lundi 23 septembre 2013
Angela Merkel réélue pour un troisième mandat : les raisons d’une réélection
Angela Merkel réélue pour un troisième mandat : les raisons d’une réélection
Angela Merkel vient de rempiler pour un troisième manat consécutif : 2005, 2009 et 2013. Pour un pays de vieille démocratie, se faire élire trois fois de suite révèle d’un fait qui n’arrive pas tous les jours. Mais Angela Merkel vient de réaliser cet exploit. Les raisons de cette réélection.
Pour bien des analystes, la réélection d’Angela Merkel est loin de surprendre. Pour la troisième fois, Angela Merkel a été réélue chancelière le dimanche, avec 42,5% des suffrages. Son plus haut score depuis 1990, sans faire la majorité absolue. Elle aurait ainsi obtenu la majorité absolue au Bundestag (304 sièges sur 606), selon les premières estimations. Le dernier chancelier à avoir obtenu la majorité absolue était Konrad Adenauer en 1957. Une bonne nouvelle pour la chancelière allemande puisqu’elle n’aurait ainsi pas besoin de s’allier à l’opposition sociale-démocrate (SDP).
Si ce n’est en revanche pas le cas, elle devra gouverner avec le SDP de son rival Peer Steinbrück, qui a récolté 26,5% des suffrages. Ses alliés libéraux n’ont en effet recueilli que très peu de voix. Seulement 4,5% des citoyens ont accordé leur vote à la FDP.
« De nombreuses années de succès à venir »
Aussitôt les résultats des législatives publiés, celle que les Allemands appellent affectueusement "Mutti" ("maman"), bien que sans enfant, a adressé ses remerciements aux uns et aux autres qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à ce succès. « Mes chers amis, c'est un excellent résultat, merci. Nous avons montré ce que nous étions capable de faire. L'Allemagne connaîtra encore de nombreuses années de succès », a déclaré la candidate lors d’une brève allocution. « Je promets à mes électeurs que nous assumerons nos responsabilités. J'aimerais ensuite adresser mes remerciements à tous ceux qui à la CDU ont mené campagne. Cela a été une campagne où il a vraiment fallu se battre (...) Je remercie tout particulièrement les très nombreux jeunes qui nous ont apporté tout leur soutien », a ajouté celle qui, dans l’histoire allemande, est la première femme à être élue présidente de la CDU.
1. Une fan d'opéra et de football
Pour séduire les électeurs, Angela Merkel a, durant sa campagne tranquille, n’a pas hésité à se débarrasser de son masque de Dame de fer. De sa "belle enfance" à Hambourg, en Allemagne de l'Est, à son premier mariage avec Ulrich Merkel (qui n'a "malheureusement pas duré"), la politicienne dévoile des pans entiers de sa vie privée, photos de famille à l'appui, sur son site de campagne (en allemand). Elle pose, enfant avec son poupon, plus tard autour d'un feu de camp, à table avec un marin à l'air bonhomme, ou encore le regard perdu au loin, sur une plage de la mer Baltique, apprend-on de francetv.info
Dans de récents entretiens avec la presse allemande, elle raconte son quotidien avec son mari Joachim Sauer, professeur de chimie. Cuisine, matchs de football, week-ends à la campagne… Celle que le magazine américain Forbes, dans son dernier classement, considère la femme la plus puissante du monde, n’est pas une extraterrestre. Elle a les mêmes loisirs que ses concitoyens – excepté peut-être l'opéra, dont elle est passionnée. Et elle n'est pas très à l'aise avec internet, ce "nouveau territoire". Selon d’ailleurs Big Browser, l'expression, employée en juin, lui a d'ailleurs valu la moquerie des internautes.
2. Un capitaine de navire dans la tempête
Mme Merkel est, pour ses concitoyens, le capitaine du navire qu’est l’Allemagne. Qu’il pleuve ou qu’il neige, les Allemands veulent la voir aux commandes de ce navire. Comme en 2008, ce navire a tangué dans la tempête économique qui a secoué l'Europe depuis 2008, mais la capitaine Merkel a tenu le cap, à la grande satisfaction des Allemands qui n’ont pas la mémoire courte.
