lundi 4 février 2013
Les pourparlers de Kampala piétinent, Goma de nouveau menacée
Nord-Kivu
Les pourparlers de Kampala piétinent, Goma de nouveau menacée
* Deux bataillons de l’armée rwandaise signalés non loin de l’aéroport de Goma
Alors que les pourparlers de Kampala, débutés le 9 décembre dernier, sont dans l’impasse, après deux mois de travaux en dents de scie, des nouvelles en provenance du Nord-Kivu sont inquiétantes. La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, est de nouveau menacée par les rebelles du M23 que la société civile accuse d’avoir renforcé les positions autour de cette ville martyre.
Le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a accusé, lundi 4 février, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) de renforcer leurs positions autour de la ville de Goma en s’installant notamment à Munigi, Kibati, Kanyaruchinya et Buhimba. Selon lui, certains rebelles associés à des militaires rwandais se sont installés à 1 km de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Cette information est confirmée par plusieurs sources indépendantes ainsi que par certaines sources sécuritaires dans la province.
A en croire Omar Kavota, la présence de deux bataillons de l’armée rwandaise a été signalée dans les localités de Rutagara et de Bisizi, en territoire de Nyiragongo. « Nous avons des informations qu’un bataillon rwandais s’est déployé non loin de l’aéroport de Goma », a-t-il assuré. Il a ajouté que des militaires rwandais et des rebelles du M23 ont été aperçus à un kilomètre plus loin, dans la localité de Rukoko.
Face à cette menace toute imminente, le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu a invité le gouvernement à agir rapidement « pour rassurer la population de Goma contre une éventuelle attaque du M23 » et « à prendre des dispositions d’une réplique au cas où le M23 voudrait reprendre les armes ».
Le M23 et le gouvernement sont en pourparlers à Kampala depuis le 9 décembre dernier.
Les rebelles ont obtenu ces négociations en contrepartie de leur retrait de la ville de Goma qu’ils ont occupée pendant une dizaine de jours à la fin du mois de novembre 2012.
Ce retrait sollicité par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) devait se faire jusqu’à 20 km de Goma. Mais plusieurs organisations et personnalités accusent ces rebelles de jamais s’être retirés jusqu’à cette distance.
En décembre 2012, alors gouvernement et rebelles du M23 étaient en pleins pourparlers à Kampala, la société civile du Nord-Kivu avait fait état de la présence des rebelles du M23 à moins de 10 km de Goma.
Le 18 décembre, le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé du maintien de la paix, Hervé Ladsous, a fait état «des mouvements erratiques et préoccupants » des rebelles du M23 autour de Goma.
La nouvelle sur la menace d’attaque de Goma par le M23 intervient alors que les pourparlers de Kampala sont dans l’impasse et des analystes les plus pessimistes n’hésitent pas à prédire un échec à ces négociations qui devraient prendre fin le 31 janvier. Elle intervient aussi au moment où le Sud-Kivu, une autre poudrière fumante, a, depuis, ce week-end, envoyé des signaux inquiétants avec la naissance le 10 janvier d’une nouvelle rébellion, l’Union des forces révolutionnaires du Congo (UFRC).
Si la guerre reprend, alors à quoi auront servi les pourparlers de Kampala qui auront englouti beaucoup d’argent et tant d’énergie pour rien, sinon pour permettre aux armes de se taire pendant quelques mois avant de reprendre ?
Kléber Kungu
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