dimanche 15 septembre 2013
Bachar Al-Assad dos au mur ?
Crise syrienne
Bachar Al-Assad dos au mur ?
La situation en Syrie a vite évolué en faveur (défaveur) des uns et des autres, protagonistes ou non dans cette crise qui vient de faire plus de deux ans. Toutefois, les choses ont évolué vite, voire très vite depuis que l’armée loyaliste syrienne a bombardé au gaz plusieurs centaines de Syriens. Depuis, la pression s’est accrue sur le dictateur de Bachar Al-Assad. Aux frappes américaines et françaises imminentes dont le régime syrien était exposé, la Russie, alliée incontournable du dictateur a opposé un accord sur les armes chimiques du régime de Damas, après trois jours de négociations à Genève (Suisse) avec le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Faut-il conclure que Bachar Al-Assad est dos au mur ?
Américains et Russes, par le biais de leurs ministres des Affaires étrangères, John Kerry et
Sergueï Lavrov, ont conclu, à l’issue de trois jours d’intenses négociations à Genève en Suisse, un accord sur le démantèlement de l’arsenal chimique du régime de Damas, avec la possibilité de mesures contraignantes.
L'accord fixe des échéances précises: Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques, et celles-ci doivent être enlevées et détruites d'ici à la fin du premier semestre 2014.
Cet accord, salué par les pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis d’Amérique, n’empêche pas Washington et Paris de continuer à exercer leur pression sur le régime syrien.
Washington et Paris ne lâchent pas la pression
En dépit de cet accord, du reste, arraché sous pression, Barack Obama reste prudent et toujours menaçant. "Nous ne prendrons pas les déclarations de la Russie et d'Assad pour argent comptant, a-t-il réagi. Il nous faut voir des actes concrets démontrant qu'Assad veut sérieusement renoncer à ses armes chimiques", a-t-il affirmé lors de son allocution hebdomadaire radiodiffusée. "Puisque ce plan n'a émergé que grâce à des menaces crédibles d'une action militaire américaine, nous allons conserver nos positions militaires dans la région pour maintenir la pression sur le régime Assad", a ajouté Barack Obama. "Et si la diplomatie échoue, les Etats-Unis et la communauté internationale doivent rester prêts à agir", a-t-il prévenu.
Paris, allié depuis le début de Washington dans le dossier syrien, ne relâche pas non plus la pression sur le régime de Bachar Al-Assad. François Hollande, qui recevait les chefs des diplomaties saoudienne, jordanienne et des Emirats arabes unis vendredi 13 septembre, a appelé à "renforcer le soutien international à l'opposition démocratique" en Syrie. Le ministère des Affaires étrangères français a, de son côté, fait savoir que l'adhésion annoncée par la Syrie à la Convention d'interdiction des armes chimiques était "insuffisante" et insisté sur la nécessité d'un texte "contraignant" au Conseil de sécurité de l'Onu. Les chefs de la diplomatie français, britannique et américain, Laurent Fabius, William Hague et John Kerry auront un déjeuner lundi à Paris pour discuter de ce projet de résolution.
De son côté, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a accusé Bachar Al-Assad d’avoir "commis de nombreux crimes contre l'humanité". Il a par ailleurs annoncé que le rapport des experts des Nations unies allait confirmer l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, sans toutefois en attribuer directement la responsabilité au président syrien. A en croire des diplomates, c’est ce lundi 16 septembre que le rapport des experts de l'Onu est attendu. En attendant, un autre rapport, rendu public vendredi, accuse directement le régime de faire "de l'interdiction de l'accès aux soins une arme de guerre".
Plusieurs rapports accablent Bachar Al-Assad
"Je pense que le rapport sera un rapport accablant, accablant sur l'utilisation d'armes chimiques, même si je ne peux pas dire cela publiquement avant de l'avoir reçu", a déclaré Ban Ki-moon lors d'une réunion à l'Onu. La terminologie de "crime contre l'humanité" est définie par l'article 7 du statut de Rome de la Cour pénale internationale. Il condamne notamment "toute attaque généralisée ou systématique lancée contre une population civile". Les inspecteurs des Nations unies n'ont pas pour mission de déterminer qui est à l'origine de l'attaque chimique commise le 21 août, mais seulement d'en vérifier l'existence.
Pour les Etats-Unis et leurs alliés, c’est le régime syrien qui a commis ce massacre, qui a fait plusieurs centaines de morts. Ce que Damas dément. De son côté, la Russie, alliée de Bachar Al-Assad, a accusé les rebelles syriens d'avoir utilisé des gaz toxiques de façon à faire accuser le régime et à provoquer des frappes occidentales contre Damas.
Un autre document, plus général, accable également le régime d'Al-Assad. Une équipe de vingt experts des droits de l'homme, qui n'a pas eu l'autorisation d'entrer en Syrie, a interrogé ces deux dernières années dans les pays voisins plus de 2 000 réfugiés, transfuges, anciens patients et ex-membres du personnel soignant syriens. Photographies, images satellite et rapports médico-légaux ont également été étudiés en vue de possibles poursuites judiciaires.
Le rapport accusent les forces gouvernementales syriennes de bombarder délibérément des hôpitaux et des centres de soins pour empêcher blessés et malades d'accéder aux soins. Bachar Al-Assad et son aviation font "de l'interdiction de l'accès aux soins une arme de guerre", en particulier dans les zones contrôlées par l'opposition, ajoutent les enquêteurs onusiens.
Des patients ont également été battus, brûlés à l'aide de cigarettes et torturés à mort dans un hôpital militaire du quartier damascène de Mezze. Si les exactions imputées aux rebelles semblent beaucoup moins nombreuses, les actes commis par certains groupes aux dépens du personnel médical et de centres de soins se multiplieraient néanmoins. Pour le moment, aucun camp n'a réagi à ces allégations, qui seront débattues lundi à Genève au Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
Pressions tous azimuts d’un côté, rapports accablants de l’autre, assortis des accusations aussi accablantes contre Bachar Al-Assad, tous les ingrédients sont bien réunis pour couler le dictateur syrien qui est en ce moment dos au mur, toujours bien soutenu par son allié russe auquel il vend des armes.
Kléber Kungu
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