux vétérans sunnites des renseignements: le général Ali Mamlouk, directeur de la Sécurité nationale, et le général Rustom Ghazalé, chef de la sécurité politique.
Si la communauté internationale venait à mettre à exécution son projet d’attaquer la Syrie et que son président venait d’être chassé, il serait sur les traces de l’Irakien Saddam Hussein en 2003 et, récemment, du Libyen Mouammar Kadhafi en 2011 qui ont été également chassés du pouvoir à la suite de l’intervention militaire occidentale.
Kléber Kungu
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