mercredi 11 septembre 2013
Le vice-président kényan, William Ruto, plaide non coupable
Le premier jour de son procès
Le vice-président kényan, William Ruto, plaide non coupable
Le vice-président kényan, William Ruto est à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Il y est avec son co-détenu, Joshua Arap Sang, animateur de radio à qui la CPI accuse d'avoir contribué à ces crimes en "attisant les violences par la diffusion de messages de haine". Le premier jour de son procès, le mardi 10 septembre, le prévenu William Ruto plaide non coupable. Il est le premier dirigeant en fonction à comparaître devant cette cour.
A l’ouverture de son procès, le vice-président kényan, William Ruto, a comparu impassible derrière son avocat Karim Khan, souriant de temps à autre. À la question du juge-président Chile Eboe-Osuji, qui a appelé l'accusé à plaider coupable ou non coupable, l’inculpé a répondu : "non coupable !".
William Ruto, 46 ans, est accusé d'avoir organisé certaines des violences politico-ethniques qui ont meurtri le Kenya après la réélection contestée du président Mwai Kibaki, à la fin de l'année 2007. Ces violences avaient fait un millier de morts et plus de 600 000 déplacés. La CPI poursuit des membres des deux clans qui se sont affrontés : le Parti pour l'unité nationale (PNU) de Mwai Kibaki et le Mouvement démocratique orange (ODM). Du côté de l'ODM, William Ruto est accusé d'avoir pris la tête d'une organisation criminelle en vue d'évincer les partisans du PNU de la vallée du Rift. Il doit répondre de trois crimes contre l'humanité : meurtres, persécutions et déportations.
"Soif de pouvoir"
Dans sa déclaration liminaire, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a assuré que le vice-président Ruto avait planifié des crimes contre l'humanité afin de "satisfaire sa soif de pouvoir politique". "Il est difficile d'imaginer la souffrance ou la terreur de ces hommes, femmes et enfants qui ont été brûlés vifs, tués à la machette ou chassés de chez eux", a-t-elle soutenu.
En réplique, Me Karim Khan, avocat de l'accusé, a déclaré que "l'accusation a très clairement glissé sur quelques peaux de banane au long de ce processus", tout en qualifiant l'enquête du procureur "d'insulte à tous ceux qui croient en une institution viable". "Toute la vie de M. Ruto (...) est un témoignage pour un avenir meilleur pour le peuple kényan", a-t-il ajouté, niant que la défense soit impliquée dans des intimidations de témoins, comme l'a suggéré Fatou Bensouda.
"De nombreux témoins ont eu trop peur pour témoigner", avait-elle accusé, évoquant du chantage, des pots-de-vin et des intimidations, qui empoisonneraient la procédure depuis le début de l'enquête en 2010.
L’Ouganda sur les traces du Kenya ?
Le procès s'ouvre quelques jours à peine après l'adoption par les députés kényans d'un texte proposant la sortie du Kenya du Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale. Pour certains analystes, quoique le vote des députés kényans, symbolique, ne puisse influer sur les procédures en cours, ils craignent néanmoins que les autres Etats africains parties à la CPI n’emboitent le pas au Kenya.
Il est reproché à la CPI de s’en prendre à ce jour qu’aux Africains. Dans l’entre temps, on apprend que l'Ouganda serait en train de réfléchir actuellement comment imiter l’exemple kényan.
Les accusations portées contre la CPI sont fort discutables. Il est vrai que depuis son entrée en fonction en 2003, la CPI n’enquête que sur des pays africains, alors que les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, les motifs contre lesquels elle poursuit les personnes, sont commis aussi bien en Afrique que dans d’autres continents du monde. Mais l’on se demande ce qui se passerait dans le continent noir si la CPI n’existait pas ou si elle cessait d’exister.
Qu’on mette en face de soi cette vérité : en dépit de l’existence de la CPI et de la présence à La Haye de six Congolais, la plupart ayant été des seigneurs de guerre, le phénomène en RDC ne semble pas avoir pris un coup. Les autres seigneurs de guerre et autres chefs miliciens semblent croire que le sort de Thomas Lubanga et consorts est loin de les frapper un jour, en dépit de toutes les menaces proférées de temps à autre à leur endroit.
Kléber Kungu
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