Aujourd’hui, l’Allemagne d’Angela Merkel est fière d’avoir un taux de chômage historiquement bas : elle compte moins de trois millions de chômeurs en août 2013 (6,8%). Les reproches de l'opposition sur la précarité et les très bas salaires ne l'égratignent même pas. Le pays atteindra très certainement l'équilibre budgétaire en 2014, pour la première fois depuis 1969, alors que la France a renoncé à y croire pour 2017.
3. "Mutti", une mère pour les Allemands
Angela Merkel est sans enfant. Ce qui n’empêche pas ses concitoyens de lui coller l’affectueux surnom de "Mutti" ("maman"). Elle tire sa force, sa popularité d’une vie normale qu’elle mène, en se construisant une image de "mère de la nation", sérieuse, rassurante, terre-à-terre. Selon le politologue Ralf Tils, cité par Le Figaro, la chancelière « apparaît travailleuse, pas vaniteuse, normale. Les gens se disent 'Merkel est comme nous'".
Très patriote, dans la crise européenne, elle a d'abord défendu les intérêts de son pays et l'austérité, au risque de s'isoler en Europe. Et cela a payé. Sa cote de popularité, qui n'est jamais tombée sous les 40% depuis 2008, a atteint 67% en juillet 2013. Les derniers sondages donnent l'Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel largement en tête avant les élections. Elle cumule 39% des intentions de vote, alors que les sociaux-démocrates sont crédités de 23% et leurs alliés écologistes de 11%.
4. Une grande humoriste
Angela Merkel se révèle une grande humoriste, quoique son visage est celui de l'austérité. Angela Merkel est en outre dotée d'un sens comique qu'elle ne maîtrise pas toujours. A chaque apparition, même aux sommets internationaux les plus sérieux, ses grimaces sont surprenantes.
Pas très à l'aise sur un tapis rouge, elle possède une garde-robe colorée mais maladroite. Ce qui lui donne forcément un côté sympathique. Angie porte "des couleurs horribles", juge le créateur Karl Lagerfeld. Et si les photographes de presse se sont habitués à ses tailleurs, ses robes de soirée, en revanche, intriguent. Comme ce profond décolleté, porté à l'opéra d'Oslo en 2008.
Même son collier noir, rouge et or, aux couleurs de l'Allemagne, plaît beaucoup. Repéré pendant le débat qui a opposé Angela Merkel à Peer Steinbrück, dimanche 1er septembre, il a désormais son compte Twitter, très vite suivi par plusieurs milliers d'abonnés. "Je m'ennuie", écrit-il pendant le débat, jugé soporifique. Depuis, chaque jour, le bijou fait preuve d'un sens de l'humour égal à celui de sa propriétaire.
Le triomphe de la force discrète
Dans tous les cas, les observateurs avisés estiment que la réélection de la chef du gouvernement Angela Merkel est une preuve de la stabilité politique de ce pays. Comme qui dirait qu’on ne change pas l’équipe qui gagne. L'Allemagne d’Angela Merkel vient de prouver qu’elle reste un bastion de la stabilité au milieu d'un continent qui vacille au gré des tempêtes économiques et politiques.
Se faire élire trois fois de suite : 2005, 2009 et 2013, il faut être une femme comme « Angie » Merkel. C’est le summum du pouvoir du Premier ministre allemand. On peut parler du "merkelisme", un style de force politique, où la force tranquille sait se faire discrète. Angela Merkel est en train de marquer son ère d’un sceau particulier. Trois fois de suite chancelière d’Allemagne, c’est l’"ère Merkel".
Qui a ses particularités qui font école. Au cours de cette ère, Angela Merkel a su jouer avec brio des rôles. Dans la crise de l'euro, elle a bien joué son rôle en sachant tenir les cordons de la bourse à la grande satisfaction de ses compatriotes. Les Allemands aiment aussi sa manière d’exercer le pouvoir en en faisant une affaire banale.
Voilà, c’est parti pour quatre nouvelles années de la plus puissante femme du monde aux commandes d’une des grandes nations du monde.
Kléber Kungu
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